Pour enrayer la détérioration de la situation sécuritaire dans les régions du centre et permettre aux autorités publiques de rétablir une présence et une légitimité sur ces territoires, l’International Crisis Group invite l’Etat malien à développer urgemment une stratégie visant à assurer le retour effectif de l’Etat et à restaurer sa légitimité auprès de l’ensemble des populations.
Dans un rapport, l’International Crisis Groupe recommande à l’Etat, entre autres, de procéder à une réforme effective de la police territoriale qui pourrait s’inspirer de projets récents menés au Niger; d’élaborer un plan spécial pour coordonner les efforts de l’Etat dans la région du centre et identifier les actions prioritaires à mener, notamment dans les domaines de la justice, de l’éducation et de la gestion des ressources naturelles.
Dans ce dernier domaine, il lui est recommandé de prévoir des mécanismes pour renforcer la cohabitation pacifique entre éleveurs et agriculteurs ; de nommer un haut représentant pour les régions du centre pour incarner l’engagement de l’Etat, travailler en consultation avec les populations et les associations, et assurer la coordination avec les bailleurs qui se mobiliseront…
Il faut surtout éviter le recours aux groupes d’autodéfense à base communautaire et renforcer les moyens donnés aux Forces de sécurité (FDS) tout en punissant sévèrement et publiquement leurs brutalités à l’égard des civils.
Aux élites locales représentants les différentes populations du centre, l’International Crisis Groupe demande de jouer le rôle essentiel de relais entre les populations et l’Etat. Et pour cela, ils doivent dépasser les clivages communautaires et les querelles de personnes et accepter de coopérer avec de nouveaux représentants des populations, notamment les chefs nomades et les responsables religieux, y compris ceux qui ont sympathisé avec les groupes armés depuis 2012.
Ils doivent se garder de soutenir les mouvements armés ou les groupes d’autodéfense qui ne peuvent constituer qu’une réponse de court terme à l’insécurité et qui, à plus longue échéance, pourraient aggraver durablement les violences intercommunautaires au centre du pays…
Cette organisation milite aussi pour que soient encouragées les initiatives locales de résolution des conflits, tout particulièrement celles portées par des associations suffisamment représentatives des populations du centre du Mali en termes d’âge, d’appartenance ethnique, d’activités socioprofessionnelles et de genre.
Aux principaux partenaires du Mali, tout particulièrement l’Union européenne, l’International Crisis Groupe recommande d’accompagner l’Etat dans son redéploiement concret au niveau local en mettant en place des programmes de soutien au développement des services publics dans la région du centre ; de faire de Mopti une région pilote pour les politiques de coopération en matière de sécurité locale et plus particulièrement de police territoriale, dont les enseignements pourraient servir demain pour d’autres régions sahéliennes et notamment pour le Nord du Mali.
A la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), il recommande d’étendre le bénéfice du programme de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) aux régions du centre sans déroger aux dispositions de l’accord de paix.
Cela en veillant à relier le DDR aux efforts de réforme de la police territoriale et en évitant de nourrir la constitution de groupes d’autodéfense échappant à une stricte régulation par les autorités publiques et enfin de soutenir la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire malien, conformément au mandat de la Minusma.
Et, pour cela, elle doit adopter une approche fondée sur la restauration des services publics, y compris policiers, autant que sur le renforcement d’un dispositif militaire international.
Aliou Touré