Il ressort des résultats provisoires de l’Enquête modulaire et permanente que 47,2% de la population malienne vivent au dessous du seuil de pauvreté alors que le taux de croissance a atteint 6% en 2015 et 7 % en 2014
C’est dans une atmosphère conviviale émaillée de discussions franches que les participants ont fait le point lors de la session politique de la revue du Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP 2012-2017). Les différentes parties à la session politique de la revue du Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP 2012-2017) portant sur l’exercice 2015, tenue mardi au CICB, ont attiré l’attention sur les insuffisances et formulé des conseils en vue de réduire la pauvreté au Mali.
« L’enjeu principal de cette revue est de nous permettre de faire le point des résultats obtenus sur le terrain et les engagements pris de part et d’autres, d’analyser les forces et les insuffisances du processus de la revue et de proposer les solutions pour mieux faire, en vue d’améliorer l’efficacité et l’efficience de nos actions futures », a d’entrée de jeu précisé le ministre du Commerce, Abdel Karim Konaté
Après cette précision, le cap est mis sur la présentation, par le coordinateur de la cellule technique du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CT/CSLP), Mahamadou Zibo Maïga, du rapport 2015 de mise en œuvre du CSCRP (2012-2017). Selon les résultats provisoires de l’Enquête modulaire et permanente (EMOP 2015), 47,2% de la population malienne vivent en dessous du seuil de pauvreté (117 000 Fcfa). Son incidence est estimée à 11,2% à Bamako contre respectivement 47,7% dans les autres villes et 53,1% en milieu rural. Cette situation de précarité dans laquelle vivent des Maliens contraste avec le taux de croissance de 6% du Produit intérieur brut (PIB) de notre économie en 2015, contre 7% en 2014.
Concernant les finances publiques, les recettes totales cumulées en réalisation en fin décembre 2015 sont ressorties à 1272,9 milliards de Fcfa, contre une prévision de 1380,7 milliards de Fcfa pour 2015. Soit un taux de réalisation de 92 ,2%. Les recettes fiscales sont évaluées à 1 081,9 milliards Fcfa en 2015, contre une prévision de 1205,1 milliards. Pour un taux d’exécution de 89,8%.
Les dépenses courantes, elles, ont été de 922 milliards de Fcfa entre 2015, contre une prévision de 1026,7 milliards de Fcfa. Soit un taux d’exécution de 89,8%. Le financement intérieur a augmenté de 10,4% en 2015, passant de 269,8 milliards de F Cfa en 2014 à 284,9 milliards de Fcfa en 2015. Le financement extérieur a enregistré une progression de 47,5%. Il est passé de 190,5 milliards de Fcfa en 2014 à 281 milliards en 2015.
Dans le secteur du développement rural, la production céréalière a atteint 8 millions de tonnes entre 2015-2016, contre 5,8 millions de tonnes entre 2011-2012. Les exportations minières ont augmenté de 8%. Leur valeur est passée de 918 milliards de F Cfa en 2014 et est estimée à 987 milliards de Fcfa. Ce montant représente 67% des exportations au Mali établies à 1 475 milliards de Fcfa. De même, le nombre d’industrie a enregistré un bon en avant de 169 entreprises. Il est ainsi passé de 596 en 2012 à 765 en 2015.
L’énergie qui est facteur incontournable dans le développement industriel a connu un léger mieux. Le taux national d’accès à l’électricité a atteint 36% en 2015, contre 34,89% en 2014. Mais, en milieu rural, le taux d’accès à l’électricité a reculé passant ainsi de 17,39% en 2014 à 16,57% en 2015. En 2015, le taux d’accès national à l’eau potable a atteint 65,3%, contre 63,80% l’année précédente. Il est de 63% en milieu rural, contre 61,80% en 2014. En milieu urbain et semi urbain, ce taux passe de 68,70% en 2014 à 70% en 2015.
Commentant ces résultats lors des débats, des coordinateurs ont exhorté les pouvoirs publics à plus d’efforts dans la distribution des fruits de la croissance qui permettra de réduire davantage la pauvreté. La coordinatrice du groupe thématique éducation (présidée par la Suisse) a loué la bonne tenue et la bonne organisation des examens de fin d’année. Elle a, par ailleurs exhorté, les autorités scolaires à se pencher sur l’amélioration de la qualité du système éducatif de notre pays et émis le souhait de voir les classes ouvertes sur toute l’étendue du territoire, à la reprise prochaine.
Intervenant en amont de ces discussions, le chef de file des PTF, l’ambassadeur canadien Marc-André Fredette, a jugé important la tenue régulière des revues sectorielles. Il a aussi souhaité qu’elles soient inclusives. « Les inputs de la société civile et du secteur privé complètent ceux du gouvernement et des PTF », a justifié le diplomate qui a demandé à axer les revues du Cadre pour la relance économique et le développement durable CREDD 2016-2018 (qui remplace désormais le CSCRP 2012-2017), sur les résultats plutôt que sur les activités.
A ce propos, les ministres présents ont jugé normal que les bailleurs de fonds disposent de justificatifs en vue de rendre compte à leurs populations. Le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des sceaux, Me Mamadou Ismaïl Konaté, lui, a démontré que la justice est le socle sur lequel doit reposer l’activité gouvernementale. « Car, sans la justice, il ne peut pas y avoir de développement véritable », a-t-il commenté.
Le président du Conseil national de la société civile, Bouréima Allaye Touré a demande aux autorités de veiller à l’utilisation correcte des fonds investis (au niveau surtout des collectivités) pour l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens. Il a cité le cas des Centres de santé communautaire. Selon lui, les ressources mises à la disposition de ces centres arrivent rarement aux bénéficiaires que sont les communautés.
La session qui s’est déroulée sous la présidence du ministre du Commerce, représentant son collègue de l’Economie et des Finances le maire de la commune V, Boubacar Bâ, et le président de la commission finance de l’Assemblée nationale. Autour de la table de discussion, plusieurs membres du gouvernement faisaient face aux coordinateurs des différents groupes thématiques.
C. M. TRAORE