Dans une interview qu’elle a bien voulu accordée à notre rédaction, dans le cadre de la panafricaine des femmes, le 31 juillet prochain, la ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Mme SANGARE Oumou BA, fait le point des efforts déployés, dans notre pays, dans le sens de l’épanouissement de la femme. Elle explique également le sens de la panafricaine et met l’accent sur l’importance des activités retenues par les femmes du Mali pour l’événement de cette année. Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien !
Info-Matin : Le 31 juillet, le Mali va célébrer la Journée panafricaine des femmes, à l’instar des autres pays africains, quel est le thème retenu cette année et quelle particularité pour notre pays ?
Mme Sangaré Oumou Ba : Le thème de cette 22e édition de la Journée panafricaine des femmes est : « Comment promouvoir la participation communautaire dans l’assainissement au Mali ? » Il s’agit, à travers ce thème, de susciter un changement de comportement favorable vis-à-vis de l’assainissement, à travers l’implication et la participation de toutes les parties prenantes.
IM : Dans quel cadre placez-vous les festivités de cette année ?
Les festivités de cette année sont placées sous le signe de l’assainissement et de l’amélioration du cadre de vie des populations, à travers la participation communautaire. La journée phare verra le lancement du projet d’assainissement initié par mon département : « Gérons notre commune : Cas de l’Assainissement ». Cette initiative permettra de donner une solution durable à la problématique de l’insalubrité à Bamako. Sa mise en œuvre contribuera aussi à faire de Bamako « La Cité des trois caïmans » une ville coquette comme c’était le cas avant. Dans ce dessein, le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille et ses partenaires organiseront une série d’activités.
Quelles sont les activités prévues par le Département dans le cadre de cette célébration ?
Placées sous la présidence de l’épouse du chef de l’État, présidente de l’ONG « Agir », les festivités de la présente édition de la panafricaine se déroulera dans la salle Hampaté Ba du Palais de la culture. Tout au long des activités de la présente édition de la panafricaine des femmes, des messages seront diffusés afin d’amener les Communautés à entreprendre des journées de salubrité et à les étendre sur l’ensemble du territoire national. Ce n’est pas tout ! Il y aura un plaidoyer en direction des autorités administratives et politiques et des partenaires au développement pour soutenir l’assainissement. En effet, l’assainissement constitue une préoccupation d’ordre International, Régional et National.
IM : Actuellement où en est-on avec le combat de la promotion de la Femme dans notre pays ?
La promotion de la femme a toujours été une priorité au Mali. Cependant, avec l’avènement de la démocratie, la question féminine a été prise comme un problème majeur dans le processus du développement, avec la création en 1993 du Commissariat à la Promotion de la Féminine rattaché à la Primature en tant que mission de service, en lui donnant le rang de ministre Commissaire. La création d’un département chargé de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, en 1997 visait à assurer un développement dans lequel les femmes seraient actrices et bénéficiaires en rupture avec leur situation de marginalisation. Le département, depuis sa création, a mis en œuvre 2 plans d’action pour la promotion de la femme et de l’enfant : 1997-2001 et 2002 -2006. Ce dernier a été évalué en 2008 et les insuffisances constatées ont permis d’élaborer la Politique Nationale Genre adoptée par le gouvernement, en novembre 2010, dont le plan d’action vient d’être évalué et qui prône l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. L’élaboration du nouveau plan est en cours. Compte tenu de cette situation et avec l’évaluation du rapport de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes du Mali et le rapport de Beijing +20, il a été constaté que des efforts devraient encore être faits pour la protection des droits des femmes en vue de favoriser leur pleine participation au processus de développement du pays. Dans ce dessein, il faut promouvoir la place des femmes dans tous les secteurs du développement. Dans notre pays, la problématique de la sous-représentativité de la Malienne est encore d’actualité. Cependant, il faut reconnaître qu’actuellement, les femmes sont présentes dans la