PARIS - L’intervention militaire française lancée le 11 janvier au Mali a déjà coûté 70 millions d’euros à la France, mais les dépenses devraient progressivement décroître, avec une diminution du contingent français sur le terrain annoncée à compter du mois de mars.
Le coût d’une telle opération est "très difficile à évaluer", mais il "ne contraindra pas la France à abandonner d’autres théâtres d’opérations", a affirmé jeudi le porte-parole adjoint de la Défense, le général Martin Klotz.
L’estimation de 70 millions d’euros donnée mercredi par le ministre, Jean-Yves Le Drian, devant les députés, correspond à la phase de déploiement de l’opération.
L’acheminement en moins d’un mois des 4.000 soldats français et de 10.000 tonnes de matériel sur le territoire malien à coûté à lui seul environ 50 millions d’euros. "C’est ça qui coûte cher", souligne la défense.
Le coût des munitions, du carburant, des primes versées aux militaires en opération extérieures (Opex) - qui multiplient au moins par deux la solde perçue en métropole - et les dépenses de fonctionnement, en nourriture ou communications, comptent pour les 20 millions restant.
Soit au total, un coût d’environ 2,6 millions d’euros par jour.
Quatre semaines de frappes aériennes et la noria des avions de chasse et des hélicoptères ont également généré d’importants surcoûts en heures de vol et frais de maintenance des appareils.
Selon les chiffres de la défense, l’heure de vol varie de 1.600 euros pour un hélicoptère Gazelle à 14.000 euros pour le Rafale. L’heure d’un ravitailleur en vol coûte environ 14.000 euros et 12.000 celle d’un avion Transall.
Et si l’heure de Rafale revient deux fois plus cher que celle du Mirage 2000-D (7.000 à 8.000 euros), le fleuron de Dassault emporte trois fois plus d’armement.
Après la phase de déploiement, la plus coûteuse, le coût journalier de Serval devrait cependant baisser.
Le président François Hollande a en outre confirmé mercredi que les effectifs français "devraient diminuer" à partir de mars, ce qui limitera les dépenses. Et le coût devrait repartir ensuite à la hausse, quand il s’agira de rapatrier le matériel.
"Ce que les ministres annoncent actuellement n’est pas un coût global, c’est un surcoût", précise toutefois le général Klotz.
Concrètement, la France ne donne pas d’estimation globale, mais chiffre le "surcoût" que représentent les opérations en cours par rapport à ce qu’auraient coûté les équipements, avions et personnels, si l’Opex n’avait pas eu lieu.
630 millions d’euros de crédits sont d’ailleurs inscrits dans le budget de la Défense pour 2013 au titre des "surcoûts Opex". Une provision régulièrement dépassée ces dernières années d’environ 220 millions d’euros, avec selon la défense "un flux moyen d’environ 850 millions d’euros de surcroît".
En 2011, année des opérations aériennes massives en Libye, le surcoût Opex a même atteint 1.246 millions d’euros, soit environ le double des crédits initiaux.
Pour ne pas plomber le budget Défense, la Loi de programmation militaire (LPM) prévoit que quand ce surcoût excède l’enveloppe, le ministère demande à bénéficier d’un "abondement interministériel", autrement dit d’une rallonge budgétaire.
"Normalement, le financement résiduel éventuel ne pèse pas sur les crédits d’équipement de la Défense", souligne le porte-parole. Mais en période d’économies forcées, la prudence est de mise chez les militaires.
A noter enfin que la France ne débourse rien pour payer les transports mis à sa disposition par ses alliés européens et américain (une quinzaine d’appareils au total).