Le constat est amer aujourd’hui au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Et pour cause. La nouvelle patronne du département s’est lancée dans des règlements de comptes personnels. Du coup, ce sont des agents très compétents qui sont envoyés «au garage» car, ils font de l’ombre à d’autres camarades ou que Mme le ministre n’aime pas leurs têtes.
Nous avons voulu savoir ce qu’est devenu le Dr Abdoulaye Nènè Coulibaly, ancien DG du CHU Gabriel Touré et du Cniecs. Après information, il se trouve à la Direction nationale de la Santé.
Après un bref passage au Cnam, où il a été très apprécié par l’ensemble du personnel et les malades pour la gestion de la maladie à virus Ebola, le Dr Coulibaly a été remercié sans autre forme de procès. Ni l’intéressé ni aucun autre agent n’a compris ce débarquement inattendu malgré les excellents résultats obtenus au cours de cette lutte.
Jugez en vous-mêmes, les autorités sanitaires de l’époque croyaient dur comme fer que le virus n’allait pas pénétrer dans notre pays à cause de la forte chaleur qui prévaut au Mali. Un plan de contingence avait été élaboré à cet effet avec 2 scenarios :
1 Le pays sans un seul cas, mais toujours menacé ;
2 Le Mali connait des cas d’Ebola ;
Chaque scénario a fait l’objet d’une budgétisation et des formations engagées çà et là. Les conflits d’intérêts et la bataille de leaders dont les Maliens sont champions, toutes catégories, ne faisaient que compliquer l’éventualité d’un succès en cas d’épidémie.
C’est ainsi qu’on fera appel au Dr Abdoulaye Nènè Coulibaly, Médecin d’urgence et de catastrophe, pour être un trait d’union entre différentes structures du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique en août 2014. Très rapidement, l’Usaid, sentant l’imminence du danger, organisera avec l’armée américaine un atelier à Abidjan pour échanger avec les pays à très haut risque pour faire face à Ebola.
Le choix du Dr Coulibaly s’est révélé très pertinent. Car le meilleur dispositif organisationnel pour faire face à Ebola se trouvait être un Centre des opérations d’urgences (COU). Ce dispositif avait fait ses preuves au Nigeria, réputé pays de désordres qui, en un temps record, a pu circonscrire les cas importés.
II fallait mettre le même dispositif au Mali pour gérer une telle catastrophe. C’est ainsi que la sempiternelle bataille de leadership redémarra. C’était entre le Cnam du Dr Samba Sow, la DNS du Dr Binta Keita, de l’Inrsp du Pr Mamadou S Traoré.
Comme une formule magique, le Dr Coulibaly, au lieu d’être point focal du COU, se retrouva adjoint de Samba Sow, et Sow comme Coordinateur du COU, cumulativement avec son poste du DG du Cnam, Chef du projet CVD au Cnam. Car le Dr Coulibaly, réputé proche de l’ancien couple présidentiel, ne devrait pas occuper un poste en vue. Mais que dire du Pr Samba Sow qui, un temps, était considéré comme le premier fils de ATT, et à ce titre, il a été nommé DG du Cnam sans être fonctionnaire titulaire par le ministre Oumar Ibrahima Touré, alors ministre de la Santé, au grand dam de ses conseillers, dont un certain Ousmane Koné.
Mieux, après le coup d’Etat, il a fallu l’intervention du Général Ibrahim Dahirou Dembélé, alors Chef d’état-major général des armées, pour surveiller sa maison à Djicoroni-para, tellement l’homme était proche de ATT ce qui du reste n’est pas un crime. Qui n’a d’ailleurs pas servi ATT ? Mais en fait, les cadres ont servi plutôt le Mali et non pas une personne, fut-elle le Président de la République.
La menace Ebola devenait réelle et le 20 octobre 2014, notre pays découvrait son premier cas importé de la Guinée. La patiente, une fillette, après un prélèvement effectué par trois médecins maliens, sera reconnue positive par l’équipe du Pr Ousmane Koita du laboratoire Serefo de la Faculté de médecine de Bamako. Alors, branle-bas de combat. Une très forte délégation quittera Bamako pour Kayes.
En cours de route, l’équipe apprendra le décès de la fillette. Que faire du corps ? Kayes était en état de choc. Le gouverneur décide la fermeture des classes, certaines familles en quarantaine, ainsi que des agents de l’hôpital de Kayes, a qui il faut rendre un vibrant hommage. Le cas de Kayes a été vite circonscrit dans les règles de l’art. Un centre des opérations d’urgence verra le jour au Cnam et un centre de traitement Ebola fut aussi mis en place. Le Dr Coulibaly interviendra avec l’appui de Médecins sans frontières Espagne pour apporter les corrections.
Mais le Mali n’était pas pour autant au bout de ses peines. Un second foyer apparu à la Polyclinique Pasteur, un marabout infecté en Guinée, sera la cause du décès de 6 autres patients dont un médecin, le Dr Hassana Diomandé. Un centre de formation construit par l’ONG américaine IMC porte le nom du Dr Diomandé, à la demande du Dr Abdoulaye Néné Coulibaly. Prés de 800 agents ont participé à cette lutte. Samba Sow y a pris part certes, quelle a été sa contribution ? Il n’a été présent à aucune réunion de coordination qui se tenait tous les jours avec les différentes commissions sous la présidence du Dr Coulibaly.
