Le quart de finale que toute la population de Ségou et partant, tout le pays, attendait n’a pas eu lieu comme prévu le samedi 23 juillet au Stade Amary Daou de Ségou. Tant les Ségoviens espéraient sur une renaissance de leur football dans cette compétition, 34 ans après l’épopée des Vital Ky en Coupe du Mali. Que s’est-il passé ? Le film.
Le 2 juillet 2016, une nouvelle Ligue de football a été mise en place dirigée par Cheick Oumar Soumbounou, et reconnue une semaine après par l’association faîtière, la Fémafoot, mais que l’ancien bureau présidé par Mamadou Sow, suspendu par la Femafoot pour 10 ans, conteste. Le 16 juillet, lors des 8èmes de finales joués à Ségou entre l’AS Bakaridjan et le COB, les deux bureaux se sont réclamé organisateurs de la rencontre. Malgré les consignes de la Fémafoot, le gouverneur de Ségou a instruit à ses collaborateurs directs (Directeur du Stade, Directeur régional des Sports et Commissaire de police) de confier l’organisation à l’ancien bureau, en attendant de voir clair, étant donné qu’il était sur le point de voyager. Ce qui fut fait, sans problème et sans heurt.
La semaine dernière, pour les quarts de finale, le nouveau bureau, avec forte documentation, a eu une séance de travail avec le gouverneur qui a, du reste, promis de trancher le litige à la veille du match, c’est-à-dire samedi 23 juillet 2016. C’est le Commissaire de police, Mohamed Lamine Cissé, qui a appelé le nouveau secrétaire général de la Ligue, Boubacar Sissoko, vendredi 22 juillet à 12 h, pour lui dire que le gouverneur venait de leur notifier l’organisation du match devant le Directeur régional des sports et le Directeur du stade Amary Daou, et de porter l’effectif de la sécurité à 30, au lieu de 20, comme précédemment annoncé.
La réunion technique, dirigée par le délégué fédéral, Ibrahim Sangaré, a donc eu lieu samedi dans la matinée, quand juste après une trentaine de jeunes enfants ont fait irruption sur le gazon, empêchant les organisateurs de tracer le terrain. Ils seront bastonnés par les stadiers de la nouvelle Ligue. Le délégué fédéral en a profité pour rencontrer le gouverneur à midi, afin de lui faire part du calendrier de la Coupe du Mali, avec le protocole de la Présidence de la République qui a donné son OK pour la présence d’IBK à la finale le 13 août ! Donc, impérativement le quart de finale devait se dérouler, afin que vendredi prochain, le tirage des demi-finales soit effectif à la Télévision nationale. Ce dernier était en compagnie des arbitres pour le contrôle de présence des joueurs à 15 h, quand le directeur du stade a ramené un avis radiodiffusé, signé par le directeur de cabinet du gouverneur, reportant le match jusqu’à nouvel ordre, à cause des menaces qui planent sur le match.
Le délégué fédéral a expliqué au directeur du stade qu’il n’avait aucune autorisation de prendre cette initiative sans se référer à lui, car, au moment où le papier était signé, il n’y avait aucun problème de sécurité, les échauffourées s’étant vite éteintes depuis 10 heures. Mais, celui qui a failli être lynché par le public (le directeur du stade, Dasson Daou) était déjà taxé de pro-ancien bureau et se démêlait comme un beau diable pour que le match ne se joue pas (malgré les instructions du gouverneur vendredi à midi, il a ouvert l’enceinte bien sécurisée du stade Amary Daou aux jeunes manifestants toute la nuit et surtout, encore le lendemain matin, sans demander une intervention de la police).
Le gouverneur a été piégé par ses collaborateurs, alors que c’est un problème d’association et une organisation de Coupe du Mali qui appartient à la Fémafoot. Il vient de comprendre que son acte, au lieu d’éviter des menaces (il est là pour les circonscrire), en rajoute davantage. Car les Ségoviens lui ont expliqué que si leur équipe perdait le match, il en serait responsable, lui qui n’a jamais subventionné un club de football, et qui refuse le droit à la Fémafoot de décider qui elle reconnaît !
Boua TOURE, depuis Ségou