Porte-parole : Radhia Achouri
Le point sur la situation à Kidal
Comme vous le savez, le 21 juillet, de violents combats entre des éléments des deux mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali ont éclaté, faisant plusieurs morts et de nombreux blessés et semant la terreur dans la ville de Kidal. La MINUSMA a condamné ces affrontements et lancé un appel au calme et au respect du cessez-le-feu. Elle et s'est engagée à diligenter une enquête indépendante, en vue de situer les responsabilités de ces attaques. Elle a indiqué avoir pris des dispositions pour assurer la protection de la population civile et la défense de son mandat et qu’elle utilisera, à cette fin, tous les moyens nécessaires conformément à la Résolution 2295 (2016) du Conseil de sécurité des Nations unies.
Ces combats ont également été condamnés par le Secrétaire Général de l’ONU qui a déploré cette première violation du cessez-le-feu depuis septembre 2015 et qui a eu lieu au moment où les parties signataires progressaient vers l’établissement des autorités intérimaires dans les régions du nord.
Il a appelé les responsables des deux groupes armés signataires à restaurer le calme et leur a rappelé leurs engagements et obligations concernant la protection des civils, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et du droit international.
Les deux communiqués de presse, publiés rspectivement les 21 et le 22 juillet derniers, vous on été transmis par courrier electronique et sont diposnibles sur le site internet de la MINUSMA.
S’agissant des mesures prises par la MINUSMA, il a signalé que la Mission, au niveau de son bureau regional à Kidal et avant le declenchement des combats, avait deployé, des efforts intensifs pour dissuader les parties de recourir à la violence. Cependant, les combats ont ete engagés en violation du cessez-le-feu.
À la suite des affrontements, la MINUSMA a pris plusieurs mesures, en particulier pour protéger les populations civiles.
Conformément à son mandat, la MINUSMA a agi et continue d’agir à 4 niveaux :
Des démarches politiques intensives, dans le cadre des bons offices stipulés dans son mandat, ont été déployées au niveau du Chef de la MINUSMA et de son adjoint, chargé des affaires politiques, et au niveau du chef de son bureau régional à Kidal auprès du leadership des mouvements dont les éléments ont été impliqués dans les combats, pour assurer une cessation des hostilités et un règlement par la voie du dialogue des questions contentieuses qui les opposent. Des concertations très étroites avec les hautes autorités maliennes ont été menées et continuent toujours.
Dans ce cadre, le Représentant Spécial du Secrétaire Général et Chef de la MINUSMA, M. Mahamet Saleh Annadif a notamment été reçu en audience par le Président Ibrahim Boubacar Keita pour échanger sur la situation sécuritaire dans le pays. Le RSSG s’est également entretenu avec plusieurs officiels maliens, y compris le ministre de la Défense et le Premier ministre. Le Chef de la MINUSMA a également reçu en audience les notables de Kidal présents à Bamako pour échanger sur les tensions dans la ville de Kidal. Ses contacts avec le leadership des deux mouvements signataires de l’Accord de paix continuent.
Au niveau du bureau régional de la MINUSMA à Kidal, le Chef du Bureau et son équipe ont entamé, dès le 22 juillet, un dialogue avec les représentants des groupes, notamment le Secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Chérif , le Secrétaire général du HCUA, Alghabass Ag Intalla, le porte-parole de la Plateforme, Harouna Toureh ; et le Secrétaire général de Gatia, Fahad Ag Almahmoud.
Au niveau opérationnel, la Force de la MINUSMA a procédé à un réaménagement du dispositif sécuritaire à Kidal pour être à même d’accomplir son mandat de protection de population. Des détachements de la Force sont positionnés de façon à contrôler les principales entrées de la ville ; des check-points sur les principaux axes de la ville ainsi que des patrouilles pédestres ont également été mis en place pour prévenir toute reprise des hostilités. Des survols aériens sont également menés quotidiennement. Des patrouilles conjointes sont également menées par UNLPOL et la Force.
La MINUSMA a également accueilli un nombre de civils qui se sont réfugiés dans son camp, ainsi que des membres de la Plateforme dont elle a facilité ultérieurement le transport, à leur demande, à la ville de Gao. La Mission a également reçu et traité des blessés. Gao Le 25 juillet, le bureau des Affaires politiques de Kidal a rencontré le Coordinateur du Comité de Gestion de la ville de Kidal, Monsieur Zeid Ag Mohamed, pour faire le point sur la situation humanitaire à la suite des affrontements. A ce jour, 4 responsables politiques et de la société civile affiliés à la Plateforme, ainsi que 4 enfants soldats du même mouvement, sont toujours au camp de la MINUSMA.
La Division des Droits de l’Homme continue de collecter l’information sur les évènements qui ont eu lieu et la situation sur le terrain.
