Rongés par le sentiment d’abandon depuis qu’ils ont été “chassés” de leur maison de fortune après les derniers affrontements qui ont éclaté dans plusieurs quartiers de la ville de Tamanrasset, en Algérie, plus de 490 Maliens se trouvant en situation de détresse seront rapatriés aujourd’hui vers la capitale en passant par Gao.
Selon nos sources, d’autres opérations de rapatriement seront organisées par la chancellerie malienne au profit de nos ressortissants dont le nombre avoisine les 4 000 personnes à Tamanrasset et plus de 10 000 dans le Sud algérien. Sans compter aussi que plus de 1 200 de nos compatriotes seront prochainement rapatriés en fonction du programme mis en place conjointement par les autorités et leurs homologues algériennes.
Après les migrants nigériens, l’opération de rapatriement touchera nos compatriotes trouvant en détresse à Tamanrasset. Selon le Consul général de la République du Mali à Tamanrasset, Galla Abderrahmane, 494 Maliens, dont seulement 3 disposent de cartes consulaires, seront renvoyés dans le premier contingent prévu aujourd’hui jeudi vers Bamako en passant par Timiaouine et Gao.
Cependant, l’itinéraire, selon les échos qui nous sont parvenus, aurait été modifié à la demande du transporteur désigné par nos autorités, qui a préféré passer par le Niger, Assamaka, Agadez et Niamey avant de rallier Gao et Bamako.
Dans une correspondance adressée, avant-hier mardi, au wali de Tamanrasset (Gouverneur ou représentant de l’Etat dans la ville), le Consul général de la République du Mali, qui a tenu à préciser d’emblée que cette opération a été enclenchée à la demande des ressortissants maliens désirant retourner au bercail en raison de la dégradation de la situation sécuritaire dans la capitale de l’Ahaggar, à la suite des violents affrontements éclatés récemment dans plusieurs quartiers de la ville, a sollicité la collaboration des services de sécurité algériens pour faire aboutir cette opération pour laquelle de gros moyens matériels et humains ont été déployés.
Autre raison objective de cette décision de rapatriement : la dernière instruction interdisant aux migrants de remonter vers le nord du pays, laquelle a également penché dans la balance et motivé nos concitoyens, qui se trouvent dans la précarité et le dénuement total, de retourner au bercail après avoir tout perdu lors des derniers heurts avec les populations autochtones qui ont, faut-il le rappeler, a fait 64 blessés dont 7 gravement atteints parmi les migrants issus de 15 nationalités.
D’autres opérations de rapatriement seront organisées par la chancellerie malienne au profit de nos ressortissants dont le nombre avoisine les 4 000 personnes à Tamanrasset et plus de 10 000 dans le Sud algérien, a indiqué M. Galla en affirmant que plus de 1 200 de nos compatriotes seront prochainement rapatriés en fonction du programme mis en place conjointement par les plus hautes autorités du pays et leurs homologues algériennes. Entre-temps, le Consulat, ajoute Galla Abderrahmane, qui n’a pas tari d’éloges sur le rôle joué par Alger pour la pérennité de la coexistence pacifique entre communautés des deux pays voisins, s’emploie à prendre en charge tous les Maliens affectés par les dernières scènes de violence en leur distribuant des vivres et des médicaments.
En tout état de cause, rongés par le sentiment d’abandon depuis qu’ils ont été “chassés” de leur maison de fortune après les derniers affrontements qui ont éclaté dans plusieurs quartiers de la ville de Tamanrasset, en Algérie, les migrants ont eu droit à un traitement qui risquait de compromettre les engagements humanitaires du voisin algérien.
A la sortie sud de la ville, où ils étaient regroupés, des centaines de ressortissants subsahariens, ayant échappé à l’acharnement et au lynchage des autochtones, ne demandaient que de la nourriture et des tentes pour se mettre à l’abri d’un soleil de plomb. Installés à même le sol aux abords de la route menant vers In-Guezzam, non loin du centre d’accueil des migrants et du commandement du secteur de la gendarmerie pour se mettre en sécurité, ils sont livrés, d’après une organisation humanitaire, à leur triste sort et attendaient l’aide des autorités avec souvent des rations alimentaires dont les quantités s’avèrent dérisoires eu égard au nombre important de migrants.
En tout cas, du recensement réalisé par l’association nationale Green-Tea pour la promotion de la santé et les aides humanitaires en Algérie, en collaboration avec les leaders des communautés migrantes, ils étaient 2 724 personnes dont 275 Libériens, 420 Nigérians, 22 Togolais, 178 Sénégalais, 80 Ghanéens, 220 Gambiens, 68 Bissau-Guinéens, 54 Burkinabés, 300 Maliens, 600 Guinéens, 150 Ivoiriens, 173 Camerounais, 41 Sierra-Léonais, 96 Béninois, 47 Centrafricains à être confrontés à cette situation de précarité.
Selon le président de l’association, Mohammed Guemmama, le nombre est beaucoup plus important si l’on tient compte des migrants qui n’ont pas quitté leurs quartiers de peur d’être rapatriés. Tout en regrettant l’anarchie qui a caractérisé les opérations de distribution de vivres, il a aussi dénoncé le cas de femmes violentées sexuellement ainsi que le comportement des services de sécurité qui l’ont empêché de faire don de médicaments aux migrants souffrant après sept jours passés sous une chaleur caniculaire.
Signalons, par ailleurs, que depuis l’enclenchement des actions de rapatriement en décembre 2014, le centre d’accueil de Tamanrasset a réceptionné 16 125 migrants, dont 13 755 Nigériens concernés par ces opérations décidées par le gouvernement nigérien.
Pas moins de 3 630 migrants de nationalités différentes ont été transportés jusqu’à Tamanrasset puis relâchés. Tout en louant les efforts consentis par l’État dans le but d’honorer ses engagements humanitaires, le président du comité de wilaya du Croissant-Rouge algérien, Moulay Cheikh, a fait savoir que depuis le début de ces opérations, 464 bus et 165 camions de transport de provisions et de bagages ont été mobilisés.
Par Mohamed D. DIAWARA