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L’Indépendant N° 3195 du 6/2/2013

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IBK à propos de la crise sécuritaire au Nord du Mali : « L’armée doit être le bras de l’Etat, jamais sa tête » – « Il faut organiser des assises nationales du Nord, dès que l’autorité de l’Etat sera effective »
Publié le mercredi 6 fevrier 2013  |  L’Indépendant


© aBamako.com par as
Regroupement "IBK 2012"
Samedi 23 juin 2012. Bamako. Atelier d`échanges et de reflexion sur les propositions de sortie de crise organise au CICB par le regroupement IBK 2012. Photo : Ibrahim Boubacar Keita (IBK), président du Rassemblement pour le Mali (RPM)


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Lors du Conseil de l’internationale socialiste tenu le lundi 4 févier 2013 à Cascais au Portugal, le président du Rassemblement pour le Mali (RPM), l’honorable Ibrahim Boubacar Kéita alias IBK, a fait une analyse rétrospective de la crise que traverse le Mali depuis janvier 2012. Il propose l’adoption d’une loi de programmation et d’orientation militaire et affirme que l’armée doit être le bras de l’Etat et non sa tête. Le leader du parti du tisserand invite les autorités à organiser des assises nationales sur le Nord dès que le pays sera stabilisé.

Honorable IBK au Conseil de l’Internationale Socialiste (photo RPM)

Après avoir fait un rappel des faits saillants ayant conduit à la crise qui secoue le Mali depuis le début de l’année 2012, le leader du parti du tisserand dira que, dès le lendemain du coup d’Etat du 22 mars 2012, son parti a été, à travers sa personne, le premier à condamner cette rupture de l’ordre constitutionnel. « En conformité avec nos valeurs et nos principes, sur lesquels je ne transigerai jamais « , a-t-il martelé. Pour IBK, «l’armée doit être le bras de l’Etat, jamais sa tête».

A travers sa participation au gouvernement d’union nationale, le RPM apporte, à en croire son président, » son soutien ferme, mais vigilant, aux autorités de transition « , dont les deux missions principales demeurent la reconquête du territoire national et l’organisation d’élections libres et transparentes. Et l’ex-Premier ministre ous Alpha Oumar Konaré d’indiquer que les difficultés politiques à Bamako ont retardé la reconquête du territoire, laissant les compatriotes du Nord abandonnés pendant neuf mois au règne brutal des groupes armés islamistes. Ils ont subi, a-t-il ajouté, des souffrances inimaginables : vols, viols, meurtres, et exactions en tout genre.

Laurent Fabius et IBK lors du Conseil de l’Internationale Socialiste (photo RPM)

A travers eux, c’est la dignité et la liberté du Mali qui ont été bafouées. Aujourd’hui, constate t-il, la donne a changé, la peur a changé de camp. « L’action militaire engagée par la France à compter du 11 janvier 2013, sous l’impulsion du président Hollande, a été décisive. L’opération Serval a été salutaire pour le Mali, dans un moment où c’est l’existence même de notre nation, de notre Etat laïc, qui était menacée. A ce titre, en mon nom, au nom du Rassemblement pour le Mali, et au nom du peuple du Mali épris de liberté, je tiens à remercier la France, du fond du cœur, ainsi que tous les pays amis qui apportent leur soutien à cette opération. Nos amis du Niger, présents à nos côtés dès le début, n’ont jamais varié dans leur juste analyse de notre situation. Tous nos voisins, singulièrement le Sénégal et les autres pays amis, doivent être assurés de notre gratitude infinie « .

Préparer l’avenir

Il a ajouté que : « Depuis quelques semaines, l’espoir est donc revenu au Mali, et nous pouvons désormais regarder en avant. Beaucoup reste encore à faire pour éliminer les groupes terroristes et sécuriser notre territoire. Toutefois, nous devons déjà préparer l’avenir« .

Avant d’expliquer que le Mali est confronté à de multiples défis, qui se résument en cinq points majeurs : la nécessaire réconciliation entre toutes les communautés du Mali et le renforcement de la cohésion nationale ; l’organisation d’élections transparentes et crédibles pour doter le Mali d’institutions légitimes ; la reconstruction d’un Etat malien capable d’assumer ses fonctions principales ; la refondation d’une nouvelle armée nationale à hauteur de mission ; la mise sur pied d’une nouvelle coopération transrégionale pour enrayer l’insécurité au Sahel.

Concernant la réconciliation et le dialogue national, le député élu en commune IV du district de Bamako a souligné que le Mali est un vieux pays. Une vieille nation, née de brassages et de mélanges. L’écrasante majorité de notre peuple, soulignera-t-il, est désireuse de vivre ensemble dans un Mali en paix. A propos des événements intervenus dans le septentrion, IBK a déclaré qu’il faut un forum inclusif.