Les activités de la direction de la MINUSMA
Le 21 juillet, RSSG Annadif, a pris part à la cérémonie tenue à Ségou en hommage aux victimes de l’attaque terroriste contre les FAMAs au camp de Nampala, survenue le 19 juillet.
Le 25 juillet, au cours d’une visite de quelques heures au Niger, M. Annadif a été reçu en audience par le Président de la République du Niger, Mahamadou Issoufou, dont le pays est contributeur de troupes pour la MINUSMA. Les discussions ont notamment porté sur la situation au Mali et la mutualisation des efforts pour la paix et la stabilisation du pays. Le Chef de la MINUSMA s’est également entretenu avec le Premier ministre Nigérien.
Le RSSG a en outre reçu une délégation conduite par le Représentant Spécial de l’Union Européenne pour le Sahel, Angel Losada, avec qui il a échangé sur le processus de paix malien et la situation dans le nord du pays.
Le 23 juillet, à Mopti, la Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire général et Coordonnatrice Résidente et Humanitaire, Mme Mbaranga Gasarabwe, a participé au lancement du programme conjoint intitulé : « Appui à la Sécurité humaine au Nord Mali à travers le renforcement de la résilience des jeunes et des femmes » ainsi qu’au lancement du projet Réinsertion socio-économique des jeunes à Tombouctou, Gao et Mopti.
D’un budget de plus d’1 milliard de Francs CFA, le programme s’articule autour du renforcement de la résilience à travers des moyens d’existence durables, la promotion de la coexistence pacifique entre les membres des communautés et un meilleur accès aux services sociaux de base.
Ce programme permettra entre autres la création d’activités génératrices de revenus au profit de 4 000 bénéficiaires (dont 1500 femmes) et offrira l’opportunité à 2 400 bénéficiaires d’améliorer leurs connaissances pratiques dans les domaines de l’agriculture, l’élevage et la pêche.
Ce programme conjoint est réalisé en partenariats avec plusieurs agences des Nations unies.
Processus de paix et médiation
Comité de Suivi de l’Accord
Les 25 et 26 juillet, le Comité de Suivi de l’Accord de paix a tenu sa 10ème session plénière à Bamako. Le CSA a également exprimé ses regrets face aux pertes en vies humaines au cours des violents affrontements dans la région de Kidal et condamné sans équivoque les violations des dispositions de l’Accord de paix. Il a été décidé que cette question soit discutée séparément par les deux mouvements en marge de la session du CSA.
Pour les travaux du CSA, les discussions ont porté principalement sur l’établissement des autorités intérimaires, l’opérationnalisation du MOC, le Mécanisme Opérationnel de Coordination, et les patrouilles mixtes.
Le CSA a salué les résultats de la commission ad hoc créée en vue de l'opérationnalisation du MOC. Les parties se sont entendues sur un processus DDR-Intégration accéléré et sur la nécessité de mettre en place dans les meilleurs délais les critères d’intégration des combattants. Le CSA a également pris note du consensus sur l’opérationnalisation du MOC à Gao et la mise en place ultérieurement de patrouilles mixtes et leur extension à Tombouctou et Kidal.
Autres activités
Le bureau de la MINUSMA à Tombouctou a reçu le 23 juillet une délégation du MNLA, dirigée par leur nouveau commandant à Ber. Les représentants des FAMa ont également participé à la rencontre afin de favoriser les discussions entre les deux parties, une avancée dans les efforts de réconciliation entre le gouvernement et les groupes armés.
Opérations : Force et Police
Le 24 juillet, à Tombouctou, la Force de la MINUSMA a lancé l’opération "Citadelle du Désert". D’une durée de quatre jours, cette mission a permis de mener des opérations conjointes dans la ville de Tombouctou avec les FAMa, Barkhane ainsi que la Gendarmerie et la Police de Tombouctou, afin de réduire l’insécurité et améliorer la coordination entre les différents acteurs sécuritaires. La mission a ainsi vu une présence accrue aux points de contrôle, des patrouilles diurnes et nocturnes dans toute la ville ainsi qu’un appui aérien notamment par le biais de vols de reconnaissances.
Au niveau des opérations, durant la semaine écoulée, la Force a effectué 428 patrouilles et 63 escortes, et tenu 214 check-points.
Du côté des opérations de la Police des Nations unies, UNPOL, elle a effectué 355 patrouilles dont 42 patrouilles conjointes avec les Forces de Sécurité du Mali et 41 escortes.
Relèvement et assistance à la population
Le 26 juillet, a eu lieu la remise officielle de la réhabilitation de la brigade mixte de la Gendarmerie de Sévaré, financée à travers un projet à impact rapide porté par la Division des Droits de l’Homme de la MINUSMA. Cette initiative d’un budget de 26 millions de Francs CFA vise à améliorer les conditions de garde à vue et protéger la dignité des justiciables et des agents qui utilisent ce service.
