Pour la rentrée scolaire 2016-2017, quatre lycées qui évoluaient jusque-là dans des écoles fondamentales auront leurs locaux propres grâce aux bonnes relations de coopération entre notre pays et la France. C’est l’Agence française pour le développement (AFD), en partenariat avec les collectivités décentralisées, qui a accepté de mobiliser 3 279 785 000 francs CFA pour la construction, l’équipement des lycées de Djenné, Tominian, Gourma Rharouss et Baroueli et la réhabilitation de Bouillagui Fadiga, l’élaboration de supports pédagogiques pour les enseignants dans les disciplines scientifiques… Où en est-on avec les travaux ?
Certains de ces établissements ont été visités par une équipe du ministère de l’Éducation nationale pour s’enquérir de l’état d’évolution des travaux, avant de participer, le 21 juillet 2016, à l’inauguration du lycée de Baroueli par le ministre de l’Éducation nationale, Kénékouo dit Barthémy TOGO.
Les assurances de Djenné et Tominian
La délégation était à Djenné, Tominian et Mandiakuy, le mardi 19 juillet.
À Djenné, les travaux qui concernent la construction de 12 salles de classe, une bibliothèque, une infirmerie, une salle informatique, le logement du proviseur et la clôture, la délégation a bien apprécié les réalisations avant d’inviter les entreprises à accélérer le rythme des travaux pour livrer les infrastructures avant la fin du mois d’août.
Selon le maire de Djenné, Amadoun Tahirou BA, chargé des questions éducatives au Conseil de cercle, l’avènement d’un lycée dans le cercle a été salutaire à plus d’un titre. En effet, depuis l’accord des autorités pour la création d’un lycée à Djenné, la collectivité a immédiatement mis à la disposition du CAP des salles de classe au niveau de deux écoles fondamentales de la place pour commencer les cours avant la construction d’une infrastructure à la hauteur des attentes. Car le constat avait été établi que beaucoup d’élèves du cercle abandonnaient les études en cours de chemin pas par faute d’intelligence ou de volonté, mais pour des problèmes de logement. C’est pour cette raison que la collectivité n’a pas craché sur l’offre d’un lycée au cercle.
Pour ce qui concerne l’accueil des élèves venant des villages des communes du cercle, le responsable local a assuré que la ville de Djenné mettra à profit son hospitalité légendaire pour leur donner satisfaction.
Selon le proviseur, Moussa SISSOKO, le lycée de Djenné a ouvert ses portes en janvier 2009 et comptait en 2015-2016, 586 élèves répartis entre 13 classes. L’école souffrait de problème de local parce que les infrastructures qui l’abritaient étaient inadaptées et les conditions de travail y étaient trop contraignantes non seulement pour le corps enseignant et l’administration scolaire, mais aussi pour les élèves. Pour la question enseignante, le proviseur a expliqué que l’essentiel était sur place. Seulement, selon lui, ce sont des enseignants de certaines nouvelles matières qui étaient soient insuffisants ou complètement absents : musique, EPS, art et un seul professeur d’économie qui a du mal à faire face à l’ensemble des activités.
Mandiakuy : la promesse présidentielle en bonne voie
A Mandiakuy le Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, lors de sa tournée en quatrième région, avait accédé à la demande des populations de créer un lycée public dans cette commune. Depuis, autorités scolaires, administratives, collectivités et populations sont à pied d’œuvre pour faire de cette promesse présidentielle une réalité.
À notre passage à Mandiakuy, le mardi 19 juillet dernier, la mobilisation se poursuivait. Ainsi, la collectivité avait déjà dégagé plus de cinq hectares de parcelle pour abriter les infrastructures du nouveau lycée. Selon les responsables locaux, la levée topographique de la parcelle était déjà faite et une lettre d’attribution avait aussi été acquise auprès des autorités compétentes. En attendant un financement et la construction de l’infrastructure, les autorités locales ont dégagé trois salles de classe à l’école fondamentale du groupe scolaire de Mandiakuy pour accueillir les admis au DEF dès l’ouverture prochaine.
