La 10ème réunion du Comité de suivi de l’accord d’Alger s’est ouverte aujourd’hui à Bamako. Elle regroupe les différentes parties signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation. La rencontre de Bamako s’ouvre dans un contexte tendu entre les groupes armés signataires, notamment entre la CMA et la plate-forme après les violents affrontements qui ont opposé à Kidal le Gatia et le HCUA la semaine dernière.
Pour cette 10 réunion du Comité de suivi de l’accord, trois points sont inscrits à l’ordre du jour des discussions : le mécanisme et les modalités de mise en place des autorités intérimaires, le Mécanisme opérationnel de coordination, MOC, et la situation sécuritaire à Kidal.
Les travaux de Bamako interviennent dans un contexte de tension entre les groupes armés après les violents affrontements qui ont opposé la semaine dernière le Gatia et le HCUA. Les parties se disputent le bilan, et difficile d’établir des chiffres exacts. Mais selon plusieurs sources à Kidal, ces affrontements ont provoqué la mort de dizaines de combattants de part et d’autre.
Les deux groupes, respectivement membres de la plate-forme et de la CMA, avaient pourtant convenu d’un accord à Niamey il y a quelques jours sur « la gestion militaire et administrative de la ville de Kidal ». Mais cet accord a vite volé en éclat. C’est donc dans ce contexte de forte tension que s’ouvrent les travaux de la réunion de Bamako. Les parties se montrent peu bavards, et s’abstiennent de toute déclaration à la presse. La médiation, elle espère « une résolution rapide et définitive de la question de Kidal ».
Le week-end dernier, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU a déclaré que « les violences de Kidal montrent bien les limites des accords locaux et parallèles à l’Accord d’Alger ».
Pour certains observateurs, les affrontements de Kidal peuvent engendrer de nouvelles difficultés dans la mise œuvre de l’accord. Selon ces analystes la communauté internationale doit faire preuve de fermeté afin que le processus ne connaisse pas un revers.
Siaka Tiébilé Doumbia est analyste au Centre de recherche et d’analyse politique et économique et social. Il est joint au téléphone par Sékou Gadjigo :
« Je pense que maintenant, il appartient à la médiation d’être un peu plus ferme. Il n’est pas dans la stratégie de négociation de négocier sous pression. Là cette menace appartient à la communauté internationale. J’ai entendu le Représentant des Nations unies au Mali qui disait l’autre jour que Kidal est une plaie qu’il faut penser avec beaucoup de patience. Mais si on ne fait attention Kidal risque de sortir du processus. Et je pense que pour la réunion d’aujourd’hui, il faudra qu’on retienne qu’on doit saisir la chose en main. Parce que nous avons beaucoup de difficultés auxquelles la mise en œuvre de l’accord sera confrontée. Et au nombre de ces difficultés, il y a notamment le cas des autorités intérimaires. Aujourd’hui nous parlons de ce qui se passe à Kidal, mais également il faut penser à ce qui s’est passé à Gao. Tout cela découle de cette histoire de mise en œuvre des autorités intérimaires. Je pense que plus que jamais, il faut que la communauté internationale, qui a parrainé ces accords, prenne ses responsabilités pour qu’il n’y ait pas un revers dans le processus ».