C’est le propos de Salikou Sanogo premier vice président de l’union pour la république et la démocratie(URD) lors de la conférence de presse ce lundi 25 juillet 2016 à la maison de la presse.
« Merci d'être venus à ce point de presse qui consistera à partager avec vous les préoccupations de l'URD suite aux graves événements survenus à Nampala et à Kidal la semaine dernière. Nous avons humblement attendu la fin du deuil national pour vous convier à cet exercice important.
Je vous prie de bien vouloir observer une minute de silence en la mémoire de nos vaillants soldats tombés sur le champ de l'honneur.
Mesdames, Messieurs les journalistes,
I- Sur la situation de Nampala :
Le 19 juillet 2016, tôt le matin, le camp militaire de Nampala a été attaqué par des hommes lourdement armés. Le bilan est lourd : 17 morts, 35 blessés et des dégâts matériels très importants. L'URD a immédiatement condamné ces actes, le parti a présenté ses sincères condoléances aux familles des militaires tombés sur le front et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés. Toute la Nation s'est indignée. Indignée par la barbarie et l'atrocité des faits, indignée par la communication désastreuse entretenue autour de cette tragédie par le Gouvernement. Le Président de la République a réuni un conseil de défense le même jour pour ensuite reconnaître qu'il y a eu des dysfonctionnements au sein de l'appareil militaire sans aucune précision.
Le Ministre de La Défense déclare avec un sérieux déconcertant le même jour à la Télévision nationale que "nos forces sont revenues prendre le contrôle du camp et sécuriser la ville". Son message a été relayé par son homologue de la communication, porte-parole du Gouvernement sur RFI le lendemain 20 juillet 2016. Au même moment les populations de Nampala étaient abandonnées à elles mêmes. Aucun renfort pompeusement annoncé par ces deux membres du Gouvernement n'était présent dans la ville. Le maire de Nampala, entre autre, interrogé par la presse malienne et internationale dont Jeune Afrique, a démenti formellement les propos tenus la veille par les deux ministres.
Nous savions que le mensonge d'Etat était le sport favori du régime IBK, mais de là à vouloir rassurer tout un peuple, après des faits aussi graves qu'intolérables, par des mensonges grotesques, constitue le pire des mépris qu'un régime peut avoir envers son peuple. Pourquoi mentir que Nampala a été sécurisée alors que rien n'en était ? Pourquoi ? Pourquoi ? Si la ville était réellement sécurisée pourquoi le Président de la République ne s'y est pas rendu pour célébrer nos vaillants soldats tombés sur le champ de l'honneur ? Qu'est-ce qui s'est passé réellement ? Qu'est-ce que le Gouvernement cache au peuple ? Devons-nous continuer à assister désespérément à l'assassinat lâche et barbare de nos vaillants soldats ? Pourquoi nos forces ne sont pas suffisamment outillées pour faire face à l'ennemi ? Qu'est-ce qu'on a fait de la loi de programmation militaire votée à l'unanimité par l'ensemble de nos députés ? Voilà entre autres des questions auxquelles le Président de la République doit répondre devant le peuple.
Mesdames, Messieurs
Ce qui s'est passé à Nampala est gravissime et ne saurait être occulté en aucune manière : Ce sont ceux qui sont chargés de notre défense et de notre sécurité qui ont été attaqués sur leur base et le peu de matériel emporté ou détruit, leur camp brûlé devant des populations désemparées !
Alors que dire ? Que faire ?
