Forte de ses 80 % au sein de la population, l’agriculture malienne est toujours caractérisée par l’utilisation de moyens traditionnels par la majeure partie des populations rurales.
La mécanisation tant souhaitée du secteur agricole par les hautes autorités demeure un vaste chantier dont sa réalisation prendra encore du temps. Il suffit de faire un tour dans le Mali profond pour se rendre compte de cette évidence.
La quasi-totalité des producteurs utilisent encore la daba, au mieux des cas la charrue. Et pourtant la Banque mondiale parle de plusieurs milliards injectés dans le secteur pour la recherche et la technologie. Mieux notre pays a affecté 15 % de son budget au secteur depuis 2014, sans oublier la subvention des intrants et tout récemment de l’octroi de 1000 tracteurs à des producteurs.
Au Salon international de l’agriculture (Siagri-2016), le chef de l’Etat avait clairement affiché sa volonté de passer à l’utilisation des machines en lieu et place de la daba. Aujourd’hui cette volonté se manifeste pour quelques rares producteurs nantis, sinon la réalité du terrain est tout autre.
Le 14 juin dernier lors d’une mission dans la région de Sikasso, nous avons interrogé quelques producteurs de Kaminèbougou, un petit village situé à une centaine de kilomètres de Sikasso, sur l’effet de l’effort du gouvernement en termes d’investissement et de subvention pour booster le secteur et permettre la mécanisation.
La réponse est globalement celle-ci : “A part ce que nous entendons à la radio et à la télé, nous ne sentons rien ici. Et généralement nous ne donnons pas trop d’importance aux promesses des chefs de Bamako, car dans la plupart des cas elles finissent en queue de poison”.
“Je suis moi-même un gros producteur de ce village, dit un autre habitant de la même localité, nous avons offert l’année dernière plus de 700 tonnes de coton à la CMDT, mais j’avoue que tout se fait ici à la daba et dans les conditions pénibles, le chef de zone de Kignan pourrait en témoigner”.
Que doit faire le gouvernement ? Nos interlocuteurs répondent : “Les chefs à Bamako doivent venir sur le terrain pour voir de visu les réalités. Ils ne doivent pas s’enfermer dans les bureaux climatisés et prendre des décisions qui ne nous profitent pas”.
Une chose est sûre : aujourd’hui il est nécessaire d’auditer les fonds injectés dans la mécanisation qui ne profite visiblement pas aux vrais acteurs. En attendant, la fin programmée de la daba s’éloigne un peu plus.
Zoumana Coulibaly