Bamako, 30 juil 2016 (AFP) - L’Assemblée nationale du Mali a voté samedi une prorogation de l’état d’urgence, qui demeurera en vigueur huit mois de plus, jusqu’au 29 mars 2017, dans ce pays en proie à des troubles, entre attaques jihadistes et affrontements entre groupes armés rivaux.
Cette mesure d’exception a été instaurée à plusieurs reprises au Mali
depuis l’attaque, le 20 novembre 2015, de l’hôtel Radisson Blu de Bamako par des jihadistes (20 morts, outre deux assaillants tués).
Son dernier rétablissement remonte au 21 juillet, au lendemain d’un assaut contre un camp de l’armée à Nampala, dans la région de Ségou (centre), où 17 soldats ont été tués et 35 blessés. La mesure avait été réinstaurée pour une période de dix jours, expirant dimanche.
Un Conseil des ministres extraordinaire tenu vendredi a adopté un projet de loi prorogeant l’état d’urgence, qui a été approuvé samedi à l’unanimité des députés présents dans l’hémicycle à Bamako, a-t-on indiqué de source parlementaire.
La prorogation votée concerne la période du 1er août 2016 au "29 mars 2017 à minuit", a précisé la télévision publique ORTM.
"Je voudrais rassurer que l’état d’urgence contribue à la stabilité du
pays" mais aussi "à préserver la sécurité", a déclaré le ministre de
l’Administration territoriale (Intérieur), Abdoulaye Idrissa Maïga, devant les députés.
Cette extension "s’inscrit dans le cadre du renforcement des actions de lutte contre le terrorisme, les crimes organisés et toutes les formes de menace ou d’atteinte à la paix et à la sécurité des personnes et de leurs biens au Mali", a expliqué le gouvernement dans un communiqué vendredi.
L’état d’urgence donne notamment plus de possibilités d’intervention aux forces de sécurité et restreint les rassemblements.
Sa prorogation a été votée pendant que la région de Kidal (extrême
nord-est) était le théâtre d’une reprise de combats entre des ex-rebelles et des membres d’un groupe armé progouvernemental qui s’y étaient déjà affrontés la semaine dernière.
- Nouvelles victimes d’une mine -
D’après un élu local et une source de sécurité dans la région, les
affrontements se sont déroulés à une quarantaine de kilomètres à l’est de Kidal, chef-lieu de région.
Ils ont impliqué des Touareg de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) et d’autres membres de cette communauté au sein du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), un mouvement de la Plateforme (coalition progouvernementale).
Selon l’élu local, tous se battent pour le contrôle de la ville de Kidal, où la CMA et le Gatia ont cohabité sans heurts de février jusqu’à la semaine dernière.
Les 21 et 22 juillet, les deux groupes se sont livrés de violents combats ayant fait plusieurs morts, selon diverses sources qui n’étaient cependant pas en mesure de chiffrer ces pertes.
D’après l’ONU au Mali, les combats de la semaine dernière ont été la
première violation du cessez-le-feu depuis septembre 2015 par la CMA et la Plateforme, qui ont signé en mai-juin 2015 avec le gouvernement un accord pour la paix et la réconciliation dans le pays, demeurant en proie à des troubles et à l’insécurité.
L’attaque de Nampala - revendiquée par deux groupes armés, dont Ansar Dine, mouvement jihadiste malien - est la énième d’une série de violences contre les forces de sécurité au Mali depuis le déclenchement, en janvier 2013, d’une intervention militaire contre des groupes jihadistes, qui se poursuit actuellement.
Illustration supplémentaire : vendredi, deux militaires maliens ont été tués et quatre blessés par l’explosion d’une mine au passage de leur véhicule vers Gossi, dans la région de Tombouctou (nord-ouest), a indiqué samedi à l’AFP un officier de l’armée malienne, assurant que la mine a été "posée par les terroristes".
Des groupes jihadistes ont contrôlé le nord du Mali de mars-avril 2012
jusqu’au déclenchement de l’intervention internationale, en janvier 2013. Ils ont été dispersés et en grande partie chassés de ces régions.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, en dépit de la signature de l’accord de paix, qui peine par ailleurs à être appliqué.
sd-cs/plh