Notre confrère, ancien Rédacteur en chef de la Radio nationale et directeur de la Chaine II, aujourd’hui Chargé d’études au Centre d’information gouvernementale du Mali (Cigma), est aussi un ancien membre du Comité exécutif de la Fédération malienne de football. Nous l’avons rencontré juste après la qualification des Aiglons du Mali à la CAN U20 Zambie 2017. Il nous évoque la participation du Mali à ce grand rendez-vous du football africain des jeunes, la Fédération malienne de football et ses perspectives dans le football national.
Aujourd’hui : Le Mali vient de se qualifier pour la phase finale de la CAN U20 Zambie 2017, quelles sont vos impressions ?
Alassane Souleymane : Je n’ai pas laissé cela à d’autres de me le conter. J’étais au stade dimanche dernier et j’ai vu trois belles choses. J’ai vu un beau public, celui des grands jours, au-delà de ce qu’une équipe de jeunes pouvait espérer. J’ai vu une belle équipe junior, tel que nous aimons ces jeunes qui continuent de nous faire rêver depuis un an et quelques mois. Et enfin, j’ai vu cette belle qualification tenue de haute lutte, avec du cran, du courage et du punch.
Peut-on attendre un trophée des Aiglons du Mali ?
Le Mali est un habitué de ces compétitions de jeunes, ça tout le monde le sait. En revanche, ce qu’on ne sait pas, c’est ce que le Mali ira faire à une onzième CAN juniors ? On ne peut plus se contenter de participer, encore moins de faire de la figuration. Cette fois-ci, il faudra aller viser haut. Nous avons rêvé des juniors 95 avec les Soumaïla Coulibaly, Gaoussou Diallo “Malatini et autres Maha, ceux de 1999 ont raté leur CAN avant de briller au Mondial avec la bande de Seydou Kéïta, ceux de 2015 au Sénégal tout près qui nous ont fait de belles promesses. En Zambie, nous serons cités parmi les favoris parce que déjà on connaît le profil des jeunes de l’équipe malienne. Ce sont les champions cadets 2015. En plus de traîner leur belle réputation, ils doivent maintenir celle de leurs prédécesseurs 3è du Mondial en Nouvelle-Zélande en 2015. Donc les jeunes, individuellement pris, en plus de la carte de visite du Mali, nous valent d’être attendus aux premières loges. Aux autorités nationales, à la Fédération malienne de football et à l’encadrement technique de conjuguer les efforts, les stratégies et les moyens matériels et moraux pour maintenir la cadence et nous mener à un premier trophée dans la catégorie. Nous le pouvons. Je n’ai aucun doute, avec du sérieux et le travail.
Parlons de vous-même. Sportivement, que devenez-vous ? Vous étiez attendu dans l’actuel bureau à la suite de l’assemblée générale de Mopti. Vous n’y êtes pas, pourquoi ?
La raison est simple : il y a d’autres personnes qui méritent aussi d’être dans le bureau et tout le monde ne peut pas y figurer. Pour être clair, c’est une décision de groupe et j’ai suivi la discipline de groupe. A Mopti, j’étais sur la liste de Boukary Sidibé dit Kolon qui avait tenu à ce que je l’accompagne. J’ai fait ce que je devais faire lors de la campagne. Après l’élection, la liste de Kolon et celle de Baba s’étaient entendues pour travailler ensemble. Et je pense que les hommes commis de notre côté à tenir les promesses de bonne collaboration tiennent le bon bout. Cela se passe très bien.
Et pourtant, malgré tout, ce bureau est confronté à une crise depuis son arrivée. Tout ne semble pas marcher ?
Oui c’est vrai il y a une crise. Heureusement qu’elle ne bloque rien et que le football marche. Il faut que le football marche et que nous engrangions des succès. Et que le football survive à ces types de crise. L’année 2015 a été positive. Ce sont les résultats. Le Mali était partout, à toutes les compétitions. Je pense que le football malien se sent aujourd’hui très bien. Si la CAF devait primer une fédération, je suis sûr que la nôtre allait être dans le trio de tête. Je ne le dis pas pour plaire ou complaire. Je dis ce qui est. Et si cela se répète cette année et l’année prochaine, cela mériterait d’être dit. Quels que soient le bureau ou les acteurs en place.
