Après les affrontements entre les éléments du Groupe d’autodéfense touareg, imghad et alliés et ceux de la CMA, mardi dernier, l’on est en droit de se demander que vaut encore la déclaration de Niamey, signée par la Plateforme et la CMA, sous l’égide des autorités nigériennes.
Des informations distillées sur les antennes de RFI ont fait état d’échanges de coup feu à Kidal, ce mardi 19 juillet 2016, entre les combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et ceux du Gatia. Les mêmes sources dressent un bilan d’au moins deux morts dans les heurts entre ces deux mouvements qui se disputent la gestion de la ville de Kidal. Si l’on croit nos confrères de RFI, ce regain de tension entre ces deux camps rivaux est né d’une dispute relative à la sécurisation d’un check-point tenu par la CMA.
Le hic, c’est que ces affrontements interviennent seulement deux jours après que la Plateforme, à laquelle appartient le Gatia, et la CMA aient signé une déclaration à Niamey, sous l’égide du Premier ministre nigérien, Brigi Rafini, et en l’absence des autorités maliennes. Dès lors, plus d’un observateur de la crise malienne s’interroge désormais sur le sort de ladite déclaration, dans laquelle les signataires conviennent d’un certain nombre de mesures de gestion locale.
Ainsi, sur le plan sécuritaire, la Plateforme et la CMA s’accordent sur la prise de dispositions immédiates pour faire baisser la tension à Kidal, et la gestion collégiale de la sécurité à Kidal, y compris les check-points. Elles ont par ailleurs recommandé de mettre en route, sur Kidal, une mission de haut niveau CMA/Plateforme pour la mise en œuvre des arrangements contenus dans ladite déclaration. Mais surtout d’accélérer le processus de mise en place des autorités intérimaires et l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) et des patrouilles mixtes. Il convient de rappeler que la rencontre de Niamey était consécutive à un vœu que la CMA, par la voix de Bilal Ag Achérif, a récemment formulé auprès des autorités maliennes de voir le Général El Hadj Gamou et son Gatia partir de Kidal.
Toutefois chose que ce dernier, devenu gênant aux yeux des mouvements de la Coordination, avait catégoriquement rejetée. Alors que l’on croyait que la déclaration de Niamey allait contribuer à baisser la tension entre les deux camps qui se regardaient en chiens en faïence, voilà que la confusion reste bien présente autour de la gestion de la ville de Kidal. Mais, la versatilité de certains mouvements armés, notamment ceux de la CMA, ne surprend guère. Ceux-ci ayant habitué les Maliens à prendre des engagements aujourd’hui et poser les actes contraires le lendemain. Il reste cependant que s’il n’y pas un consensus autour de la gestion de Kidal, la mise en place des autorités intérimaires, à laquelle la rencontre de Niamey visait à baliser le terrain, y sera difficile.
Bakary SOGODOGO