De violents combats ont eu lieu jeudi à Kidal entre des partisans de la CMA, anciennement rebelle, et ceux de la Plateforme, dont des membres du Gatia. Les deux groupes cohabitaient sans heurts et cogéraient cette ville de l'extrême nord du Mali depuis février dernier.
Selon des habitants, les combats, qui ont cessé tard dans la soirée, ont éclaté jeudi 21 juillet vers 16h30 à Kidal alors que depuis février, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touarègue du nord du Mali) et la Plateforme (coalition de groupes proches du gouvernement) cohabitaient sans heurts.
Aucun bilan n’était disponible dans l’immédiat, mais des victimes sont à déplorer. Selon deux élus locaux et un habitant, les affrontements ont opposé des membres du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), l’une des composantes de la Plateforme, à des membres du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), l’une des principales composantes de la CMA.
Combats à l’arme lourde
Les « combats violents » ont été confirmés dans un communiqué par la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), présente à Kidal, qui n’identifie cependant pas précisément les mouvements concernés, indiquant simplement que tous sont signataires en mai-juin 2015 d’un accord de paix avec Bamako.
« Des armes lourdes, y compris des mortiers, ont été utilisées lors des confrontations », affirme la Minusma, appelant leurs responsables « à mettre fin immédiatement aux hostilités », sans indiquer de bilan ou de la cause des violences. D’après une source à la Minusma, plusieurs civils ont quitté leurs domiciles pour se réfugier dans le camp de l’ONU dans la nuit de jeudi.
« Des combats de rue se déroulent actuellement entre le Gatia et le HCUA. Ce sont de violents combats de rue », a déclaré un des élus locaux, jeudi après-midi. « Tous les civils sont chez eux. Ça tire de partout à l’arme lourde, surtout dans le centre-ville ». Les affrontements se déroulent « entre le HCUA et le Gatia », a aussi confirmé l’habitant.
« Beaucoup de morts »
Joint par l’AFP tard jeudi soir, un responsable de la CMA, Almou Ag Mohamed, a parlé de « beaucoup de morts » dans le camp adverse et de trois ex-rebelles tués. Un habitant a de son côté parlé de 10 morts du côté du Gatia et cinq côté CMA.
Selon un élu local joint par l’AFP, c’est une querelle de pouvoir entre tribus touarègues rivales qui a mis le feu aux poudres. Les combats sont liés à « un problème de leadership entre celle des Imghad et celle des Ifoghas pour le contrôle de Kidal », a dit cet élu. L’élément déclencheur des hostilités semble être lié à la mort d’un homme du HCUA, Assadeck Ag Mossa, présenté comme un officier, le 19 juillet à Kidal.
Celui-ci aurait été « assassiné » par un ou plusieurs élémént(s) du Gatia, accuse un communiqué du HCUA qui, selon un membre de la CMA, a exigé du Gatia que l’auteur du ou des tirs soit livré pour être jugé, et qu’en attendant, plus aucun élément du mouvement de El Hadj Al Gamou ne circule en armes dans la ville. Cette exigence n’ayant pas abouti, c’est dans ce contexte que les combats de jeudi sont intervenus, sans qu’il soit possible de savoir qui a tiré en premier, les deux camps se renvoyant la balle.
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