Pas plus tard au mois de mars où il caressait le régime dans le sens du poil et provoqué, en même temps, la colère de ses amis de l’opposition qu’il appelait à «aider le pouvoir en place à gérer le pays », voilà que le très sulfureux Sadou Diallo, maire de Gao, profite des récents incidents survenus dans sa ville pour jeter de l’huile sur le feu à travers des propos incendiaires, qui à la limite, constituent une incitation à la révolte.
Le caméléon est un petit reptile habitant les contrées les plus chaudes de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique. Certains naturalistes le classent dans la famille des lézards, d’autres l’en séparent.
Un des traits caractéristiques de cet animal est la faculté qu’il possède de changer de couleur à volonté, et de passer ainsi inaperçu par ses ennemis. C’est pourquoi depuis longtemps déjà on compare au Caméléon, les hommes politiques, sans scrupules, qui n’hésitent pas à changer la couleur de leurs opinions pour s’attirer les sympathies et les faveurs du peuple en fonction des moments.
La Fontaine disait : « Les Caméléons politiques abondent » et il n’avait pas tort. Malheureusement, les hommes et plus particulièrement ceux qui appartiennent à la classe ouvrière, se laissent toujours séduire par les belles couleurs de la politique sans s’apercevoir si celles-ci changent, mais les résultats restent toujours négatifs.
Une des autres qualités du Caméléon est de se gonfler d’air au point de doubler son diamètre. Encore une autre raison, de prêter son nom, aux ambitieux et aux hypocrites.
L’Homme – Caméléon
En résumé, si le Caméléon-animal est utile aux populations des pays qu’ils habitent, le Caméléon politique, de la race du maire de Gao, est un être nuisible qu’il faut combattre comme un fléau social.
Et pour preuve : pas plus que cinq mois, et plus exactement en mars derniers, soit deux mois avant la marche de l’Opposition républicaine et démocratique (le 21 mai 2016), voici que cet homme caressait le régime du Président IBK dans le sens du poil au point de semer le doute et la confusion dans les esprits de ses amis, tout en provoquant la colère et l’irritation du chef de file de l’opposition, Soumaïla CISSE, qui l’avait sommé de clarifier sa position. En effet, dans une sortie médiatique très inattendue (une interview dans les colonnes d’un Journal de la place), le très sulfureux Sadou DIALLO a déjoué tous les pronostics en déclarant être prêt à aider le pouvoir actuel tout en invitant par la même occasion ses autres camarades de l’Opposition à faire de même.
« (…) Quand la situation du pays est critique, il faut approuver, il faut accompagner. La chance que notre parti (PDES) a, c’est qu’il est différent des autres partis. Nous avons créé ce parti autour d’un homme de paix, qui est le Président ATT. C’est un homme de paix, de grande culture, plein de qualités. Alors, nous étant héritiers, moi président du parti, je ne souhaite pas faire ce qui lui déplait. Résultat : je ne peux pas être à une opposition radicale. Insulter le pouvoir en place, au contraire, je suis prêt à aider le parti au pouvoir. Je continuerai à cultiver la paix, à réconcilier les Maliens. C’est seulement à ce prix que le Mali pourrait redevenir le Mali d’antan que le monde entier connaît.
(…) Je fais toujours appelle à la société civile, les partis politiques de l’opposition à aider le pouvoir en place à gérer le pays. Parce que ce pays a besoin de tous ses fils aujourd’hui. Je n’ai pas l’impression d’être dans un pays où l’on doit créer une opposition radicale. Certes, on ne fait pas partie du Gouvernement, mais il est bon qu’on se côtoie, qu’on essaie de souffler dans la même direction. Parce que la tempête qui souffle sur le Mali, il est bon que tous les fils du Mali soit dans le bateau et naviguer du même bord… »
Calcul politicien
Une sortie malencontreuse, hasardeuse qui n’est pas sans rappeler l’ire du premier responsable en chef de l’opposition qui a rappelé à l’ordre le président du PDES pour de tels propos déplacés et inappropriés sur fond d’une « insubordination ».
Mais ce show médiatique du maire de Gao n’a pas surpris beaucoup d’observateurs avertis de l’actualité nationale. Cela d’autant plus que l’édile de la Cité des Askia, qui était dans son petit calcul, avait ses projecteurs braqués sur un autre camp, notamment le « Mouvement An ka bè », composé des jeunes de la Majorité et de l’Opposition, qui entendait organiser un meeting de réconciliation nationale.
L’objectif visé étant de contribuer à la cohésion sociale, à travers la promotion des valeurs sociétales du Mali, spécifiquement créer les conditions propices à un climat de confiance entre tous les Maliens, renforcer les valeurs de tolérance, de solidarité et le retour des Maliens résidant à l’extérieur du Mali, notamment le Président ATT. Voilà pourquoi, sauf les leaders de l’Opposition, l’on pouvait comprendre, dans cette sortie du président du PDES, le sens de sa chapelle en faveur du régime et surtout de son vibrant plaidoyer aux fins de demander au Président IBK d’aller chercher « son frère » au Sénégal.
