En marge de la cérémonie d’hommage des victimes de Nampala, présidée par le président IBK, ce jeudi, au camp Amadou Sékou TALL de Ségou, des habitants de la cité des balanzan, approchés par nos soins, ont laissé éclater leur colère. Même si beaucoup ont voulu s’exprimer sous l’anonymat, il n’en demeure pas moins que l’union sacrée soit préservée. Emotion et soutien à l’armée ainsi qu’à son commandant en chef et aux familles des victimes…
Joseph DEMBELE , un doyen :
«Ce qui est arrivé à Nampala peut nous arriver à Ségou »
Ce qui est arrivé à Nampala peut nous arriver à Ségou : nous n’y sommes pas en sécurité. Cela, eu égard au comportement de nos hommes en uniforme. Tout le temps, nous voyons des Pick-up de l’armée, toujours stationnés devant des cabarets. Cela dénote d’un certain manque de concentration en ces temps de crise, même s’il faut reconnaître qu’il y en a beaucoup qui veillent au grain et qui font de leur mieux pour parer à toute éventualité.
Je pense que le président de la république, chef suprême des armées, a bien fait de se déplacer à Ségou pour cette cérémonie funeste. Mais, on doit faire attention, sinon, si ça continue comme ça, on n’en finira pas avec les morts et ces cérémonies funestes. Je pense que nos hommes ne sont pas aussi bien équipés, comme on le souhaite. Toutes mes condoléances pour les soldats décédés.
Une ménagère, sous l’anonymat :
«Nos hommes ne sont pas équipés»
Nous sommes tous inquiets. Nos hommes ne sont pas équipés et on les envoie à la boucherie. C’est la fatalité. Nous demandons au président de la république et au gouvernement d’équiper nos soldats pour qu’ils aillent laver l’affront. Je crois qu’il est temps que cela soit le cas. Car, nous sommes sur les nerfs à Ségou. Avec l’arrivée d’IBK, on pensait que l’on pourrait reconstruire le pays ; mais l’espoir n’est aujourd’hui au rendez-vous. Si les blanc te domine, tu ne peux pas nous dominé car c’est nous qui t’avons élus.
Je prie Dieu et demande au gouvernement de tout faire pour assurer la sécurité de nos hommes dans leur mission.
Un habitant, sous l’anonymat :
«Nous saluons le
président IBK pour son
déplacement »
Ce qui est arrivé fait partie des réalités de l’armée. Je pense que les autorités nationales doivent se pencher sur la question de l’équipement de nos soldats. Le manque de moyens de l’armée nous donne froid dans le dos, en ce sens que sans outils adéquats, on ne peut pas bien travailler dans l’armée, surtout dans le contexte que nous vivons actuellement, où les menaces sont nombreuses et complexes. Je prie pour le repos de l’âme de nos disparus. Nous saluons le président IBK pour son déplacement à Ségou.
Un représentant des chefs de quartier, sous l’anonymat :
« Je veux que le
président nous donne des garantis pour la sécurité»
Je veux que le gouvernement nous donne des garanties pour la sécurité de nos populations et de nos hommes en uniforme dans leur mission, car on ne voit pas, pour le moment, cet impact sur nos vies de tous les jours. Le déplacement du président IBK est salutaire d’autant qu’il nous rassure, en même temps qu’il galvanise la troupe.
Mohamed Lamine SANOGO :
«Nous sommes prêts à prendre les armes»
Je salue l’arrivée du président à Ségou pour cette cérémonie solennelle qui est de nature à rassurer nos hommes en uniforme. Cette question de rébellion n’est rien d’autre qu’un complot contre notre pays et assurément, les traites sont aux pieds de nos dirigeants. Pour s’en sortir, il faut que les Maliens se mobilisent autour de leurs dirigeants. C’est en cela que nous évitons le pire pour notre nation. Les attaques terroristes posent souvent la responsabilité collective. Sinon comment comprendre que des assaillants traversent tout le territoire pour commettre des tueries sans que personne ne s’en apercevoir et ne le signale aux autorités concernées. Si l’arrivée du président IBK à Ségou nous réconforte, il est aussi important, pour l’armée, de revenir au fondamental du métier des armés, car le soldat, c’est aussi la vigilance à toute épreuve. Il n’est pas normal qu’en temps d’hostilités que le soldat se fait aussi surprendre, comme ça. Si rien n’est fait pour inverser la situation, les citoyens sont prêts à prendre les armes pour assurer leur sécurité.
Un parent de victimes, sous l’anonymat :
«C’était prévisible»
Je ne suis pas surpris par ces événements puisque c’était prévisible. Il y a nécessité de prendre le taureau par les cornes pour renforcer la capacité opérationnelle de l’armée et d’inverser le mode de recrutement des soldats qui doit respecter les normes en la matière. Il est vain de lier recrutement au sein de l’armée au phénomène de chômage des jeunes, sinon c’est le pays qui continuera à payer le prix le plus fort.
Le président IBK est sur place, pour soulager les parents des victimes, c’est une bonne chose. Mais, il doit changer de fusil d’épaule, car il est lui élu en majorité par les Maliens, non pas pour faire la figuration. Il a la mission de changer les choses dans le pays et cela commence par les institutions les plus solides, comme l’armée, la justice, l’administration…
Mme Fofana Alkaba YATTARA, une magère:
«L’accord n’est pas bon»
Je suis très amère pour ce qui s’est passé à Nampala. Si une femme perd son enfant dans cette guerre, c’est comme si toutes les femmes maliennes ont perdu en même temps un enfant. C’est la même chose pour les maris. Nous sommes tous attristés. Aujourd’hui, nous en avons marre de cette guerre et de ses conséquences sur notre vivre en commun. J’invite l’entourage du président de la république à l’aider à changer les choses. Tout le monde voit que l’accord, qui été signé à Alger, n’est pas bon, mais, pour la paix dans notre pays, nous devons aller à l’essentiel, en se mobilisant autour du président de la république pour sauver la situation.
Un jeune, sous l’anonyme :
«Les soldats sont
braves »
Nous avons un sentiment de tristesse avec cette attaque terroriste, lâche et barbare, contre notre armée. A croire qu’elle a été perpétrée par un mouvement supposé défendre les peulhs dans ce pays. C’est une grave insulte à la conscience collective de ce pays de solidarité, riche de ses diversités. Ce qui s’est passé n’est la faute de l’armée : les soldats se sont toujours sacrifiés la stabilité et l’unité de ce pays. On va toujours continuer à les encourager et à saluer pour ce courage et pour cet amour à la patrie. Pour le renforcement des capacités de l’armée, il est stratégique que le président de la république, chef suprême des armées, revoie les choses. Certes, il y a beaucoup de contraintes à ce niveau, au plan international, mais il importe qu’il dote l’armée des équipements adéquats pour qu’elle réussisse sa mission.
Propos recueillis par Abdoulaye OUATTARA, Envoyé Spécial