La situation dans laquelle se trouve le Mali est extrêmement critique. Et le pays est à deux doigts de sombrer dans le chaos. La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, signé en pompe à Bamako sous l’œil de la communauté internationale mais rejeté par plusieurs couches de la société malienne n’enregistre pas de grandes avancées. Le député du RPM, parti au pouvoir, l’honorable Kalilou Ouattara, ne disait-il pas que cet Accord porte les germes de la balkanisation du pays ? Impossible dialogue au sein de la classe politique. Les peuhls prennent les armes pour se défendre. Les jeunes de Gao sont massacrés par les forces de l’ordre maliennes pour leur refus d’avaler les couleuvres. La tension est montée à Kidal. Se sentant victime d’une injustice au sommet de l’Etat, le Général El Hadji Gamou, vrai patron du Gatia, refuse de rentrer dans les rangs et menace d’en découdre avec les Ifoghas du HCUA.
Les décisions de justice, négociées au portefeuille des justiciables, sont devenues des sources de conflits meurtriers. A Ténenkou, Djenné, Kita, les communautés ne cessent de s’entre-tuer pour des terres de culture. L’élite dirigeante est plus encline à s’enrichir sur le dos du contribuable à travers une course effrénée pour obtenir des strapontins au sein des services publics. De toutes ces dérives, la complicité du peuple qui semble cautionner, voire encourager l’élite dirigeante, est la plus inquiétante.
L’ignorance des populations est exploitée à souhait par des individus sans scrupule et sans vergogne qui s’abritent sous le parapluie de la religion. Cette racaille, qui a noyé ses fantasmes dans l’instrumentalisation à outrance de l’islam devenu par la force des choses son gagne-pain, est en passe de réduire le peuple à une sorte de fatalisme. Aucun pays ne peut se construire avec des discours démagogiques et hypocrites, comme on le voit sous nos cieux. Aucune paix durable ne peut se construire dans l’injustice et l’impunité. Arrêtons donc cette lâcheté collective qui hypothèque l’avenir de la République et de la nation. Ressaisissons-nous donc !
Le pire est à craindre. Les propos très alarmants de la deuxième lettre ouverte adressée au Président de la République du Mali et au Secrétaire Général de l’Organisation des Nations-Unies par la Coordination des mouvements de résistance de la société civile des régions du nord et le Collectif international de la diaspora des régions nord du Mali, interpellent la conscience de la communauté internationale.
La solution ou les solutions aux problèmes du Mali se trouvent entre les mains du peuple malien. Ce n’est ni un mandat robuste de la Minusma, ni la France qui résoudront nos problèmes. Paris et New York ne peuvent rien contre la volonté du peuple. Et le peuple malien doit se réveiller et se saisir de son destin. Dieu n’aide pas les peuples qui dorment, croisent les bras ou se complaisent éternellement dans le fatalisme. Aide-toi, le ciel t’aidera, dit-on. Cette jeunesse de Gao qui a bravé les balles des assassins du peuple et celles de Tombouctou et Bamako qui ont marché, le 14 juillet dernier, donnent de l’espoir à plus d’un.
Chaka Doumbia