quasi-totalité des secteurs et en particulier ceux qui leur étaient traditionnellement fermés. Ce qui est une grande avancée dans notre pays en matière de lutte pour l’égalité des sexes, la promotion de la femme et son autonomisation. Bref, les Maliennes ne sont plus cantonnées dans les secteurs sociaux. Il y a aussi plusieurs facteurs encourageants qui permettent à la Malienne d’espérer avoir un lendemain meilleur dans sa quête du bien-être et de sa promotion. En plus des progrès enregistrés en matière de scolarisation et de formation des filles, il faudra aussi noter les nouvelles perspectives qui s’ouvrent à l’entrepreneuriat féminin. Mais l’accès des femmes aux postes de décision n’interviendra qu’avec des stratégies et des mesures législatives. Conscient de cela, le gouvernement a adopté en 2010 le politique national genre, dont l’orientation n° 4 vise la « Mise à contribution des potentialités des femmes et des hommes dans le développement du pays par leur participation égale aux sphères de décision ». Les axes d’intervention identifiés préconisent, d’une part, la promotion de l’équilibre de représentation des femmes et des hommes dans les instances de décision, dans les postes électifs et administratifs au niveau national, ainsi que la représentation de notre pays au niveau sous-régional, régional et international. D’autre part, la promotion de la participation citoyenne des femmes et des hommes dans les décisions reliées au développement local. C’est dans le cadre de la traduction en actes de cette orientation que le gouvernement, à travers son département de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, a fait adopter par l’Assemblée nationale en décembre dernier, la loi instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. L’adoption de cette nouvelle disposition est historique. Elle accorde 30 % aux femmes dans les postes nominatifs et électifs. Plus spécifiquement, les Maliennes vont désormais bénéficier de 30 % au moins pour les nominations dans les institutions de la République ou dans les différentes catégories de services publics par décret, arrêté ou décision. La nouvelle loi détermine également les catégories électives, y compris les conditions dans lesquelles la recevabilité d’une liste de candidature est soumise à la proportion maximale de 70 % de femmes ou d’hommes. La loi est adoptée, il faut faire en sorte qu’elle soit bien appliquée. Pour ce faire, le département plaide enfin que l’on donne un contenu consensuel au décret. En effet, le décret prend en compte les bonnes décisions qui permettront d’avancer sans heurts, ou du moins les minimiser. Le texte facilitera l’appropriation de la loi par tous. Bref, ce sera un texte qui permettra de rendre à la Malienne la place liée à son apport au sein de la société.
IM : On sait que les élections communales sont prévues pour le 25 septembre prochain. Quelles sont les dispositions prises par le Département pour amener les politiques à respecter la loi No 2015-052 et quel appel lancez-vous à l’endroit des femmes du Mali ?
Mme Sangaré Oumou Ba : À cet effet, le département est à pied d’œuvre pour informer, sensibiliser et faire des plaidoyers à l’endroit des autorités politiques et administratives, des leaders d’opinion et la société civile sur le contenu de ladite loi. Aussi, en réponse à la matérialisation de la loi N° 2015-052 du 18 décembre 2015, le département en collaboration avec ses partenaires va élaborer un compendium des compétences féminines dans notre pays. En effet, il a été compris que pour assurer l’application effective de cette loi, il convient de développer un programme visant à identifier les compétences féminines, mesurer et documenter la représentation des femmes dans les emplois et dans les postes de responsabilité afin d’inciter les décideurs à prendre des mesures correctives. Par ailleurs, il convient de rappeler que le MPFEF, à travers le CNDIFE, a élaboré un répertoire des femmes cadres, depuis 2002. En 2012, le Commissariat au Développement Institutionnel (CDI) a également élaboré un répertoire des femmes occupant des emplois supérieurs de l’État. Avec l’avènement de la loi, ces répertoires nécessitent une réactualisation.
L’appel que j’ai à lancer à l’endroit des femmes, c’est qu’elles doivent s’approprier de cette loi. J’invite les autorités politiques à faire en sorte que les états-majors des partis politiques appliquent cette nouvelle mesure.
Propos recueillis par Christelle Koné