Des associations de jeunes à Bamako ont marché, hier jeudi, du monument de l’Indépendance à la colombe de la paix pour condamner les incidents survenus à Gao et exiger une enquête pour situer les responsabilités, pour des besoins de justice.
Foulards noirs au bras, signe de deuil, des dizaines d’associations de jeunes et des ressortissants de la région de Gao ont initié cette marche pacifique pour dénoncer les incidents malheureux qui se sont déroulés dans la ville de Gao ayant occasionné des morts et des blessés. La marche était encadrée par un important dispositif de forces sécurité, malgré que les manifestants n’avaient pas d’autorisation de marcher.
Exigeant que des enquêtes soient ouvertes en vue de situer les responsabilités et de punir les auteurs, les marcheurs estimaient également que cette marche pacifique était une mobilisation en guise de solidarité et de compassion aux nombreuses familles endeuillées par le drame de Gao, le mardi dernier.
« Vive la liberté d’expression », « Vive la liberté de manifester », « Vive la liberté individuelle », « Non à l’injustice », « Je suis Gao », « On ne nous impose pas les autorités intérimaires, trop c’est trop », « Non à la démagogie et au laxisme », « Non à l’impunité », « Jeunesse de Gao, on est ensemble » étaient entre autres, messages portés par les marcheurs pour exprimer leur amertume face à cette situation.
Selon Mamadou KONATE, marcheur, ce qui s’est passé à Gao est déplorable pour le jeu de la démocratie dans notre pays où la liberté d’expression et de manifester est sacrée. À l’instar de tous les marcheurs, il a interpellé les autorités nationales pour que les enquêtes, qui ont été ouvertes, ne subissent pas les mêmes sorts que les précédentes.
Sur l’installation des autorités intérimaires contre laquelle la jeunesse de Gao, M. KONATE a demandé à l’État de laisser la population elle-même, le choix de ses dirigeants locaux. Selon lui, seule la population de Gao est souveraine et a la légitimité de désigner les personnes susceptibles de gérer son terroir.
« Comme des jeunes de Gao, je ne serai pas d’accord que des gens qui ont pris des armes contre nous, reviennent nous gouverner au nom de l’application d’un accord. Je pense que l’État a intérêt à faire attention et de résoudre cette situation le plus rapidement possible avant qu’elle ne donne naissance à d’autres événements plus explosifs », a conseillé M. KONATE.
Pour cet autre manifestant, M. MAIGA, cette marche pacifique est l’expression de la volonté de la solidarité de toute la jeunesse du Mali à l’endroit de celle de Gao. À son avis, cette mobilisation devrait être le devoir de toute la jeunesse du Mali. De Kayes à Kidal, estime-t-il, ce qui se passe à Gao est une affaire tout le monde du fait de son caractère légitime.
« La lutte et le combat que des jeunes mènent, sur place à Gao, sont légitimes et légaux, parce que contribuant à mettre fin à l’injustice et aux surenchères des groupes armés.
Ensemble, nous devons apporter nos soutiens à ces jeunes pour dire non à l’injustice et au forcing », a déclaré M. MAIGA.
Il se dit par ailleurs surpris que l’armée nationale réprime dans le sang une manifestation de protestation contre une mesure. Ce faisant, dit-il, elle a dépassé les limites du tolérable.
Au monument de la Colombe de la Paix, le point de chute de la marche, le porte-parole des marcheurs a fait la lecture de la déclaration, dont nous nous sommes procuré une copie.
Affirmant leur solidarité à l’endroit de la jeunesse de Gao, les marcheurs invitent les pouvoirs publics de notre pays à respecter l’esprit démocratique chèrement acquis, dont l’un des principes est la garantie, conformément à la Constitution malienne du 25 février 1992, de la liberté de manifester et de s’exprimer.
Pour que ne reste impuni ce drame, les manifestants demandent aux autorités nationales de prendre leur responsabilité et faire la lumière sur cette situation et de sanctionner tous les responsables qui sont à l’origine des tueries.
Aussi, exhortent-ils, les autorités compétentes à mettre fin au règne de l’impunité et de l’injustice dans le pays avant de réitérer leur soutien aux camarades amis, frères et sœurs de Gao pour ce combat.
En dehors de Bamako, plusieurs sources nous confirment que la même manifestation s’est déroulée à Tombouctou où des jeunes ont marché pour décrier et condamner l’usage de balles réelles contre la population civile. Par ailleurs, à Mopti, c’est un sit-in que les jeunes ont observé.
Par Sikou BAH