Après chaque attaque contre les positions de notre armée l'URD s'en inquiète et exige du Gouvernement plus d'efforts pour doter nos forces armées et de sécurité en équipements adéquats leur permettant d'assurer efficacement la sécurité des personnes et de leurs biens, sans succès. Je ne me lasserai jamais de rappeler que les valeurs fondatrices de l’URD sont enracinées dans son attachement indéfectible à la République, à la Démocratie, à l’état de droit, à la justice et à l’égalité citoyenne. C’est pourquoi, notre parti ne cessera jamais de dénoncer les dérives qui menacent dangereusement les fondements et les valeurs de notre République. Nos voix sont souvent étouffées par la censure des médias publics mais entendues quand même, grâce à vos plumes, vos ondes et grâce à vos courageuses insistances. Un Président et un Premier ministre d'un pays en crise comme le nôtre, peuvent-ils se permettre de garder dans une équipe gouvernementale, censée apporter la paix et la stabilité, des ministres déconnectés de tout sauf du mensonge ? Sous d'autres cieux les deux ministres, à défaut de se démettre, devaient être purement et simplement remerciés du gouvernement. Rien ne fit !!! Quel mépris pour le peuple martyrisé, humilié, trimballé du Mali!!
Mesdames, Messieurs les journalistes,
L'URD a toujours déploré l’attitude défensive du Gouvernement face aux forces du mal tout en lui demandant de prendre toutes les initiatives en vue d'éradiquer ce fléau. Mais hélas le constat est toujours amer !
Inutile de vous rappeler que c'est la énième fois que Nampala fait l'objet d'attaques et nous avons toujours entendu le même refrain : " les dispositions ont été prises pour que ce qui s'est passé ne se reproduise plus..." Malheureusement lesdites dispositions sont restées toujours sans effet.
Cette fois-ci un deuil national de trois jours a été décrété par le Gouvernement sur instruction du Président de la République. Des hommages mérités ont été rendus aux disparus le jeudi 21 juillet 2016 à Ségou. Nous réitérons nos condoléances les plus attristées aux familles des disparus et nos vœux de prompt rétablissement aux blessés. Au cours de cette cérémonie, le Président de la République, Chef suprême des armées, a déclaré je cite : "Jour et nuit, je remue terre et ciel à dire à nos amis que l’arme aérienne est nécessaire pour notre défense. Nous ne sommes pas fabricants d’armes. Nous avons besoin de solidarité vraie et non mégotée". Fin de citation.
A en croire le Président de la République, tout a été fait par certaines puissances pour empêcher l’équipement des FAMA. «Mais vous serez équipés inch’Allah. Ou alors notre vie n’aura pas de sens. Notre mission n’est pas de venir jouir du pouvoir, mais de servir le Mali. Et servir le Mali aujourd’hui, c’est servir nos forces armées de défense et de sécurité», a rappelé le Président de la République dans le camp Tièba Traoré de Sikasso en août 2015. Il a poursuivi en ces termes : " Dans toute société, le partage du pain n’a jamais été indifférent, pour vous dire que la vie de chacune et de chacun d’entre vous m’importe au plus haut degré. Et nous ferons tout pour qu’elle soit sauve, pour que vous soyez en capacité de défense dans toute circonstance grâce aux équipements auxquels vous avez droit et dont vous avez besoin. Quand vous êtes en mission, je ne dors pas ". Se souvient-il de ces déclarations qu'il a tenues il y a un an à Sikasso ? Qu'en est-il exactement aujourd'hui ? Avec tout ce qui se passe actuellement sa vie a-t-elle un sens ? Nos forces de défense étant en mission en permanence, le manque de sommeil l'a-t-il désorienté ? Où sont les hélicoptères dont l'acquisition avait été annoncée il y a quelques mois ?
Il est vraiment temps que le Président de la République explique aux Maliens Pourquoi notre armée ne dispose pas encore d'avions et d'outils adéquats de combats ? Sachant pertinemment que le Président de la République, dès l'entame de son mandat a pu se procurer très rapidement aux frais du contribuable, un avion présidentiel sous le vocable "avion de commandement "au prix d'achat jusque là inconnu du peuple, Qu'est-ce qui empêche le Mali d'acquérir ces instruments essentiels pour la sécurité de nos forces et de notre pays ? Quels sont les amis du Mali qui refusent que nos FAMA soient équipées d'armes aériennes ?