Le maire de la commune, Térèse Blaise DAKOUO, a rassuré que toute la communauté qu’il est en branle pour ne pas décevoir les attentes des plus hautes autorités qui leur ont fait confiance. En plus des salles de classe mises à disposition, la population a aussi pensé au logement des enseignants qui vont venir, nous a-t-il confié.
Quant aux élèves, le maire a indiqué qu’ils étaient chez eux, par conséquent il ne se posera aucun problème pour leur hébergement. Selon lui, la commune qui dispose d’une école fondamentale, depuis 1932, a beaucoup souffert de l’absence de lycée. Beaucoup ont abandonné les études faute de logement dans les grandes villes où ils ont été orientés. La création d’un nouveau lycée est donc très salutaire pour ces populations.
Mme KONE Marie victoire DAKOUO, une mère éducatrice de Mandiakuy apprécie l’initiative dans le même sens. « Un lycée à Mandiakuy est pour nous un véritable ouf de soulagement. À notre niveau, tout sera mis en œuvre pour ne pas décevoir », a-t-elle soutenu.
Problématique d’eau et d’électricité à Tominian
À Djenné comme à Tominian, l’on se mobilise pour inaugurer les nouvelles infrastructures presque terminées.
Selon le proviseur Nianpèguè COULIBALY, le lycée de Tominian, qui s’apprête à déménager dans ses nouveaux locaux à l’ouverture prochaine, a été créé en octobre 2011 avec 250 élèves. L’établissement scolaire a connu une grande évolution en termes d’effectifs, depuis. Avec la nouvelle infrastructure qui va ouvrir, le proviseur a évoqué le problème d’eau et d’électricité comme préoccupations majeures.
Le président du Conseil de cercle a, quant à lui, salué et remercié les autorités nationales pour leur clin d’œil au cercle qui abritera désormais deux lycées. Le conseil de cercle inscrira dans son PDESEC les nouvelles créations et se mobilisera pour la recherche de partenaires en vue d’appuyer rapidement les nouvelles autorités, si possible, dans la construction du lycée de Mandiakuy. Il reste convaincu que les espoirs ne seront pas déçus.
Pour le DAE (Directeur de l’académie d’enseignement) de San, Ibrahim DICKO, les autorités et leurs partenaires sont à saluer pour avoir offert aux enseignants et aux élèves, les conditions idoines de travail avec les nouvelles infrastructures réalisées. Aussi, tous les acteurs et partenaires locaux de l’école ne ménageront aucun effort pour l’entretien et le bon fonctionnement de ces établissements scolaires.
Sur le fonctionnement du nouveau lycée, le DAE a rassuré qu’il n’y avait pas de problème majeur.
« Il y a quelques enseignants qui manquent dans les nouvelles disciplines créées dans le cadre du PC (Pédagogie convergente), le problème est déjà posé au niveau du département », a-t-il fait savoir.
Barouéli fière de sa nouvelle infrastructure
Le ministre de l’Éducation nationale, Kénékouo dit Barthélemy TOGO, accompagné de l’ambassadeur de France au Mali, Gilles Huberson, a coupé, jeudi 21 juillet 2016, à Barouéli, le ruban symbolique, marquant l’inauguration officielle du lycée public de la localité.
Pour le maire Diadiè KONANDJE, le lycée était jusque-là une grande école fondamentale. Grâce à la coopération française, elle est aujourd’hui un lycée avec des conditions de travail qui répondent aux normes.
Le proviseur s’est réjoui de bénéficier d’un bon cadre de travail. Il a salué le partenariat exemplaire entre notre pays et la France pour l’édification de ce joyau architectural propice pour les échanges entre enseignants, d’une part, et entre enseignants et élèves, d’autre part.
Le président du Conseil de cercle, Oumar Barou SYALLA, est convaincu que l’enseignement et l’éducation sont la clé de notre devenir. Il s’est réjoui lui aussi du beau travail accompli par les entreprises sur le terrain avant d’inviter l’ensemble des acteurs à prendre soin des infrastructures réalisées.
