Avec le déclenchement de la guerre contre les islamistes qui occupaient le nord du pays, les routes d’accès à Tombouctou ont été fermées à la circulation. La ville n’est donc plus correctement approvisionnée en denrées de première nécessité comme le sucre, l’huile, la farine et d’autres produits alimentaires.
Ici, la majeure partie des produits de consommation provient habituellement de Mauritanie et d’Algérie. Au grand marché de Tombouctou et au marché de Badjindé, les commerçants ne sont pas loin de la rupture de stocks. Chez le commerçant Abdoul Karim Askofaré, les prix de produits alimentaires comme le lait, la farine, le sucre et l’huile ont connu une véritable hausse. «Avant on vendait le sac de sucre à 17.500 Fcfa, maintenant c’est 21.000 Fcfa. Le carton de lait en poudre est passé de 26.000 à 31.000 Fcfa. Quant au bidon de 20 litres d’huile, il est vendu à 17.500 Fcfa alors qu’on le vendait à 14.000 », explique Askofaré. Dans la boutique de Mahamane Alkeirou, le bidon de 20 litres d’huile est encore plus cher et revient à 19.000 Fcfa. Tandis que le sac de farine est passé de 10.500 à 13.500 Fcfa.
Dans le magasin Golf commerce général, l’un des plus importants du grand marché, les prix des denrées n’ont pas changé. « C’est vrai que nous sommes en train d’écouler nos derniers stocks mais c’est injuste d’augmenter les prix surtout que les gens sont fauchés maintenant. Avec les salafistes, les activités étaient fortement réduites car les gens refusaient de sortir de chez eux pour ne pas avoir de problème avec ces fous », explique un vendeur.
Les routes qui mènent au sud du pays étant aussi fermées, les marchandises qui sont achetées à Bamako sont acheminées à Tombouctou par pinasses à partir de Mopti. Il s’agit non seulement de produits alimentaires mais aussi de marchandises diverses comme le matériel de quincaillerie, de couture, des tissus. La pinasse est donc aujourd’hui le seul moyen de transport de marchandises pour les commerçants de Tombouctou qui s’approvisionnent à Bamako ou Mopti. C’est ce qui justifie la hausse des prix des produits importés dans la Cité des 333 Saints où les temps sont vraiment durs maintenant et l’argent se fait très rare. « Ici, les gens souffrent énormément car ils n’ont pas d’argent. Les islamistes ont tué les activités économiques par des interdictions inutiles. Ils ont pillé et saccagé les banques, les hôtels et les grandes entreprises. Les boutiques des commerçants arabes, soupçonnés de complicité avec les envahisseurs, ont été pillées par la population. Le commerce est plongé dans le marasme ici », résume un notable de la ville.
Par contre, la population a facilement accès aux produits locaux comme la viande, le poisson et les légumes frais. Leurs prix sont vraiment abordables. Par exemple, avec 1.500 Fcfa, on peut préparer de la soupe de poisson pour quatre personnes. Le kilogramme de pomme de terre ne coûte que 300 Fcfa, encore moins cher qu’à Bamako. « Dieu merci malgré la situation économique, ces produits sont encore disponibles dans la ville et leurs prix sont abordables », se réjouit un habitant de la ville.