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Art et Culture

Musique et droits de la femme : Les Amazones d’Afrique sur le front pour libérer les Africaines de leurs chaînes
Publié le dimanche 31 juillet 2016  |  Le Reporter




Premier «super groupe féminin» d’Afrique occidentale (après bien sûr, les Amazones de Guinée-Conakry dans les années 60-70-80), le Collectif les Amazones d’Afrique fait aujourd’hui sensation lors des grands événements musicaux à travers le monde. Sous la conduire de la Fée Hadja Kandia Kouyaté et de la Star Mariam Doumbia (épouse d’Amadou Bagayogo), les jeunes talents comme Mamani Keïta, Rokia Koné, Nneka, Mariam Koné, Mouneïssa Tandina, Pamela Badjogo et Inna Modja sont actuellement à la conquête du showbiz mondial, notamment dans les festivals d’été en Europe.





«Stars incontestées», «secrets mieux gardés»… les «All Stars» ! Les critiquent ne sont pas avares en qualificatifs positifs pour saluer la création et les prestations du groupe féminin baptisé les «Amazones d’Afrique». Ce qui ne surprend pas, car «les musiciennes qui participent à ce projet figurent toutes parmi les voix les plus acclamées de la musique africaine». En effet, le casting est impressionnant avec Kandia Kouyaté, Mamani Kéïta, Mariam Doumbia (moitié d’Amadou et Mariam), Rokia Koné, Nneka, Mariam Koné, Mouneïssa Tandina, Pamela Badjogo, Inna Modja. Au départ de l’aventure, il y avait aussi Madina Ndiaye (multi-instrumentiste, notamment virtuose de la Kora) et surtout, la Diva du Wassoulou, Oumou Sangaré, qui ne figurent plus au programme de la tournée entamée il y a presqu’un mois.



«Avec élégance, le Collectif brasse les générations et les énergies et perpétue la tradition mandingue en lui insufflant l’électricité des mégalopoles africaines», commente un confrère dans la presse musicale française. À l’origine de cette initiative, les trois divas maliennes : Oumou Sangaré, Mamani Keïta et Mariam Doumbia qui ont donné leur premier concert commun au festival de la Fiesta des Sud, à Marseille (France) en octobre 2015. Un trio qui a, par la suite, élargi son horizon à Kandia Kouyaté, la légende germano-nigériane du hip-hop Nneka et à la très féministe Inna Modja. Du côté des chœurs, on découvre l’auteur-compositrice-interprète Mariam Koné et la pétillante révélation de la première édition de «Case Sanga», Pamela Badjogo, qui fait aussi son chemin dans l’afro-jazz. Sans compter la batteuse malienne, Mouneïssa Tandina, qui apporte sa virtuosité et son expérience aux compositions très engagées en faveur de l’émancipation et de l’autonomisation de la Femme, de la Malienne, de l’Africaine. «Un melting-pot générationnel et musical qui promet de l’invention et du punch au cœur de la tradition mandingue», commente un critique séduit par le projet.



«En tant que femme, musicienne ou chanteuse, on a deux fois plus de choses à prouver. On se bat au quotidien pour notre condition de femme à la maison et dans notre travail pour qu’on nous écoute», explique d’emblée la jeune Mariam Koné dans une vidéo consacrée au groupe.



Des Stars au chevet de leurs sœurs congolaises

Et les Amazones ne ménagent ni leur talent, ni leur voix, des atouts indiscutables pour défendre leur cause et celle de toutes les femmes du Mali et d’Afrique. Elles revendiquent naturellement l’égalité, la lutte contre les violences faites aux femmes, la fin du silence et de l’impunité sur celles-ci, l’accès à l’éducation et à la santé, l’autonomisation… «Restez fortes dans la tête et dans l’âme. Nous sommes les mères de l’humanité. N’oubliez pas que nous tenons les rênes de la société», encourage Mariam Doumbia Bagayogo. Et la choriste Pamela de porter l’estocade : «Regardez ce qui se passe pour les femmes en Syrie ou en République démocratique du Congo. Pour nous, c’est simplement inacceptable. C’est notre combat» !



Une posture quasi guerrière symbolisée par le nom qu’elles se sont choisi comme un clin d’œil aux femmes combattantes du royaume du Dahomey (aujourd’hui, le Bénin) : Les Amazones ! Un choix aussi qui rappelle les pionnières d’Afrique en la matière, les célèbres Amazones de Guinée ! Leur premier single, «I play the Kora» sent le doux parfum de cet engagement, de ce dévouement à la défense des droits de la Femme. «Femme, réveille-toi ! Sache qu’une femme dirige aujourd’hui le Liberia… Ensemble, nous voulons construire un monde meilleur», chantent les Amazones d’Afrique. Leur manière de rappeler aux esprits misogynes que «l’avenir de l’Afrique peut aussi être féminin». Appelant à faire plus de place aux femmes dans son pays et en Afrique, Kandia Kouyaté trouve qu’il est incompréhensible, voire révoltant, malgré les compétences féminines, que le Mali n’ait eu qu’une «seule femme Premier ministre» jusqu’à aujourd’hui.



Cet engagement a aussi poussé le groupe a lancé, dans la foulée, une campagne de financement participatif sur la plate-forme «Generosity». Ainsi, l’entièreté des bénéfices du single et de la campagne sera reversée à la Fondation Panzi du Dr. Denis Mukwege qui vient en aide aux femmes victimes de violences sexuelles dans l’Est de la République démocratique du Congo. «Si nous pouvons apporter un soutien au Docteur Mukwege, nous allons le faire volontiers. Ce qu’il voit tous les jours est terrible. Nous voulons apporter notre pierre à l’édifice», défendent-elles à l’unanimité.



Surnommé «l’homme qui répare les femmes», le gynécologue Denis Mukwege, opère depuis quinze ans dans l’hôpital qu’il a fondé, des femmes victimes de sévices sexuels dans la province du Sud-Kivu (R.D. Congo). Menacé de mort, ce médecin au destin exceptionnel vit dorénavant cloîtré dans son hôpital de Bukavu, sous la protection des Casques bleus. Les voix de ces divas sont de celles qui brisent les chaînes et emportent les cœurs. Elles sont donc un soutien de taille au service de sa cause. Ces Amazones ont cédé à l’appel de Valérie, directrice de l’agence «3D Family», qui a eu l’idée de réunir les Amazones d’Afrique. «Il y en a marre de travailler avec des musiciens souvent machos, lourds, lourds. Là, avec ces femmes, c’est un bonheur», dit-elle.



Dans leur carrière solo, la plupart de ces Amazones chantent et sont accompagnées par trois hommes, «que nous avons choisis nous-mêmes», souligne Valérie. Pour cette entrepreneure culturelle, «la musique est le meilleur moyen de faire passer des messages en Afrique» ! Et ses Amazones le font superbement bien, avec surtout le cœur et le talent !

Moussa BOLLY
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