Alors que les indicateurs économiques sont loin d’être au rouge, le gouvernement malien décide de brader les bâtiments publics qui se trouvent au centre- ville de Bamako, la capitale malienne. Vingt-sept sont concernés par cette mesure inique de vente par le ministère en charge des Domaines de l’Etat. Et pour la modique somme de 23,8 milliards de F CFA. Quel gâchis ! Quand on sait que la grande majorité des services publics sont en location.
Si la vente des immeubles publics du centre- ville refait surface aujourd’hui, cela n’est guère surprenant pour les observateurs avertis de la scène politique malienne. Ils comprendront vite que le président IBK continue le processus inachevé de vente initié par l’ancien président Alpha Oumar Konaré. Les deux hommes, le premier à l’époque tout puissant Premier ministre ne reculant devant rien et le second, président de la République, avaient, dans le cadre de leur politique de privatisation tous azimuts des biens de l’Etat malien, mis en vente tous les immeubles et villas du peuple malien se trouvant au centre ville.
Certes, ils n’ont parvenus par la ruse à vendre certains dont l’immeuble de la Librairie populaire du Mali (LPM), les salles de cinéma de l’OCINAM (Babemba, Rex, Soudan Ciné, Rio, Luxe, ABC). Mais grâce à la volonté affichée de la classe politique de l’époque et de certaines organisations de la société civile, l’opération de liquidation du fruit du labeur du peuple malien a été stoppée. Ici, c’est le lieu de rendre hommage au président du parti PUDP, feu Mamadou Maribatrou Diaby dont le rôle a été déterminant dans l’abandon du projet cynique de vente des bâtiments publics par le gouvernement dirigé dans les années 1994 par IBK. Il ne cessait de mettre en garde les acquéreurs et le régime Konaré chaque fois qu’il avait l’occasion de s’exprimer sur les antennes des radios et dans la presse.
On avance l’argument que la vente des bâtiments va participer au décongestionnement du centre- ville et que 86% du montant issu de la transaction servira à construire une autre cité administrative sur la rive droite du fleuve Niger. Cet argument ne résiste pas à l’analyse. Les spécialistes des villes sont unanimes que le centre-ville de Bamako avec une population de moins de 2 millions d’habitants n’est pas encore saturé comme on prétend le dire pour se débarrasser des immeubles de l’Etat.
Pour cet urbaniste, le centre-ville de la capitale malienne est le lot du désordre et de l’anarchie. Ces deux maux, selon lui, donnent l’impression aux gens que le centre-ville est plein à craquer. Il préconise la libération des voies publiques par les commerçants et la démolition des kiosques installés le long des murs des immeubles qu’on veut vendre à vil prix.
Il est temps que nos dirigeants prennent des initiatives à l’image de leurs homologues de certains pays de la sous-région qui n’ont pas vendu les bâtiments de leur Etat, mais ils ont crée des cités administratives ou une nouvelle capitale pour décongestionner l’ancienne ville. Au lieu de songer à telle politique de modernisation de notre pays, on préfère se cramponner sur Bamako dont toute la réserve foncière est entre les mains des démocrates-prédateurs.
Le dernier mot revient au peuple. Il est temps qu’il dit non à des pratiques humiliantes et déshonorantes, comme cette vente commanditée pour des fins inavouables.
Yoro SOW
Liste des immeubles concernés
· 1. Direction Nationale du Travail et de la Sécurité Sociale (DNETSS ex Caisse des Retraites)
· 2. Ex-Direction des Impôts
· 3. Ex-Direction du Génie rural
· 4. Direction Nationale de la Géologie et des Mines
· 5. Centre National de la Production Artisanale
· 6. DNGR/DNP et Direction de la Production de la Nature
· 7. Institut de la Statistique
· 8. Division du cadastre et de la propriété foncière
· 9. Grande Chancellerie du Mali
· 10. Ex-taxes indirectes des Impôts
· 11. Direction Régionale des Douanes District et Koulikoro et Direction Douanes
· 12. Logement N°1
· 13. Logement N°2
· 14. Ministère de la Santé (Direction des affaires sociales)
· 15. Ex-Centre de Formation des Magistrats
· 16. Ex-Maison des Avocats
· 17. Centre médico-scolaire
· 18. Ministère du Développement social
· 19. Recettes générales du District
· 20. Ex-direction Nationale des Industries
· 21. Logement N°256
· 22. Jardin d’enfants «les Oisillons»
· 23. Conseil supérieur de la Communication
· 24. Ex-comité d’Appui aux réformes institutionnelles (Mission d’Appui aux réformes politiques)
· 25. Association des Historiens Africains du Mali
· 26. Agence pour l’aménagement et la Gestion des zones industrielles
· 27. Direction régionale de commerce et de la Concurrence
Source : journal La Sentinelle