Réconcilier les Maliens

» Je le proposais déjà en 2011, il nous faut organiser les assises nationales du Nord, dès que l’autorité de l’Etat sera effective sur tout le territoire. Ces rencontres devront impliquer toutes les communautés nationales, sans exclusive aucune. Nous pourrons ainsi évaluer les différents accords et plans de développement du Nord qui ont été élaborés par le passé, et définir ensemble les modalités d’un nouveau Pacte National durable, qui renforcerait la cohésion nationale. J’entrevois déjà quelques pistes pour répondre à certaines attentes légitimes. Il s’agit notamment d’une application plus poussée des lois de décentralisation dont le Mali est doté depuis déjà de nombreuses années, mais qui n’ont jamais été vraiment appliquées. Nous pourrons ainsi rapprocher l’Etat de chaque citoyen, partout sur le territoire, et ainsi permettre aux particularismes régionaux de mieux s’exprimer« .

Election libre et transparente

Il a alors précisé que ce dialogue ne doit pas s’engager avec des groupes qui détiennent des armes. Ce dialogue inclusif doit se faire avec des interlocuteurs représentatifs de chaque communauté : arabes, touaregs, peuls ou songhaï, parmi les notables, les chefs traditionnels et les élus locaux.

A propos des élections présidentielle et législatives, le candidat naturel du RPM dira que l’intervention militaire en cours au Mali n’aura de sens que si elle s’accompagne d’un processus électoral irréprochable, qui vienne sanctionner la fin de la transition. « Les problèmes structurels et profonds qui nous ont conduits à la crise actuelle ne peuvent évidemment pas se résoudre dans le cadre d’une transition, car seul un pouvoir élu sera pleinement légitime pour engager la nation dans les choix déterminants pour son avenir. Mais pour garantir la légitimité absolue de ce pouvoir, il est indispensable que l’élection soit totalement libre et transparente, contrairement aux précédentes de 2002 et 2007 « a-t-il déclaré.

Pour IBK, le Mali a besoin de ces élections pour se remettre sur la voie du développement. Car un demi-siècle après l’indépendance, l’heure est venue d’assurer enfin le décollage économique et social du pays. La feuille de route proposée par le gouvernement et votée à l’unanimité par les députés va dans ce sens. Elle fixe les échéances électorales au plus tard au 31 Juillet 2013, soit dans moins de six mois. Il a alors plaidé pour un accompagnement de la communauté internationale, pour que des élections crédibles soient organisées sous son égide. L’Internationale socialiste, dont beaucoup de membres sont au pouvoir dans leur pays, peut jouer un rôle décisif afin que le Mali reçoive un appui financier et logistique, à travers une supervision des scrutins par une institution impartiale.

Reconstruire un Etat fort et efficace

Parlant de la reconstruction d’un Etat malien légitime qui soit en mesure d’assumer ses missions fondamentales, le leader du RPM dira que « l’une des premières tâches auxquelles devra se consacrer le prochain pouvoir issu des urnes, sera de reconstruire un Etat digne de ce nom. Un Etat fort au service de l’efficacité, et dont l’un des socles devra être la justice et la bonne gouvernance… Il nous faut un Etat fort, qui fasse respecter la loi. Il nous faut un Etat responsable et protecteur, qui garantisse à chaque citoyen un égal accès aux soins, à l’éducation, et à l’ensemble des services publics, sur tout le territoire. Il nous faut un Etat stratège, qui mette en place les conditions du décollage économique du Mali à travers l’émergence d’un secteur privé solide et responsable« .

Pour rebâtir une nouvelle armée nationale qui soit en mesure de faire face aux menaces contre la sécurité externe du pays, l’ancien Premier ministre souligne que l’autre socle d’un Etat digne de ce nom, c’est une armée républicaine, capable d’assurer sa mission régalienne sur l’ensemble du territoire. Grâce à l’appui des partenaires étrangers, et notamment de l’Union européenne, notre pays va commencer l’indispensable refondation de son outil de défense nationale.

Il est nécessaire, précise l’ex-président de l’Assemblée nationale sous ATT, que les Maliens mettent en œuvre une loi de programmation et d’orientation militaire permettant à nos forces de sécurité de s’équiper en moyens d’intervention, de mieux former nos soldats et de leur inculquer les valeurs d’une armée véritablement républicaine ; d’unifier la chaine de commandement ; de former des unités d’élite ; et de renforcer les capacités pour une meilleure qualité du renseignement. « Notre armée doit s’adapter, c’est une question de survie nationale. C’est un travail de longue haleine, mais nous devons impérativement la mettre en capacité d’intervention et de protection face aux nouvelles menaces auxquelles le Sahel est confronté, notamment le terrorisme « .

A propos de la fondation d’une nouvelle coopération transrégionale pour enrayer l’insécurité dans le sahel, il dira que la lutte contre le terrorisme est une lutte globale, une lutte mondiale. La sécurité du Mali est indissociable de la sécurité des pays du champ que sont l’Algérie et la Mauritanie, et de celle des 15 pays de la CEDEAO. Il nous faut donc fonder une nouvelle coopération transrégionale. Cette nouvelle coopération inclura l’ensemble du Maghreb et le Tchad, pays dont il faut saluer l’engagement actuel au Mali, et le sens élevé de la solidarité.

Il concluera en disant que la paix et la sécurité au Sahel ne sont plus un enjeu purement malien. Ce n’est pas non plus un enjeu uniquement régional. C’est devenu aujourd’hui un enjeu mondial, qui demande l’assistance et l’accompagnement de toutes les démocraties du monde.

Bruno Djito SEGBEDJI

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