Il doit œuvrer à la réalisation dans notre pays des objectifs de l’organisation régionale à savoir la reconstruction économique et sociale de la région du Sahel, afin d’assurer à ses peuples la paix, la sécurité, la stabilité, la démocratie et la prospérité
Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de l’Intégration africaine, Abdoulaye Diop, a présidé la cérémonie d’ouverture de l’atelier de lancement des activités du Comité national de coordination des actions du G5 Sahel au Mali. C’était hier au Centre international de conférences de Bamako, en présence des ambassadeurs, des représentants des Organisations internationales et des partenaires techniques et financiers, ainsi que des représentants des Organisations de la société civile et du secteur privé.
Cet atelier permettra de donner une meilleure visibilité à la Stratégie pour le développement et la sécurité des pays du G5 Sahel, d’une part, ainsi qu’aux activités du Comité national de coordination (CNC), d’autre part, en vue de l’élaboration et la mise en œuvre effective de notre Programme d’investissements prioritaires (PIP).
Le ministre Diop a invité l’assistance à observer une minute de silence à la mémoire des vaillants et intrépides soldats tombés au champ d’honneur lors de l’attaque contre la caserne de l’armée à Nampala. « Les responsables de ces actes abominables ne cherchent nullement à réaliser les aspirations légitimes du peuple malien mais à éliminer tout espoir de paix », a fustigé Abdoulaye Diop.
L’atelier se tient à un moment particulièrement crucial où des combats viennent d’avoir lieu à Kidal entre la CMA et le GATIA, faisant des dizaines de morts et autant de blessés. Cette cérémonie de lancement, selon le chef de la diplomatie, atteste, si besoin est, de l’intérêt que les institutions de notre pays accordent aux questions de développement et de sécurité dans l’espace du Sahel. Un espace gagné par la poussée islamiste avec l’implantation de groupes terroristes et la multiplication des trafics. « Notre objectif est clair : la reconstruction économique et sociale de la région du Sahel, qui donnera à ses peuples la paix, la sécurité, la stabilité, la démocratie et la prospérité. Pour réussir, il faut continuer sur la voie d’une approche résolument inclusive et multidimensionnelle. »
Le ministre Diop reconnaît, toutefois, que les défis sont nombreux. Au plan sécuritaire sous-régional, la bande sahélienne cumule la radicalisation religieuse, la résurgence des rébellions armées et des conflits intercommunautaires, les fragilités structurelles, l’apparition de nouvelles routes d’immigration clandestine, de la drogue, de trafics d’armes illicites, de blanchiment d’argent et les risques sanitaires. Toutes choses qui, fera-t-il observer, contribuent à l’instauration d’une insécurité chronique dans cet espace et empêchent en conséquence les efforts de développement entrepris par nos Etats et nos partenaires.
« Aussi, assistons-nous, selon le ministre Diop, à l’émergence de partenariats d’opportunité entre réseaux criminels et terroristes, dont le développement est facilité par l’absence des structures étatiques et par l’extension des zones de non-droit. Ce qui doit nous alerter sur la nécessité d’investir dans la durée en faveur du développement et de la gouvernance ».
Au plan socio-économique, les populations du Sahel demeurent durement confrontées aux aléas climatiques, à une insécurité alimentaire et nutritionnelle quasi-permanente, et à un déficit en infrastructures et services de base (transport, énergie, hydraulique et télécommunications).
Allier développement et sécurité. Aujourd’hui, ces populations ont, plus que jamais, besoin d’un horizon plus visible et plus crédible pour retrouver l’espoir et se mobiliser de façon constructive afin de réussir leur développement durable.
Au plan national, seul le processus inclusif de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, y compris notamment la mise en place des Autorités intérimaires, peut permettre la consolidation des progrès réalisés sur les plans politique, sécuritaire et de développement, a indiqué le ministre Diop. « Dans la poursuite de cette dynamique positive, nous saluons, encore une fois, l’adoption, à l’unanimité, de la résolution 2295 du Conseil de sécurité des Nations unies visant à accroître les moyens dont dispose la MINUSMA, pour pleinement remplir son mandat », poursuivra-t-il. La légitimité que celle-ci incarne et son expertise sont autant de raisons pour justifier un rôle véritablement central.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita et ses pairs du Burkina Faso, du Niger, de la Mauritanie et du Tchad ont décidé la création du G5 Sahel, le 16 février 2014 à Nouakchott, a rappelé Chériff Hamidou Ba, Point Focal du G5-Sahel au Mali. Aujourd’hui, dira-t-il, ce cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité s’avère comme un élément fondamental pour la stabilisation de la région, ceci aussi bien sur le plan économique que sécuritaire.
Le G5 Sahel vise principalement à allier le développement et la sécurité soutenus par la démocratie et la bonne gouvernance dans un cadre de coopération régionale et internationale mutuellement bénéfique ; à créer un environnement de sécurité de proximité dans la région du Sahel à travers la mutualisation des efforts des pays du Sahel dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée (CTO) ; et à assurer le plein exercice de la souveraineté de nos Etats sur leurs territoires respectifs et ce, en consolidant les efforts déployés en matière de stabilisation, de réconciliation, de bonne gouvernance. Il s’agit aussi de promouvoir un développement régional inclusif et durable visant à améliorer les conditions de vie des populations.
Pour ce faire, la Stratégie pour le développement et la sécurité des pays du G5 Sahel ambitionnent de réaliser l’intégration économique sous-régionale, en faisant de la paix et de la sécurité, la condition sine qua non de la croissance et du développement durable.
Assortie d’un Programme d’investissements prioritaires (PIP) 2016-2018, en cours de finalisation, cette stratégie s’articule autour des secteurs de la défense et de la sécurité, de la gouvernance, du développement des infrastructures et de la résilience économique. Le ministre Diop estime que le G5 Sahel et ses partenaires doivent aller plus loin dans l’identification, la programmation et la validation des programmes et projets à inscrire dans la Stratégie pour le développement et la sécurité des pays du G5 Sahel.
Les responsables chargés du dossier G5 Sahel doivent également assurer la mise en œuvre effective de la feuille de route conjointe UE-G5 Sahel, axée notamment sur la gestion des flux migratoires, le renforcement de la sécurité dans les zones frontalières, la lutte contre la criminalité organisée et la création des opportunités économiques durables pour la jeunesse.
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