« Ce sont les conséquences de l’engagement… de la France », dixit Soumeylou Boubèye Maïga
Répondant aux questions de nos confrères de Radio France Internationale à propos des attaques terroristes deux jours après celle de Nice, l’ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères, non moins Coordinateur d’une équipe d’experts pour l’Union africaine, Soumeylou Boubèye Maïga a affirmé que les attaques terroristes dans notre sous-région sont les conséquences de l’engagement des occidentaux, plus particulièrement de la France, dans la lutte contre ce phénomène.
Selon lui, avec l’attaque de Nice, les groupes terroristes cherchent à imposer à la France une confrontation sur son sol. L’expert pense que pour la France, la confrontation ne se passe pas contre des intérêts étatiques ou des intérêts gouvernementaux. Elles se passent essentiellement contre des civils, spécifiquement contre des sites techniquement considérés comme des cibles molles, comme les salles de théâtre ou des espaces publics comme à Nice, là où il y a eu les attentats de la semaine dernière.
L’ancien ministre de la Défense a indiqué que les attaques de Bamako, de Bassam et de Ouagadougou ne sont pas seulement des attaques collatérales, mais aussi des attaques bien structurées, car les groupes cherchent à attaquer les intérêts occidentaux dans les endroits où ils sont vulnérables, en réaction à ce qui les oppose sur d’autres théâtres. « Pour eux, ils sont dans un champ de confrontation global. Le monde entier est leur théâtre. Les attaques de Bamako, de Bassam et de Ouaga sont les conséquences de l’engagement des occidentaux, en particulier de la France », a-t-il soutenu.
Il ajoutera que concernant le groupe Etat islamique, il faut noter qu’ils sont plus de 6 000 combattants maghrébins, libyens et ouest africains. Donc, il faut s’attendre à ce que toute cette pression subie les pousse vers le Sahel et l’Afrique occidentale. « Là, il va y avoir des actions qui seront des attaques collatérales par rapport à ce qui se passe ailleurs. », prévient-il.
Comme mesure préconisée, l’ancien patron des renseignements généraux du Mali a indiqué qu’il avait l’habitude de dire à certains de ses interlocuteurs occidentaux qu’il faut que les communautés musulmanes en Europe soient considérées comme des communautés à part entière.
Il s’agit de reconstruire carrément l’environnement socio-économique, l’environnement politique et la citoyenneté. Soumeylou soutient : « Il faut bien que nous réalisions que là, nous avons un défi qui va nous occuper pendant des décennies. Ce sont des menaces parfaitement nouvelles contre lesquelles, il n’y a pas de solutions toutes faites. »
A propos de l’attaque de Nice, il conclut que ce qui s’est passé là-bas peut contribuer à radicaliser les relations entre les communautés en France dans le sens où ils (les terroristes) s’attaquent à des cibles civiles. Cela accroit les tensions entre les communautés.
Harber MAIGA