A Kidal, la tension est à nouveau palpable. Un quiproquo entre le Gatia et le HCUA, dans l’après midi du lundi 19 juillet, a fait deux morts, malgré la signature d’un accord de non agression entre la Plateforme et la CMA à Niamey le 17 juillet passé. Tôt dans la matinée du même lundi, à Nampala, près de la frontière mauritanienne, le camp des forces armées maliennes a fait l’objet d’une attaque terroriste revendiquée, à la fois, par plusieurs groupes terroristes. Le bilan très lourd fait état au moins de 17 morts. L’annonce de la mise en place des autorités intérimaires, une mesure prévue par l’accord de paix, a soulevé une vague de protestations, dans tout le pays. A Gao, la protestation a été réprimée dans le sang avec la mort de trois jeunes de la cité des Askia.
Cela fait plus d’une année que l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger a été signé. Et l’espoir d’une paix au Mali se rétrécit comme peau de chagrin. Les acquis de l’accord sont minces, voire très minces.
A Kidal, dans l’après midi du lundi 19 juillet 2016, une dispute entre des combattants du Gatia (Plateforme) et du HCUA (CMA), a fait deux morts, malgré l’entente signé entre eux, deux jours avant, à Niamey, la capitale nigérienne. Après l’incident, une vive tension règne à nouveau dans la ville de Kidal.
Des heures plus tôt, à Nampala, le camp militaire des forces armées maliennes a été attaqué par des «terroristes». Le bilan de l’attaque revendiquée par plusieurs groupes terroristes (Aqmi, Ansardine) est très lourd : 17 soldats maliens morts et plus de 30 blessés, selon le gouvernement malien. D’autres sources indiquent plus d’une vingtaine de morts. Les attaques terroristes, de la signature de l’accord de paix à aujourd’hui, ont fait au minimum 400 morts dans le pays.
L’installation des autorités intérimaires prévue dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali est confrontée à des protestations dans plusieurs localités du pays. Le mardi 12 juillet, à Gao, une marche pacifique contre l’installation des autorités intérimaires a été réprimée dans le sang par l’armée. Des heurts entre les forces de l’ordre et les manifestants ont fait 3 morts et une quarantaine de blessés. Pour soutenir les contestataires de Gao dans leur lutte, des manifestations ont eu lieu, le jeudi 14 juillet, dans les villes de Bamako et de Tombouctou.
L’opposition malienne appelle à des concertations nationales
Au lendemain de la répression de la manifestation de Gao dans le sang, les responsables des partis politiques de l’opposition malienne, lors d’une conférence de presse le samedi 16 juillet 2016, ont réitéré leur appel à tenir des concertations nationales. L’honorable Soumaïla Cissé, le chef de file de l’opposition et non moins président de l’URD, la deuxième force politique du Mali, a indiqué : « l'opposition estime que notre pays doit à présent entamer une dynamique nouvelle, par un dialogue inter-malien fécond visant à forger un consensus national autour de la restauration de la paix et de la stabilité sur l'ensemble du territoire. Il sera le lieu d'une appropriation nationale, d'une "MALIANISATION" du processus de paix et de réconciliation.
Ce dialogue national inter-malien doit s'étendre à tous les acteurs maliens de l'intérieur et de l'extérieur ». Selon Cissé, la signature de l’accord ne doit nullement occulter la situation sécuritaire inquiétante dans le nord et le centre du pays dont la résolution requiert le nécessaire dialogue entre les différentes composantes de la nation. «L’immense campagne de sensibilisation organisée par le gouvernement autour de l'accord n'a eu aucun effet bénéfique pour le pays. Bien au contraire, on assiste impuissant à une recrudescence de la violence avec son cortège d'attaques meurtrières contre les forces armées du Mali, les forces de la Minusma et les populations civiles au nord et au centre du pays. La situation sécuritaire est hélas de plus en plus préoccupante », précise le chef de file de l’opposition.
Madiassa Kaba Diakité