Pour M. Sylla, les nouvelles infrastructures et équipements ne contribueront qu’à l’amélioration du bon rendement scolaire jusque-là enregistré au lycée de Baroueli, depuis sa création (90 % de taux de réussite au baccalauréat).
Selon l’ambassadeur de France au Mali, Gilles Huberson, le nouveau lycée a été doté d’un bâtiment administratif (bureaux, salles des professeurs, infirmerie, toilettes) ; deux blocs pédagogiques comprenant, notamment six salles de classe, deux laboratoires, un centre de documentation et d’information, une salle informatique, des bureaux avec tous les équipements ; des blocs de latrines et d’un logement pour le proviseur pour un montant total de 683 554 494 francs CFA.
Le diplomate s’est réjoui que le nouveau lycée offre une capacité d’accueil pouvant supporter jusqu’à 1 000 élèves et offrant un environnement confortable, convivial, propice aux apprentissages, à l’épanouissement des élèves et adapté aux besoins des équipes pédagogiques, techniques et administratives.
Le chef de la Cellule décentralisation et déconcentration de l’école, Saloum Ould Youbba, était animé d’une grande joie, après le constat de la bonne mobilisation des collectivités autour de la question éducative. Tout cela dénote, dit-il, que les populations à la base perçoivent de plus en plus l’importance et la place de l’école dans leur propre développement. Il a surtout mis l’accent sur l’exemple de Sangha où la population, à travers le dynamisme de la municipalité, en particulier du maire, est parvenue à acquérir un financement de près de trois milliards pour la construction et l’équipement d’un lycée professionnel.
« Cela mérite d’être connu et encouragé », a martelé le chef de la CAD.
Quant au directeur national de l’enseignement secondaire général, Kôrô Monzon KONE, il a surtout invité les collectivités à se mobiliser autour de l’école, dont une bonne partie des fonds et des compétences leur a été transférée par l’État dans le cadre de la politique de décentralisation menée par notre pays.
Reconnaissance du ministre à l’AFD
Le ministre de l’Éducation nationale a indiqué que la construction de ces nouvelles infrastructures scolaires à travers le pays rentrait dans le cadre du Programme décennal de développement de l’éducation (PRODEC), en vue d’offrir une formation de qualité à tous les enfants de notre pays. Dans le cadre de ce processus, a-t-il soutenu, notre pays a si heureusement bénéficié de l’accompagnement dynamique de l’ensemble de ses partenaires sociaux, techniques et financiers. Le PRODEC, a indiqué le ministre TOGO, a beaucoup contribué à l’amélioration de l’accès à l’éducation et de la qualité des enseignements-apprentissages ainsi que dans la gestion de notre système éducatif.
Le ministre a enfin salué l’AFD, le partenaire du jour ; d’autant que son intervention concerne le sous-secteur de l’enseignement secondaire où nos besoins en matière d’accès à l’éducation sont particulièrement importants.
Il faut rappeler que la France, à travers la coopération française pour le développement (AFD), accompagne pour un montant de 5,2 milliards de francs CFA, soit 8 millions d’euros, sous forme de subvention, la réalisation de la troisième phase du Programme d’investissement pour le secteur de l’éducation (PISE III) contribuant ainsi aux efforts du Gouvernement en faveur du développement du système éducatif. Ce concours consacré au développement de l’enseignement secondaire général comprend : un appui budgétaire de 657 957 000 de francs CFA ; l’amélioration de la qualité de l’enseignement secondaire général, à travers un appui au pilotage du système tant au niveau central, déconcentré que décentralisé ; l’élaboration de supports pédagogiques pour les enseignements dans les disciplines scientifiques ; la dotation en matériel et équipements de laboratoires de physique-chimie et biologie pour 1, 3 milliards de francs CFA.
La construction et l’équipement de quatre lycées dans les cercles de Barouéli et Tominian dans la région de Ségou ; Djenné dans la région de Mopti et Gourma Rharous, dans la région de Tombouctou ainsi que la réhabilitation du lycée Bouillagui, dans le district de Bamako pour un coût total de 3 279 785 000 francs CFA font partie de ce concours.
Par Sidi DAO, Envoyé spécial