Voici une affaire qui nous instruit de toujours vérifier les informations provenant des nouvelles technologies de l’information et de la communication et aussi d’éviter d’acheter des téléphones cellulaires déjà utilisés.
Conçu pour nous faciliter la vie, l’Internet ne cesse de causer ruine et désolation, surtout chez ceux qui se fient entièrement à cet outil.
La stratégie des cybercriminels
Un vendredi, une commerçante de Bamako reçoit un coup de fil. L’homme à l’autre bout du fil lui dit vouloir acheter 1 000 cartons de savon. Ce qui fait 2 500 000 F. Pour mieux amadouer la dame en vue du coup qu’il lui réserve, l’escroc va insister longuement pour qu’elle lui accorde une réduction de 50 F par carton. Ce que la dame n’a pas accepté. Il raccroche en promettant de rappeler plus tard. Ce qu’il fait le samedi matin. Il demande à la commerçante de lui indiquer le nom de sa banque, car il voudrait régler le paiement par virement bancaire. Se disant à Ouéléssébougou, il cite une banque qui coïncide avec l’une des banques de la victime. En plus des cartons de savon, il passe une commande de plusieurs caisses de boissons non alcoolisées. La note finale se chiffre à 4 500 000 F. Il prend le numéro de compte de la dame pour procéder au virement des fonds. Et c’est seulement après avoir reçu la confirmation du versement que la commerçante doit livrer les marchandises.
Malheureusement, la force des criminels réside en grande partie dans le fait qu’ils commencent leur réflexion là où s’arrête le système de sécurité des victimes. C’est-à-dire qu’ils montent leurs stratégies en étudiant le système de sécurité mis en place pour en déceler les points faibles. Dans le cas présent, la faiblesse du système se trouve dans le fait que les weekends, les banques ferment pour ne rouvrir que le lundi. Alors, il est impossible de vérifier si un versement à effectivement été fait sur votre compte. Et c’est cette faiblesse du système que les escrocs ont utilisé pour arriver à leur fin.
Le samedi donc, juste avant la fermeture des guichets, les escrocs ont fait un versement de 4 500 F sur le compte de la dame et ont falsifié le reçu en y ajoutant trois zéros (000); ce qui donne 4 500 000 F. C’est ce faux reçu qui est soit faxé soit envoyé par mail à leurs victimes. Ayant donc vu le reçu qu’elle a pris pour un vrai et étant dans l’incapacité d’appeler sa banque pour confirmation à cause de la fermeture du weekend, la commerçante a procédé à la livraison et ce n’est que le lundi qu’elle s’est rendue compte de l’arnaque. 4 500F payés pour 4 500 000 FCFA de marchandises emportées. Une grosse perte qui l’a amenée à contacter la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ) pour lui permettre de retrouver ses arnaqueurs et, avec eux, son argent.
Pourquoi éviter l’achat d’anciens téléphones
A la BIJ, l’Inspecteur divisionnaire Papa Mambi Keïta alias «l’Epervier du Mandé» et ses éléments ont procédé à une réquisition sur le numéro ayant servi à arnaquer la commerçante pour retrouver le téléphone coupable. Ce qui a permis de remonter jusqu’à un certain Drissa Konaté, qui dit être vendeur ambulant. Interrogé, il dit avoir acheté le téléphone aux Halles de Bamako, dans le magasin du sieur Bourama Savadogo. Interpelé, ce dernier reconnait la vente mais affirme l’avoir acheté avec un voyageur qui se disait dans le besoin d’argent. Ce qui implique qu’il ne saurait ni le reconnaitre ni le retrouver.
Quant à la victime, elle dit ne connaitre que ses deux jeunes gens comme étant les auteurs du préjudice qu’elle a subi et exige d’eux son remboursement intégral. Sont-ils les vrais auteurs ou d’innocentes victimes eux aussi ? Rien n’est moins sûr. Les preuves matérielles les accablent et à défaut de nouveaux éléments d’enquête plaidant en leur faveur, ils risquent gros dans cette affaire, si tant est qu’ils soient innocents. Actuellement aux arrêts, ils attendent de répondre de cet acte devant la justice. Ce qui a amené l’Epervier du Mandé à donner les conseils suivants: «Je demande à tout le monde d’éviter d’acheter des téléphones déjà utilisés par d’autres. Car c’est celui qui détient l’appareil au moment de l’enquête qui doit répondre des actes commis. Pour un innocent, il lui serait très difficile de se disculper. Et c’est plus grave quand le téléphone a servi dans un acte terroriste.»
Abdoulaye KONATE