Les deux événements ont été quelque peu anticipés: Il s’agit du retrait de 7 hélicos néerlandais et du déploiement de nouveaux contingents sénégalais, ivoiriens et camerounais respectivement prévus à la fin de l’année en cours et au 24 juillet prochain. Ce ne sont pas les indices troublants qui manquent aux deux opérations.
Officiellement, c’est pour des raisons de maintenance des machines au regard des conditions climatiques très éprouvantes des régions du Nord du Mali que les Pays-Bas ont décidé de retirer tous les 7 hélicos de combat dont 3 «Chinook» et 4 «Apache».
Il s’agit indubitablement d’un coup dur pour la mission onusienne au Mali confrontée à un problème de logistique et surtout d’appareil de ce type. Basés à Gao, ces hélicos ont participé à plusieurs missions.
Signalons qu’au mois de mars 2015, un des «Apaches» en question s’est écrasé à proximité de Gao plus précisément à Barji Hondo et les deux hommes d’équipages ont été tués. Le communiqué des forces néerlandaises de la Minusma, a évoqué une «panne technique». Pour sa part, le gouvernement Malien a déploré «la mort des deux soldats qui ont donné leur vie pour le retour de la paix au Mali et présenté ses condoléances aux familles des disparus et au peuple et gouvernement néerlandais».
Et pourtant, selon des sources généralement bien informées, l’appareil ne s’est pas écrasé et se serait plutôt posé. Aussi, les habitants du village de Barji Hondo à proximité ont dit avoir entendu trois coups de feu provenant de l’endroit. Aussi, le lieu du drame a été par la suite jalousement gardé par les soldats norvégiens jusqu’à l’évacuation complète des deux victimes qui, selon les mêmes sources, ne portaient pas de traces de choc brutal provoqué par une explosion ou fracas. Même les éléments des FAMAS n’ont pas été autorisés à s’approcher. Le mystère est resté total.
Le retrait aujourd’hui à l’ordre du jour coïncide ne convainc évidemment personne. C’est, dit-on dans le milieu diplomatique, le prélude à un retrait pur et simple de tout le contingent ayant en outre perdu deux soldats au mois de juillet dernier suite à l’explosion accidentelle d’un obus de mortier. Ce qui porte à 4 le nombre de victimes néerlandais.
Signalons que le départ effectif de tout le contingent fort de 450 soldats est initialement prévu pour décembre 2016 d’où l’anticipation. Son déploiement est intervenu en 2014.
Ce retrait intervient presqu’au même moment avec le déploiement des contingents Sénégalais, Ivoiriens et Camerounais respectivement à Gao, Tombouctou et Kidal. Ce, conformément à la résolution onusienne relative au renforcement de la MINUSMA.
Ce sont 175 officiers et sous-officiers sénégalais qui sont déjà arrivés à Bamako avant de rejoindre Gao en milieu de semaine dernière. Il s’agit du 4ème contingent d’unités de la police et de la gendarmerie mobile du Sénégal. Son déploiement était initialement prévu pour le 24 juillet prochain. Les récents événements survenus à Gao expliqueraient cette anticipation sur le calendrier.
C’est une compagnie de protection composée de 150 hommes des FRCI (Forces républicaines de Côte d'ivoire) qui se rend à Tombouctou. Le contingent comprend une section de commandement, trois sections d’infanterie et un peloton blindé.
Les Camerounais eux, sont à Kidal fief des séparatistes où existe un véritable risque d’affrontement entre groupes armés (Plateforme et CMA) et où la MINUSMA est régulièrement prise pour cible par les groupes terroristes.
Ajoutons que 140 soldats burkinabés ont d’ores et déjà été déployés à Gao au mois de juin dernier.
Ce ballet incessant de militaire étrangers intervient alors que le Mali est sous embargo total sur les armes. Depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012 en effet, l’Union Européenne, sur instigation de la France a imposé cet embargo au Mali. Et aujourd’hui, elle a fait voter et adopter une résolution par le conseil de sécurité des Nations-Unies relative au renforcement du mandat de la MINUSMA pendant que le pays est interdit d’achat d’armes.
B.S. Diarra