Au cours de la conférence de presse qu’elle a organisée le week-end end dernier à la Maison de Presse, l’opposition a tenu le gouvernement responsable des tueries du 12 juillet dernier à Gao. Aussi, elle a exigé l’organisation de concertations nationales autour de l’accord de paix dont la mise en œuvre divise, de plus en plus, les Maliens.
Le 12 juillet une marche organisée par la Jeunesse de Gao contre l’installation des autorités intérimaires et la gestion calamiteuse du cantonnement des ex-Combattants, a tourné au drame.
Au cours de ladite marche, des forces de l’ordre auraient ouvert le feu sur les marcheurs. Bilan: 3 morts et plus de quarante blessés. Une délégation du gouvernement s’est rendue le lendemain à Gao, ce qui a permis de calmer les esprits.
Sur instruction du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, une information judiciaire a été ouverte.
Dans un communiqué de presse rendu public la semaine dernière, l’opposition considère le gouvernement comme seul responsable de cette situation. Et cela ne surprend guerre, quand on sait que l’opposition n’a jamais accepté l’accord de paix signé le 15 mai 2015 encore moins l’installation des autorités intérimaires qu’il prévoit.
Même si l’opposition n’est pas derrière les manifestations de Gao, elle semble être prête à tout pour empêcher l’installation des autorités intérimaires. La preuve, l’opposition a, au cours de la conférence de presse du week-end dernier, confirmé son soutien à la Jeunesse de Gao qui se bat contre les autorités intérimaires.
Selon Sadou Diallo, président du PDES et maire de Gao, avant d’organiser leur marche, les jeunes de Gao lui avaient demandé l’autorisation. Une autorisation qu’il n’a pas donnée en raison de l’état d’urgence en cours. Mais il reconnait avoir encouragé les jeunes à marcher parce que leurs revendications sont légitimes.
Le maire de Gao d’expliquer que les jeunes de sa ville sont pour la paix et la réconciliation, mais pas d’accord avec la forme et la manière dont les choses sont traitées.
“Les jeunes de Gao sont mes lieutenants politiques. Je les soutiendrai jusqu’à la fin de mes jours. Ce n’est pas le gouvernement ou Serval qui m’a élu, c’est cette Jeunesse qui m’a élu. Je ne peux pas abandonner ces jeunes. Si j’étais à Gao le jour de la marche, j’allais marcher avec eux” a laissé entendre le maire de Gao.
Pour lui, on ne peut pas faire la paix au nord sans les jeunes de Gao. C’est cette jeunesse qui a défendu la ville de Gao et la patrie au moment où l’armée et les autorités régionales étaient absentes. Pour cela, a ajouté le maire, elle doit être prise en compte dans le processus de cantonnement et elle doit être recrutée dans l’armée.
Il déplore les manœuvres entreprises par le gouvernement et ses partenaires pour exclure ces braves jeunes de Gao du processus de cantonnement en cours.
Rappelons que le gouvernement conditionne le cantonnement des jeunes de Gao à la présentation d’une arme individuelle. Pourtant, ces jeunes de Gao ont été désarmés et leurs armes ont été remises à Serval au nom de la paix et la réconciliation.
“J’ai contribué à désarmer la jeunesse de Gao, sous l’œil du Col Major Didier Dakou à l’époque et de Serval. Plus de 3000 kalachnikov et des armes collectives ont remises à Serval. Aujourd’hui, il est inadmissible qu’on exige de ces jeunes la présentation d’une arme comme condition du cantonnement. Si Didier Dakuo aujourd’hui, chef d’Etat-Major général des armées a un peu de conscience comme moi, il doit témoigner en faveur de cette jeunesse, il doit défendre la cause de cette jeunesse” a expliqué le maire de Gao.
Il a saisi cette occasion pour lancer un appel à tous les jeunes du Mali de rester debout et solidaire.
M’Pè BERTHE