Le dimanche 17 juillet 2016, a eu lieu à Niamey un « accord » entre Plateforme et CMA parrainé par le premier ministre nigérien Brigi Rafini pour, dit-on la gestion de Kidal.
On pensait que les accords d’Anefis –que nous avions salués à l’époque- avaient résolu les problèmes, mais on se rend compte que ce n’était que partie remise entre les belligérants.
Certes il y a eu progrès car, cette fois-ci, on n’a pas commencé par le crépitement des armes, pour ensuite se retrouver autour d’une table. Tant mieux, pour cette économie en vies humaines ! Là où le bât blesse, c’est que ce dialogue ait eu lieu à l’étranger et que l’Etat malien ne semblait pas concerné. On dirait que ce pays manque de sages pour faire raisonner les hommes politiques armés ou non.
Durant la transition, on se rappelle encore comment nos hommes politiques, toutes tendances confondues, se sont rués à Ouagadougou pour des tractations chez « le beau Blaise » à l’époque, grand manitou de l’Afrique de l’Ouest. Là, ils se sont offerts en spectacle en exposant aux yeux du monde, leur immaturité et leur sens immodéré d’attachement à leur ego et non à leur pays.
Les négociations d’Alger allaient confirmer cette tendance même au sein des représentants de la société civile.
En effet, à la faveur des pourparlers, les négociateurs avaient tellement pris goût à la vie dans les hôtels de luxe et au climat méditerranéen, qu’il a fallu que les hôtes algériens tapent du poing sur la table, avant de parvenir à un accord bancal dont la mise en œuvre met à rude épreuve notre démocratie.
Nous pensions que nos hommes politiques armés ou sans arme, avaient compris que les meilleurs accords, sont ceux qui proviennent de nous, ceux secrétés par nos sociétés à travers nos sages que l’on a chichement mis de côté.
Euh que non ! Pour une moindre difficulté on court dans une capitale voisine pour y séjourner princièrement dans des hôtels 5 étoiles ou dans de cossues villas.
Cette gymnastique huilée est si captivante et si récursive qu’on se demande si ses pratiquants, les braves dirigeants des mouvements armés sont encore capables de vivre sous une tente ou de tenir une kalachnikov.
Pour revenir à la rencontre de Niamey, puisqu’il s’agit du partage du gâteau c’est-à-dire la gestion mafieuse de la ville de Kidal (cf. déclaration de Niamey) et la désignation très prochaine des autorités intérimaires, on a ignoré l’Etat malien.
Certaine opinion nationale semble scandalisée par la démarche des deux groupes armés : CMA et Plate forme. A y regarder de près, il n’y a nullement matière à s’en offusquer car l’histoire et même la vie quotidienne nous enseigne que les absents ont toujours tort et que surtout, les faibles n’ont pas de place à côté des grands lors du partage du gâteau.
Rappelons qu’à la fin de la 2ème guerre mondiale, la France qui a été libérée par les alliés n’a pas été invitée à la Conférence de Yalta (du 04 au 11 février 1945) qui devait décider du sort de l’Allemagne défaite. Seuls les trois grands de l’époque : Churchill (Royaume Uni), Roosevelt (Etats Unis) et Staline (URSS) ont eu à décider du sort de l’Allemagne et même du monde.
Une anecdote rapporte que lorsque le président Roosevelt a proposé que le Vatican participe à la conférence, Staline aurait alors posé la question de savoir : « combien le Vatican a-t-il engagé de bataillons? »
A-t-on pensé à l’Etat malien à Niamey? Nous nous en doutons fort, car il est absent de Kidal depuis plus de deux ans. Alors ne pourrions—nous pas légitimement nous poser cette question : pour nous maliens, en ce qui concerne Kidal, Niamey n’est-elle pas le Yalta de nos amis français ?
…sans rancune
Wamseru A. Asama
Source: Delta News