Kidal n’a pas le sommeil tranquille. C’est le moins que l’on puisse dire. En effet, alors que le Mali était en deuil après l’attaque contre la caserne militaire de Nampala, qui aura coûté la vie à 17 soldats, de violents affrontements ont opposé les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) aux membres du Gatia. A l’heure où nous tracions ces lignes, il n’y avait pas encore de bilan officiel, mais de nombreux témoins parlent de plusieurs dizaines de morts et de blessés. L’enjeu était le contrôle de Kidal, la ville frondeuse qui refuse jusque-là de rentrer dans la République. Visiblement mises en déroute, les troupes du Gatia se sont retirées à quelques kilomètres de la ville, tant et si bien que la CMA qui a actuellement le vent en poupe, crie victoire. Et comme pour marquer son autorité, elle a lancé une opération de ratissage, allant jusqu’à perquisitionner les domiciles de tous ceux qui sont soupçonnés d’être favorables au Général Gamou et ses hommes qui annoncent d’ailleurs leur prochain retour à Kidal. C’est dire si les choses peuvent dégénérer d’un moment à l’autre au Nord-Mali. La situation est tout aussi mouvante que le sable de Kidal. Car, rappelons-nous que ce regain de tension entre la CMA et le Gatia intervient seulement au lendemain de la signature d’un accord par les deux mouvements, sous les auspices des autorités nigériennes. S’il y a donc quelqu’un qui doit être mal à l’aise, c’est bien le président nigérien Mahamadou Issoufou qui croyait ainsi avoir réussi là où bien d’autres personnes ont échoué. Tout se passe comme si Kidal échappe désormais à toute thérapie. Car, on aura tout essayé, mais la fièvre, quand elle retombe, remonte aussitôt avec une vitesse extraordinaire, défiant tout thermomètre médical. A preuve, peu avant l’accord de Niamey, il existait l’accord d’Anefis qui prévoyait la gestion collégiale de la ville de Kidal par la CMA et le Gatia.
Il y a lieu que la communauté internationale vole en urgence au secours du président Ibrahim Boubacar Keïta
Mais la mauvaise foi et le manque de sincérité des protagonistes ont fait voler en éclats tous ces accords qui, pourtant, étaient censés permettre un retour à la paix dans de brefs délais. C’est à croire si certains ne préfèrent pas le Mali dans sa situation actuelle, c’est-à-dire de ni paix ni guerre, à une normalisation des choses. Et c’est peu dire. Alors, que faire ? Faut-il continuer à ménager les susceptibilités des gens qui se montrent hostiles à la paix et qui, par leurs excentricités, mettent en péril la vie d’innocentes populations ? Assurément, non. C’est pourquoi il faut saluer à sa juste valeur l’intervention très rapide de la MINUSMA à Kidal aux fins de protéger les civils qui, en 72 heures, ont souffert le martyre, obligés qu’ils étaient de se terrer comme des lapins dans leurs cabanes. Il est donc temps de siffler la fin de la recréation en clarifiant le statut de Kidal si l’on ne veut pas que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les populations soient continuellement prises en otage par des hommes qui, parce qu’ils ont le bazooka en bandoulière, se croient l’alpha et l’oméga de tout. En tout cas, au regard des fronts qui sont en train de se multiplier, il y a lieu que la communauté internationale vole en urgence au secours du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), au risque de voir le Mali se retrouver dans la même situation que la Libye voisine. Comparaison est bien ici raison, dans la mesure où au Mali comme en Libye, en plus des différents groupes armés qui contrôlent des régions entières, il y a des djihadistes qui se signalent de temps à autre par des attaques ciblées.
Boundi OUOBA
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