Les responsables de l’AIPA (Association des importateurs des produits agro-alimentaires) ont animé, samedi dernier, une conférence de presse, à la Chambre du commerce et de l’industrie du Mali (CCIM). Objectif : Dénoncer ce qu’ils appellent les «tracasseries douanières» dont ses membres sont victimes.
Des propos des conférenciers, il ressort que c’est cette attitude des Douanes maliennes qui est à l’origine de la cherté des produits de consommation directe, comme la pomme de terre, l’oignon et les fruits et légumes sur les marchés de Bamako.
Cette conférence était animée par le secrétaire général de l’AIPA, Broulaye BALLO, qui avait à ses côtés, Mme Kadiatou LAH, Mme Alimatou DIOP et Soumaïla BAMBA, tous membres du bureau de l’association.
A l’origine de cette brouille entre les Douanes maliennes et les membres de l’AIPA, l’application de la réglementation des mesures de la CEDEAO pour tout produit alimentaire venant de l’étranger.
Selon les conférenciers, ce durcissement des conditions d’importation mises en vigueur par les Douanes maliennes, depuis 2015, est à l’origine de la cherté du prix de la pomme terre qui était importée du Maroc, sur les marchés de Bamako.
En effet, dans le but de protéger la production agricole locale et promouvoir l’agro-industrie, la CEDEAO, à travers le nouveau Tarif extérieur commun (TEC), a porté entre 20 et 35% le taux du droit de douane applicable à beaucoup de produits agricoles d’origine étrangère importés dans la Communauté.
Selon les conférenciers, depuis l’indépendance, le riz, la pomme de terre, les oignons et bien d’autres légumes et fruits sont importés en quantité pour permettre à la population d’avoir un accès, à des coûts raisonnables, à ces denrées sur les différents marchés du pays.
Dans le but de promouvoir la production malienne, les importateurs de ces produits connaissent des difficultés à nos frontières.
Au cours d’une conférence de presse, les membres de l’AIPA ont fustigé ces mesures des Douanes maliennes qui sont, de leur avis, de nature à provoquer la cherté du prix de ces produits, notamment de la pomme de terre qui est importée, essentiellement du Maroc.
Pour les conférenciers, ces mesures ne se justifient pas aujourd’hui dans notre pays dans la mesure où la production locale n’est pas encore en mesure de couvrir l’ensemble des besoins de la population pendant toute l’année.
Ce qui fâche davantage les importateurs de ces produits, c’est que cette mesure n’est pas en application de la même manière dans les autres pays de la CEDEAO.
«Nous sommes dans cette activité depuis très longtemps ; qu’ils sachent que nous sommes fils de paysans. En aucun cas nous ne pouvons chercher à nuire à nos parents que nous sommes souvent obligés d’aider financièrement dans leurs activités agricoles», s’est défendu Broulaye BALLO.
C’est parce que le stock national est épuisé, notamment, la production de pomme de terre et oignon à Sikasso, que nous commençons à importer de l’étranger, a soutenu M. BALLO. «C’est le rôle d’un importateur de servir son pays à sa manière et depuis les années 1917 que nous faisons ce travail après la rupture du stock national», a-t-il dit.
Selon lui, de 1997 à 2006, le Kilogramme de pomme de terre était dédouané entre 20 FCFA et 30 FCFA. Ainsi, le camion de 20 ou 30 tonnes était dédouané entre 200 000 et 300 000 F CFA.
De 2006 à 2012, les frais du kilogramme étaient fixés à 80 FCFA. Ainsi, le dédouanement d’un camion 30 tonnes revenait à l’importateur à 1 062 720 FCFA environ et celui de 60 tonnes à 2 125 440 F CFA.
De 2013 à 2014, la valeur était de 130 FCFA le kilogramme et le droit de douane s’élevait à 2 417 220 FCFA, le camion de 30 tonnes contre 4 8334 440 FCFA pour celui de 30 tonnes.
Avec l’application de la nouvelle tarification de la CEDEAO, le kilogramme de pomme de terre est aujourd’hui dédouané à 200 F CFA. Ainsi, les frais de douane d’un camion de 30 tonnes sont passés de 1 062 720 FCFA à 3 723 800 FCFA. Ceux de 60 tonnes à 7 447 600 FCFA contre 4 8334 440 FCFA en 2014. Le conférencier a précisé que ce montant ne prend pas en compte les frais de port et de transport en plus des pertes que l’importateur subit.
En comparaison avec certains pays de la sous-région comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, on se rend compte, selon le conférencier, que la valeur douanière varie pour les mêmes catégories de camions entre 500 000 et 2 millions de F CFA. Le pire, aux dires de M. BALLO, c’est que les camions, après dédouanement, sont reconduits encore à Faladjè aux motifs de vérification. Conséquences, compte tenu de nature des produits, une bonne partie se trouve en état de déconfiture à la sortie du camion de la douane.
Pourtant, l’AIPA est en bonne collaboration avec le groupement interprofessionnel pour la filière pomme de terre au Mali. «Nous les consultons toujours avant d’importer nos produits», a fait savoir M. BALLO.
Avant de terminer, il a invité le Gouvernement à intervenir dans le dossier pour soulager les populations.
Par Abdoulaye OUATTARA