«Nous ne sommes pas contre la relecture de la constitution, mais nous n’allons jamais accepter que la volonté clairement exprimée par le peuple malien en 1992 puisse être chamboulée ou mise en cause par la volonté de quelques individus». Voici des propos tenus par le Président du Syndicat autonome de la magistrature (SAM), Cheick Mohamed Cherif Koné. C’était à la faveur d’une conférence de presse tenue le mardi 26 juillet 2016 à la Maison de la Presse.
Expliquant les tenants et aboutissants des points de revendication de leur cahier de doléances, les magistrats en ont profité pour exprimer leur point de vue sur le processus de la révision constitutionnelle prônée par les plus hautes autorités.
La position du SAM est on ne peut plus claire: «Oui pour la révision, mais non pas pour satisfaire des désirs sans fondement sur le dos de la justice». Du point de vue de Cheick Mohamed Cherif Koné, le SAM est entièrement d’accord que la constitution soit relue dans le sens surtout de prendre en compte les aspects de l’Accord issu du processus d’Alger. Mieux, il pense que la constitution est une œuvre humaine qu’on peut parfaire. «Notre constitution comporte des avancées réelles et s’il y a des aspects qui sont gênants on peut y apporter le correctif nécessaire. Mais, nous n’allons jamais accepter que la volonté clairement exprimée par le peuple malien en 1992 puisse être chamboulée ou mise en cause par la volonté de quelques individus. S’il faut dévier cette préoccupation pour satisfaire des désirs sans fondement sur le dos de la justice, ils nous trouveront sur leur chemin», prévient le patron du SAM.
Cette mise en garde s’explique, dit-il, par des informations selon lesquelles le gouvernement serait dans la dynamique de faire ôter le statut de ‘’pouvoir’’ à la justice pour lui redonner le statut d’’’autorité’’ judiciaire. Il se pose la question de savoir en quoi cela gène le fait d’avoir érigé la justice en pouvoir ? Pour Cheick Mohamed Cherif Koné, quand on érigeait la justice en pouvoir en 1992, cela a été considéré à l’époque comme une grande avancée, saluée au plan mondial. Et beaucoup de pays africains, selon lui, s’en sont inspirés.
En outre, il est question, dit-il, de déclasser la Cour constitutionnelle pour conférer le pouvoir judiciaire à un autre organe, d’où la question de savoir quel autre organe de ce pays peut répondre des tribunaux et des autres juridictions du Mali en dehors de la Cour suprême. Pour le premier responsable du SAM, l’initiative d’une révision constitutionnelle appartient au Président de la République ou aux deux tiers des députés. Mais, il affirme que tout laisse croire que cette initiative de révision vient du gouvernement. «Il faut qu’il y ait des communications suffisamment claires pour que nous puissions être en symbiose avec notre constitution qui est l’œuvre d’un peuple souverain. En tout cas, nous sommes suffisamment préparés», avertit Cheick Mohamed Cherif Koné.
Ibrahim M.GUEYE