L’accord de paix, destiné à mettre un terme au conflit qui oppose les autorités maliennes aux mouvements rebelles de l’Azawad, signé à Alger en 2015 et dont la mise en œuvre n’a cessé d’être repoussée, n’a pas volé en éclats, mais cette nouvelle vague de violence devrait encore retarder son application. C’est pourquoi, les membres du comité de suivi de l’accord se réunissent en urgence ce matin pour débattre des points de blocage.
Avec cette reprise des hostilités entre la CMA et le GATIA, les groupes armés violent le cessez-le-feu, piétinent les arrangements tribaux d’Anefis entre toutes les communautés ainsi que la récente entente signée à Niamey au Niger, retardent du coup les échéances de la mise en œuvre de l’accord de paix.
« Les événements de ces derniers jours montrent les limites des arrangements communautaires. », a soutenu le chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, à l’issue d’une audience avec le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta qui l’avait reçu, le vendredi dernier, au Palais de Koulouba.
Kidal est-il réellement un territoire malien ? Si oui alors il ne doit pas y avoir un autre groupe armé hormis l’armée malienne. Une dizaine de personnes ont été tuées, entre jeudi 21 juillet et vendredi 22 juillet 2016, dans les affrontements qualifiés d’une rare violence qui ont opposé les éléments du GATIA à ceux de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), deux groupes armés pourtant signataires de l’accord pour la réconciliation et la paix. Ce dernier affrontement intervient seulement quelques jours après la signature d’une entente entre les deux groupes à Niamey au Niger, sous l’égide du Premier ministre de ce pays, Brigi Rafini, un Touareg.
Les accords d’Anefis en lambeaux !
Tous les groupes armés et factions tribales du nord du Mali, qu’ils fassent partie de la CMA ou de la Plateforme ont signé, on se rappelle, à la mi-octobre une série de pactes qui devraient débloquer l'application de l'accord de paix d'Alger avec le gouvernement malien.
Après de nombreux accrochages meurtriers dans la région de Kidal au mois d’août dernier, la Plateforme a finalement trouvé un terrain d’entente avec la Coalition des mouvements de l’Azawad. C’est pourquoi, du 27 septembre au 16 octobre 2015, une série de rencontres tribales, sanctionnée par plusieurs accords de paix, a été organisée à Edjerer et Anefis afin de « laver le linge sale en famille » À Anefis, faut-il le rappeler, les tribus arabes Machzouf et Limhar ont eux aussi signé un accord de paix.
On se rappelle, à l’ouverture des rencontres tribales, le 27 septembre, le gouvernement malien a dépêché trois de ses ministres pour marquer sa présence. Aussi, dans un communiqué de presse diffusé dès le 15 octobre, la Minusma a quant à elle « félicité les dirigeants des deux parties pour la sagesse dont ils ont fait preuve en privilégiant la voix du dialogue ».
Avec cette montée de l’adrénaline dans le rang du GATIA et de la CMA, gouvernement et Minusma se posent des questions sur la valeur réelle des arrangements tribaux pour une meilleure application de l’accord de Paix.
L’Entente de Niamey vole aussi en éclats !
Pourtant en début de la semaine dernière, les frères ennemis Touaregs avaient pourtant, en apparence au moins, trouvé un terrain d’entente à Niamey, la capitale du Niger, sur la gestion sécuritaire et administrative de Kidal.
Depuis les derniers affrontements, c’est la case de départ. Les négociations sont au point mort. A Kidal, les belligérants se regardent en chiens de faïence. Les armes peuvent crépiter à tout moment tellement que le climat est délétère. Les divergences entre les deux mouvements armés sont telles que rien ne présage une entente et une paix durable entre les groupes armés.
La principale divergence, ce sont les dividendes de la paix. Entre ces frères ennemis, ce sont les dividendes de la paix qui sont en jeu, les postes dans les différentes administrations, alors que des autorités intérimaires devaient être réinstallées le 15 juillet, mais aussi le contrôle de route de trafics.
M.M.B
Source: L'Humanité