Le 25 juillet, les Casques bleus de la MINUSMA ont également tenu des activités au profit des populations de Tombouctou, entre autres une opération de ramassage d’ordure dans le quartier Sankoré; un don de produits de première nécessité à l’école des sourds-muets; et une assistance en médicaments au Centre de Santé de Référence de Tombouctou.
Dans le cadre d’un effort conjoint des Forces de la MINUSMA, de la Force Barkhane et des Forces Armées Maliennes pour soutenir le secteur de l’éducation à Gao, un bâtiment de trois classes à l’école du camp militaire Firhoun (Camp 1), a été réhabilité par le biais d’un projet d’un montant de 9 millions de francs CFA. Chacune des forces présentes (Barkhane – MINUSMA – FAMa) a assuré la réhabilitation d’une classe. Une cérémonie a été tenue à cette occasion ce mardi 26 Juillet dans le camp 1 de la commune urbaine de Gao et qui a réuni le directeur de cabinet du gouverneur, le directeur de l’académie, les responsables des différentes forces présentes à Gao et les parents d’élèves.
Renforcement des capacités
La Police des Nations unies a également clôturé 3 formations dont une en protection des Hautes personnalités à Mopti, une en conduite moto et une autre en police de proximité.
Le Chef du Bureau régional de la Mission onusienne à Gao, a officiellement ouvert ce 26 juillet, dans la salle de réunion du Conseil Régional, un atelier de renforcement des capacités à l’intention des acteurs de la Justice, des officiels des Forces de Sécurité du Mali, de la Police des Nations Unies, et des représentants de la société civile en matière de prise en charge judiciaire et de répression des violences sexuelles et basées sur le genre. Le Conseiller du Gouverneur de la Région de Gao en charge des affaires administratives et judiciaires et le Procureur de la République étaient également présents à la cérémonie d’ouverture de cet atelier dont l’objectif est de renforcer la réponse judicaire en matière de violences sexuelles, basées sur le genre (VBG) liées au conflit.
Organisée en collaboration avec l’unité Protection de la Femme, la division des droits de l’Homme, UNPOL, la section des Affaires judiciaires et pénitentiaires, l’ONU Femmes pour le compte des Nations Unies/MINUSMA d’une part et, d’autre part, les acteurs maliens de la Justice, de la Police et de la société civile, cette rencontre d’une durée de trois jours se penche sur plusieurs aspects des violences sexuelles basées sur le genre liées au conflit, notamment l’état des lieux de la lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre liées au conflit à Gao, les défis de la prise en charge judiciaire et de la répression des violences sexuelles et basées sur le genre liées aux conflits armés, le rôle de la société civile dans l’accompagnement judiciaire des victimes des viols et violences sexuelles, les techniques d’investigation des cas des violences sexuelles commises en période de conflit, entre autres.
La région de Gao vient de lancer, ce vendredi 22 juillet 2016 à l’Ecole des Infirmiers, son cadre de concertation des organisations de la société civile pour la justice transitionnelle. Le préfet du Cercle de Gao a présidé la cérémonie de lancement durant laquelle il a déclaré « la justice transitionnelle est d’un intérêt assez capital pour notre pays en quête de paix et de stabilité ».
La création de ce cadre de justice transitionnelle fait suite à une série de rencontres organisées par la Division des droits de l’homme de la Mission onusienne dans les villes d’Ansongo et Gao ; ainsi que dans la région de Ménaka depuis le début de cette année. Toutes ces rencontres visaient à renforcer les capacités des organisations de la société civile afin qu’elles puissent jouer un rôle actif dans le cadre de la mise en œuvre des mécanismes de la justice transitionnelle au Mali.
Appui électoral
Dans le cadre des réformes constitutionnelles et électorales actuelles au Mali, la Division électorale de la MINUSMA a tenu une série de réunions avec le Président du Haut Conseil Islamique du Mali, et d'autres autorités morales maliennes, Intellectuels et les dirigeants de la société civile, notamment l'historien malien, le Professeur Ibrahima Ndiaye. Le but de ces rencontres est d'échanger des vues sur l'implication des notabilités dans le processus électoral afin de le rendre davantage crédible et y permettre une plus grande participation du peuple malien.
Le 25 Juillet, l'équipe électorale intégrée des Nations Unies a tenu une réunion avec la Direction Générale de l'Administration Territoriale et la Direction Nationale de l'Etat Civil, dans le cadre du Comité de suivi pour la pérennisation du Recensement Administratif Vocation d'Etat-civil (RAVEC). Cette réunion s’inscrit dans le cadre de la révision et la mise à jour de la liste des électeurs en vue des élections à venir, notamment celles communales du 25 septembre, le référendum constitutionnel du 27 novembre ainsi que les élections locales et régionales du premier trimestre 2017.