L’Algérie partage plus de 6.000 kilomètres de frontières avec le Mali, le Niger, la Mauritanie, la Libye, la Tunisie, le Maroc et le Sahara occidental. Aucun de ces pays n’est stable. Une région asymétrique traversée de tensions extrêmes. Violences ethniques, terrorisme transnational et banditisme vampirisent des sociétés civiles gélatineuses en empêchant la construction d’États forts, viables. Des États paralysés, pour l’un, par son aventure expansionniste et son implication planétaire dans le trafic de drogue, pour l’autre, quasi balayé qui peine à se relever et dont le territoire est devenu un aimant pour les groupes terroristes qui commencent à faire mouvement à partir de l’Irak et de la Syrie, pour le troisième par des guerres tribales et des rivalités meurtrières entre chefs de guerre ; ajoutez à cela, leurs frontières poreuses qui sont traversées, avec une facilité déconcertante et avec armes et bagages, par tout ce que la planète a produit comme violence. De fait, l’Algérie est entourée par une ceinture de feu. Il suffit de suivre les mouvements des forces combinées de sécurité et de l’ANP pour deviner cette tension permanente sur nos frontières, qu’exercent sans relâche les forces de la destruction. Au moins, deux pays sur les 7 qui sont adossés à notre territoire comptent le plus fort nombre de terroristes de la région ayant rejoint la Syrie et l’Irak pour intégrer DAESH. Au début de cette année, l’Algérie a été intriguée par un afflux inhabituel de Marocains vers la Libye, en transit par l’aéroport d’Alger, et a alerté le Maroc sur ce danger. La situation, bien que maîtrisée chez nous, est préoccupante à nos frontières. En Irak, Fallouja vient d’être reprise à DAESH. Une victoire des forces irakiennes, mais un émiettement des groupes terroristes de DAESH, installés depuis 2014 dans cette ville. Sommes-nous à l’aube d’un sanglant remake afghan ? L’opération Anaconda, menée par les États-Unis en 2002, qui a démantelé les forces talibanes en Afghanistan, et détruit les bases d’El-Qaïda, a donné lieu, on le sait, selon le principe des vases communiquants, à un afflux massif d’«Afghans arabes» qui ont déferlé sur le Sahel, un territoire livré à toute sorte de forces destructives.
L’ANP a l’initiative sur le terrain. On le voit tous les jours. Ses forces ne se contentent pas de réagir après coup, mais contrôlent le terrain et prennent l’initiative en pourchassant ces groupes, en les neutralisant et en portant de sévères coups aux différentes opérations d’incursion terroriste ou d’acheminement d’armes et de drogues. 149 terroristes neutralisés durant le premier semestre 2016, selon le bilan publié par la revue El Djeich dans son numéro du mois de juillet, c’est dire l’efficacité du bouclier militaire en Algérie. Ceci sans compter l’arrestation des éléments de soutien au terrorisme ou les quantités d’ armes saisies. Une pression permanente qui a bouté hors de notre espace, AQMI, contrainte de s’enfoncer dans le Sahel et de faire jonction avec d’autres groupes narcoterroristes, pour contrôler, entre autres, les couloirs de l’émigration et de la drogue, notamment de cocaïne en provenance d’Amérique latine, sur des petits avions qui atterrissent sur des pistes aménagées à la hâte dans un désert qui échappe à tout contrôle, ou de kif traité, acheminé à partir du Rif marocain.
Mohamed Koursi