A la veille de la grève des magistrats, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Me Mamadou Ismaël Konaté, a notifié au Syndicat autonome de la magistrature (SAM) que des mesures seront prises pour maintenir la continuité des services essentiels à l’administration et à la distribution de la justice, sans compter l’observation stricte des dispositions de la loi, notamment en ce qui concerne les retenues sur salaire.
Cette lettre n’a aucunement laissé le SAM indifférent. Le syndicat pense en effet que le tout-nouveau ministre doit d’abord examiner avec discernement les revendications légitimes visant l’amélioration des conditions de vie de travail des magistrats au lieu de se lancer dans une tentative de distraction manifestée à son égard. Voici une situation qui présage un bras de fer entre les magistrats et leur département de tutelle.
Avant de mettre à exécution son mot d’ordre de grève les 27, 28 et 29 juillet 2016 suite à l’échec des négociations, le SAM a reçu une correspondance (N°000320/Mtfp-SG) en date du 26 juillet 2016, de la part du nouveau ministre en charge de la Justice, en l’occurrence Me Mamadou Ismaël Konaté. A travers ladite correspondance, le Garde des Sceaux avait prévenu le SAM en ces termes: «Suite à la non-conciliation constatée le 26 juillet 2016 entre votre organisation syndicale et le gouvernement, je voudrais vous rappeler que pendant toute la durée de la grève le service minimum doit être assuré et que les salaires et accessoires seront suspendus.
A cet égard, les mesures seront prises pour maintenir la continuité des services essentiels à l’administration et à la distribution de la justice, sans compter l’observation stricte des dispositions de la loi, notamment en ce qui concerne les retenues sur salaire au titre de la grève». Après réception du courrier, le SAM a tout de même décidé de réagir en maintenant son mot d’ordre de grève.
En réponse, le Président du SAM, Cheick Mohamed Cherif Koné, a rappelé au Ministre que face à cette situation, le syndicat constate avec regret des tentatives déguisées de sabotage de son mouvement syndical, sous le couvert de la notion de service minimum. Et d’ajouter : «Cette attitude, qui est contraire à l’engagement du Gouvernement dans son communiqué en date du 26 juillet, n’est pas de nature à apaiser le climat social et à faciliter le dialogue national prôné par votre département.
Par conséquent, le SAM souhaite plutôt que ses revendications légitimes visant l’amélioration des conditions de vie et de travail des magistrats soient examinées avec discernement au lieu de cette tentative de distraction mise en œuvre à son égard». En outre, le patron du SAM rappelle dans sa correspondance qu’en tout état de cause, le SAM saura, avec l’ensemble des magistrats, tirer les conséquences de ces agissements face à une situation qui leur est imposée par le Gouvernement.
A présent, l’épineuse question est de savoir ce qui s’ensuivra si le Ministre joignait l’acte à la parole, surtout quant il affirme que les salaires seront suspendus pour fait de grève. En tout cas, il nous revient de source syndicale que pendant la grève, des magistrats ont été appelés par téléphone sur leur numéro fixe du bureau pour constater leur présence.
Cohabitation s’annonce difficile
La substance des doléances occultées ?
Autre situation qui annonce le bras de fer entre les deux parties, c’est sans nul doute le rejet de certains points de revendication du SAM lors des négociations. Suite à une conférence de presse tenue le mardi 26 juillet 2016 à la Maison de la Presse, le numéro 1 du SAM a informé les journalistes que le SAM sera intransigeant sur certains points de ses doléances. Pour Cheick Mohamed Cherif Koné, il est impossible de discuter avec des gens qui n’ont aucune notion élémentaire.
C’est ainsi qu’il précise que la négociation a été un échec dans la mesure où tout a été évoqué, sauf la substance même du cahier de doléances qui sont, entre autres, les indemnités de judicature, le relèvement de la grille salariale, l’intégration de certaines indemnités et primes aux salaires, le relèvement de la pension de retraite.
En tout cas, le Président du SAM a rappelé qu’après la grève de 72 heures, le SAM observera une pause. Et après, si rien ne bouge, le syndicat promet de passer à la vitesse supérieure, en décrétant une grève d’une semaine.
Ibrahim M.GUEYE