Au delà de l'incompétence avérée du Ministre de La Défense, le Président de la République n'est pas exempt de reproches au manque d'équipements de nos forces armées. N'oublions jamais, qu'il est le chef suprême des armées ! Il a l'obligation de s'expliquer et de nous dire la vérité rien que la vérité sur ce sous- équipement endémique de notre Armée.
II- Sur la situation de Kidal :
Mesdames, Messieurs les journalistes,
Le samedi 16 juillet 2016, dans cette même salle lors de la conférence de presse organisée par l'opposition, le président de l'URD, l'honorable Soumaila Cissé déclarait je cite : " si l'accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d'Alger constituait un vrai et bon remède en l'état, les autorités maliennes allaient au moins fouler le sol de Kidal ne serait-ce que pour consacrer la symbolique de la présence de l'état malien sur l'ensemble du territoire national." Fin de citation.
Le Dimanche 17 juillet 2016, dans une déclaration faite à Niamey, sous l'égide du Premier ministre du Niger, la CMA et la Plateforme se sont entendus sur la gestion bipartite de la ville de Kidal renforçant ainsi l'interdiction faite au Gouvernement malien de s'immiscer dans les affaires de Kidal, pourtant une région du Mali.
Quelques jours après, contre toute attente, la vive tension qui existait entre les deux groupes armés, ayant entraîné la médiation nigérienne, a vite dégénéré. Des combats violents ont opposé les deux parties les 21 et 22 juillet 2016 à Kidal. Le bilan est lourd. Le Président de la République n'a pas jugé utile de s'exprimer. Le Gouvernement, à travers son porte-parole, a produit un communiqué très confus sur l'identité des belligérants dans lequel il n'a pas cru bon condamner les violences en se contentant tout simplement d'affirmer " qu'il suit avec gravité les affrontements..." Et pire, le Gouvernement poursuit en ses termes : "En conséquence, le Gouvernement de la République du Mali demande à la CMA et au HCUA de faire preuve de retenue et d'arrêter les hostilités dans l'intérêt supérieur des populations." Cette affirmation prouve à suffisance que le Gouvernement a abandonné la ville de Kidal car ne sachant même pas que les hostilités ont opposé le GATIA et le HCUA (Groupe membre de la CMA) et non la CMA et le HCUA.
Quel autre message le Gouvernement a voulu lancer au Peuple si ce n'est du mépris et de la moquerie ? Étant entendu que ces événements injustifiables se déroulaient au moment où le Président de la République rendait hommage à nos vaillants soldats qui venaient d'être lâchement abattus à Nampala : en un mot, au moment où on observait un deuil national de trois jours sur toute l'étendue du territoire national.
Mesdames, Messieurs les journalistes
Les dérives du pouvoir ont atteint un seuil dangereux mettant à nu l'incompétence du Gouvernement du Premier ministre Modibo Keita. Nous avons alerté ! vous avez, avec nous, dénoncé toutes les dérives (corruption-concussion – gabegie financière-mensonges) qui caractérisent la gouvernance actuelle de notre pays.
Nous avons invité en vain le Président de la République, dans l'intérêt de la Nation, à réviser de manière radicale la gouvernance qu'il a instaurée depuis son accession au pouvoir. Nous arrivons à la triste conclusion que le Président de la République et son gouvernement font preuve d'incompétence patente et avérée. Les scandales et manquements d'une gouvernance vertueuse, le manque d'équipements de nos forces de défense en plus de la menace de partition qu'ils font peser sur le pays par leur entêtement à vouloir appliquer un accord totalement à rebours de la volonté du peuple en constituent la parfaite illustration. Aujourd'hui le Président de la République et son Gouvernement doivent reconnaître, pour leur honneur, pour celui du Mali et pour le bonheur des maliens qu'ils sont dépassés par les événements et tirer les conséquences de leur incompétence. Ce sera justice ».
Je vous remercie
L’ Exposé Liminaire du Premier Vice-président de l'URD, le Professeur Salikou Sanogo