Tous les partenaires du Mali y prenaient part. Dr Sow ne venait qu’à la Primature pour les réunions hebdomadaires avec les ministres pour raconter sa version des faits. Au cours d’une de ses réunions, le Dr Sacko Ramata de l’Inrsp lui fera un rappel à l’ordre sec; en lui demandant de faire le bilan de ses actes posés, car il n’a brillé que par ses absences. Qu’il n’avait qu’un seul langage : « j’ai fais, j’ai été appelé par Bill Gates, Obama ou IBK». C’était une façon t’intimider. Cela a pourtant bien marché car, au final, seul Samba a eu le mérite d’avoir «Sauvé le Mali». La machine de l’imposture avait marché à plein régime.
A la fin de l’épidémie au Mali, notre pays a eu l’opportunité de disposer du fonds de la Banque islamique de développement (BID) pour un montant de 2 500 000 dollars, les négociations se déroulèrent en Guinée encore en épidémie. Il fallait trouver un cobaye à envoyer au charbon, le Dr Abdoulaye Nènè Coulibaly était tout indiqué pour participer aux négociations. L’accord obtenu, d’autres acteurs pointèrent le nez. Un projet initié pour trois mois depuis janvier 2015 peine encore à être exécuté.
Il faut signaler que tous ceux qui ont participé à la gestion de l’épidémie Ebola au Mali, à part Samba Sow, personne n’a eu même une simple lettre de félicitations à fortiori une prime de motivation ni indemnité encore moins une promotion. Ils ont tous eu droit à des sanctions. Dr Coulibaly relevé, car proposé avec le Pr Mamadou Sounkalo Traoré à un stage de 4 mois à Atlanta, aux USA, pour faire un vrai Centre des opérations d’urgences (COU) au Mali.
Entre temps, le Dr Togo Madeleine Togo est arrivée au département. La philosophie est de nettoyer tous ceux qui ont eu un poste de responsabilité, ou qui ont plus de 50 ans ou qui ne sont pas ses sujets. Plus question de compétences, c’est la tête du client. Son ennemi juré est le Dr Abdoulye Nènè Coulibaly dont le crime est d’avoir été médecin urgentiste, d’avoir été DG de Gabriel Touré et surtout d’avoir osé procéder à des reformes dont elle n’a pu faire en tant que directrice.
Des ingénieurs sortis de l’ENI étaient aux ordres d’un technicien, la départementalisation des services. Il s’agit du regroupement des services en départements et services pour une meilleure fonctionnalité. Des chefs de services ont été poussés à la révolte pour faire partir le Dr Coulibaly. Ces faits sont confirmés par le Dr Coulibaly qui aurait même saisi à l’époque le ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, par lettre confidentielle. Le même procédé a été utilisé sous la transition, pour créer des agitations syndicales et faire partir le DG, le Dr Coulibaly, car au Mali on peut tuer des soldats, marcher sur le drapeau si on a des appuis, rien ne se passera. Bien au contraire ! Une promotion est au bout.
En plus de la départementalisation qui est une fierté de Mme le Ministre, il faut signaler l’installation des générateurs d’oxygène et de la solution hydro-alcoolique très efficace contre Ebola.
De nos jours, le Dr Coulibaly se trouve à la Direction nationale de la Santé (DNS), avec d’autres anciens DG ou DGA ou selon elle, elle les envoie au cimetière. Quand on est Ministre de la République, on est au service de l’Etat et non pour régler des comptes personnels. Le Dr Coulibaly rassure qu’il n’a nullement été surpris d’être relevé par Mme Togo, tout ceux qui savaient la nature de leur relation d’ailleurs. De tout le temps «cette dame, pour qui j’ai beaucoup de respect, n’a jamais voulu me sentir; j’ai informé mon épouse à sa nomination que j’en avais pour un (1) mois à mon poste, surtout que le Pr Samba Sow me trouvait très gênant…. Les sujets qui m’opposent à Sow seront connus par d’autres canaux qui ne sont pas les miens, car l’imposture est trop grosse à mon sens pour ne pas être sue des autorités compétentes. Il est un jeune frère, et je lui avais permis de travailler à Gabriel Touré, car mon prédécesseur à l’époque, le Pr Bayo Sinè, lui avait interdit l’accès et il sait pourquoi».
Le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique est devenu un véritable laboratoire de règlement de comptes au su et au vu de tout le monde. Le Mali est-il la propriété de quelques individus ? Ceux qui ont eu des déboires avec la Justice de notre pays sont devenus des conseillers occultes du ministre. Ils ont été vus à la tâche, ou leurs enfants ont été placés à des postes de recettes, occasionnant des pertes se chiffrant à des millions. Ceux-là peuvent-ils juger la moralité d’un cadre pour un poste de nomination ?
Le Président de la République a été élu avec 77 % des voix, le reste des 23% ne sont-ils pas des Maliens ? N’est-on pas en train de semer les graines d’une rébellion au Sud de notre pays ?
Paul N’GUESSAN