Je regarde de loin et de près et je n’ai que des regrets quand je vois les acteurs concernés et les motifs. Ce ne doit ni être leur rôle et les motifs sont loin d’être réalistes. De toutes les façons, si vous analysez, et je préfère être dans ce rôle, depuis 2002, nous ne connaissons que des crises. Et si vous regardez de près, c’est toujours superficiel, jamais de raisons profondes. L’égo, l’égo ! Le moi ! Et voilà tout ! Je n’aime pas la tête de celui-là, tant que celui est là, rien ne se fera ! Il a pris celui là plutôt que moi ! Que ça, que ça ! Si vous regardez de près, ce sont des affaires de personnes. Et puis d’autres intérêts existent. Je ne blâme personne de chercher son intérêt, mais lorsque l’on se présente à la bascule, de grâce chacun doit faire en sorte que l’intérêt collectif pèse plus que l’intérêt personnel. Si on a cette philosophie, chacun aura son compte et le pays avec.
Dans la crise actuelle, je ne prends aucune position. Seulement que les responsables, dont la majorité dépasse la quarantaine en âge, pensent, à chaque fois qu’il y a mésentente, à ce que cela ne déteigne pas sur la vie des jeunes sportifs, les entraineurs qui nourrissent des familles. Et pour éviter cela : accrochons-nous aux textes que nous-mêmes nous élaborons et que nous votons en assemblée générale. Et sur ce plan, je le reconnais, tout le monde viole les textes. Mêmes ceux qui étaient là avant et ceux qui veulent venir aux affaires, violent les textes. Alors, lorsque vous voyez l’autre violer ces textes, choisissez les voies de recours. Si cela ne marche pas, attendez la prochaine élection, battez-vous pour inverser la tendance, pour remporter la victoire. J’ai vu des gens aller jusqu’à compromettre les intérêts vitaux du pays en football uniquement par des calculs personnels…On peut interroger l’histoire et elle répondra sans bégayer.
Mais je pense que tout cela est compliqué pour les acteurs de notre football.
Revenons à vous. Si vous n’êtes pas à la fédération, que faites vous dans le sport ailleurs ?
Je suis dans le Comité directeur d’un club de deuxième division à Gao qui s’appelle Centre Sohoye Touré. C’est un jeune club qui se bat. D’ailleurs nos jeunes participent au tournoi cadet actuel à Bamako. Une preuve que nous regardons l’avenir et nous travaillons pour cela à faire émerger la future génération de footballeurs.
A quand votre retour dans les instances ?
Qui sait ? Je suis disponible à servir. Vous savez, il y a une chose qui échappe aux gens et surtout au public : la fédération est une association comme toute autre en République du Mali. C’est simplement le mouvement associatif. C’est un peu la nature de la matière qu’elle gère, qui est dans le domaine du sport, donc un terreau de passion. Et comme vous savez, le football a évolué et cela engendre des intérêts souvent extra sportifs, qui font que la fédération de football donne une autre image, celle d’une société où les actionnaires ont du mal à s’entendre sur les actions et les intérêts. Amenons la chose dans son contexte sportif. Quand on est dans une instance de sport, il faut juste garder une idée en tête : on est là pour servir l’intérêt général, faire vivre des sportifs, faire plaisir à un public, et semer l’amour, la solidarité, conformément à l’esprit olympique. Pour cela, je suis disponible tout le temps. Et comme la première fois, je viendrai quand on aura besoin de moi. Je ne suis pas dans la posture du demandeur, je préfère celle du serviteur. Lorsque je vois que dans l’environnement ces vertus ne sont pas cultivées, je me tiendrai hors de là.
Le 1er Vice-président de la Femafoot non moins président du Stade Malien de Bamako, Boukary Sidibé dit Kolon, vient d’être nommé Ambassadeur du Mali à Abu Dhabi, aux Emirats-arabe unis. Quelle est votre réaction ?
Je suis content pour lui. A ce poste, on a immédiatement trois valeurs : la confiance du chef de l’Etat, la mission de le représenter et celle de représenter notre pays. Je lui souhaite de réussir cette noble mission. Il est intelligent et il a sans doute pris la mesure du portefeuille. C’est un autre niveau et il faut assurer, comme on le dit. Il va devoir laisser un vide au Stade malien, son club de cœur et sa famille sportive. La Fédération aussi à laquelle il a tant donné depuis 2009 avec sa fougue empreinte de sagesse et de pondération.
Réalisé par A.B. HAÏDARA