« Je pense qu’il ne doit pas avoir quelqu’un qui est plus proche d’ATT qu’IBK. J’ignore ce qui empêche IBK d’aller chercher ATT. Et cela surprend. Je connais l’affection que l’un porte pour l’autre. Je connais un peu le passé de ces deux hommes, qui n’a jamais été un passé de conflit. Cela a toujours été «kôrô-dôkô» (grand-frère et petit frère) », a-t-il dit en substance.
Mais voilà. L’habitue étant une seconde nature, voici que l’homme-caméléon, en voyant sa stratégie échouée (son mentor ATT étant toujours refugié dans le pays de la Terranga) change de conviction et de parole. Au lieu « d’aider le parti au pouvoir » et de « continuer à cultiver la paix, à réconcilier les Maliens » comme il l’a proclamé haut et fort, il contribue, au grand plaisir des ennemis de la paix, à jeter de l’huile sur le feu en cette période marquée par des vives tensions.
Déclarations incendiaires
En prenant fait et cause pour « sa jeunesse à lui » malgré l’interdiction de la marche et dans un moment où l’état d’urgence était en vigueur, et en prenant le régime pour seul responsable des morts et des dizaines de blessés, le maire de Gao, au cours de la conférence de presse animée samedi à la Maison de la presse, ne concourt pas à l’apaisement de la tension dans sa cité.
« Le gouverneur en faisant sortir les militaires et les policiers a bafoué le travail que j’ai fait pendant 4 ans. Parce que la population avait perdu confiance en l’armée, depuis 4 ans je travaillais à réconcilier la population et l’armée, à les sensibiliser tous les jours. Avant, si un policier sifflait pour arrêter un habitant de Gao, il ne s’arrêtait pas, je suis arrivé à leur dire de respecter la police et ils l’ont fait. On était arrivé à leur faire respecter l’État. Faire tirer les forces de l’ordre contre la population c’est revenir à zéro. Si j’avais été là, je vous assure, je ne suis pas le bon Dieu, ni le Prophète, mais les choses se seraient déroulées autrement, parce que la jeunesse m’écoute ».
Par ailleurs, ses déclarations incendiaires sonnent-elles également comme l’appel, d’un Général de guerre, qui incite sa troupe à rester mobiliser et vigilants jusqu’à la satisfaction totale.
« Ces jeunes méritent d’avoir la même considération que ceux qui ont des armes aujourd’hui, parce qu’ils ont été désarmés par le concours des notables de Gao, les chefs de village et par moi. On les a désarmé, donc il faut que l’État comprenne qu’ils ont les mêmes droits que ceux qui sont armés, ils doivent avoir même plus, d’ailleurs, parce qu’ils ont accepté d’être désarmé sans pression. On ne peut pas aujourd’hui leur demander de présenter une arme, avant d’être pris en considération pour le cantonnement. Cela serait vécu comme une immense injustice ».
Poussant sa pyromanie au bout, le maire Sadou déclare à qui veut l’entendre qu’il est le seul maître et le seul Commandant à bord dans la ville de Gao.
Aveu politique ?
« Autorités intérimaires ou pas je reste et demeure le seul maître de Gao. Je suis le plus écouté et cette jeunesse qui a marché est ma jeunesse. Elle ne demande qu’à être respectée et mise dans ses droits », clame-t-il. Avant d’ajouter que s’il était à Gao le jour des événements, qu’il allait marcher avec les jeunes.
Par ses propos, l’homme n’avoue-t-il pas ainsi, aux yeux de l’opinion, qu’il est et reste le seul l’homme à pouvoir instrumentaliser « sa jeunesse » à sa guise et à sa demande et même en dehors du pays ?
Voilà un aveu qui accrédite les accusations d’un regroupement dit « Mouvement le Mali en marche » dont son porte-parole, Youssouf GUINDO, dit détenir les preuves de l’instrumentalisation de la jeunesse de la ville de Gao par des hommes politiques à des fins personnelles et appartenant à l’Opposition.
Par ailleurs, en présentant la jeunesse de Gao comme sa « chose » ou comme des « bétails » qu’il peut diriger dans la direction qu’il souhaite, Sadou DIALLO, ce maire fuyard, fait ainsi une offense à l’endroit de ces braves populations qui ont su faire face, à son absence, à des pires situations au moment de l’occupation djihadiste.
Il est vrai que les Maliens l’ont vu «pleurnicher » sur les chaînes internationales en demandant de l’aide. Mais pour un gouvernant, c’est peu : il devrait plutôt se battre auprès des hommes et femmes qui l’ont élu, au lieu de fuir Gao pour se réfugier à Bamako, laissant ses populations à la merci des terroristes.
Où était donc le Général agitateur Sadou DIALLO quand la manifestation de « ses jeunes » contre l’installation des autorités intérimaires mais demandant en réalité leur intégration dans le processus de DDR a dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre ? Au Brésil à mile et un lieu de sa ville. Normal quand on sait que ce businessman a toujours mis son intérêt personnel au dessus de l’intérêt commun.
Par Mohamed D. DIAWARA