“Tout être debout se couche un jour“, nous enseigne la sagesse populaire. Par la volonté inébranlable d’Allah, le Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux et l’Omniscient, mon ami d’enfance et mon frère Alou Badara Coulibaly dit Ben s’en est allé le mardi 26 juillet. Il repose parmi les siens dans sa ville natale de San. Que cette terre de ses ancêtres lui soit légère ! Amine !
Ainsi va la vie. Celui qui accepte d’y venir ne peut aucunement refuser de la quitter. Tôt ou tard, chacun de nous répondra à l’appel du destin. Pourvu qu’au moment de partir, l’on soit sur le droit chemin. Que l’on ait posé des actes dignes au service de sa famille, de sa communauté, de son pays et de l’humanité tout court. De tout cela, Alou Dessé (patronyme de son défunt père) a rempli son contrat. Contrat rempli dans l’altruisme, la bonté, la générosité, l’attachement aux relations, l’assistance sociale et surtout, la fidélité à l’amitié en toutes épreuves. En somme, Alou était profondément humain.
Alou, tu t’en es allé jeune. Cependant, je dirai que tu étais d’un autre âge, celui où l’amitié, la fraternité, l’amour du prochain, en somme la fidélité, ont un sens. Fidèle, tu l’as été à ton éducation. Celle donnée par Feu Dessé et Feue Tana, ton papa et ta Maman, sur la mémoire desquels je m’incline pieusement.
Tu as refusé d’être de ceux-là qui ont toujours œuvré pour leur confort égoiste même au prix du reniement. Les amis de la 25ème heure n’ont jamais pu faire barrière entre toi et tes amis d’enfance. Tu n’as pas été celui qui a tourné le dos à ses frères et amis lorsque tu as bénéficié des faveurs du Seigneur. Bien au contraire, tu as toujours cherché à réunir autour de toi dans le respect dû à chacun et à tous, tes frères, tes sœurs et tes amis d’enfance.
Nous te regretterons toujours, mais acceptons la volonté d’Allah Soubhanallah. Nous ne t’oublierons jamais. Ton souvenir restera toujours vivace en nous.
Ta vie (61 ans) a été pleinement menée dans un don de soi au bénéfice des tiens et de nous tous. Nous, particulièrement tes amis d’enfance, sommes très fiers de ton parcours professionnel digne d’intérêt. Notre fierté est d’autant plus grande qu’elle se fonde sur le concert d’hommages unanimes à toi rendus par nos compatriotes (toutes couches socioprofessionnelles confondues) et de nombreuses personnalités étrangères, surtout des secteurs du commerce, des industries et des hydrocarbures.
L’opinion nationale, voire internationale, est bien édifiée de ta dimension à travers des articles de presse produits ces jours-ci. En effet, depuis l’annonce de la triste nouvelle, les journaux maliens, tous bords confondus, ne tarissent pas d’éloges sur le parcours de l’homme d’affaires et de générosité que tu as incarné. Les titres sont évocateurs : “Le magnat des hydrocarbures au Mali” (L’Essor) ; “Un capitaine d’industrie” (L’Indépendant) ; “Un grand patriote” (Le Challenger) ; “Un modèle achevé de manager” (Les Échos). J’en oublie volontiers.
Tout cela est source de fierté pour nous tes proches parents et amis d’enfance. Il m’est aussi important de souligner les marques de reconnaissance exprimées par la Nation tout entière à travers les distinctions honorifiques : Chevalier de l’Ordre national en janvier 2011 et Officier de l’Ordre national du Mali à titre posthume, ce 28 juillet 2016.
Alou, je sais que de ton vivant, tu n’aurais pas accepté que j’évoque cet épisode singulier de nos relations. Mais, je ne saurais le taire après ton départ au risque d’être ingrat. Ce que tu as toujours combattu. En effet, je puis témoigner de ton exceptionnel élan d’amitié et de fraternité solidaires à l’endroit de ma modeste personne lorsqu’en 2007, j’ai été admis à la polyclinique Pasteur de Bamako pour raison de maladie. Quand tu es passé me rendre visite, tu as tout de suite décidé de m’évacuer sur l’hôpital Américain de Neuilly (Paris), l’un des plus huppés d’Europe. Pour la pénible circonstance, Alou, tu as pris entièrement en charge les frais liés à cette évacuation. Tu ne t’es pas limité à cela. Durant toute mon absence (3 mois), tu as assuré l’intendance de ma famille à Bamako. Je n’en dirai pas plus ! De tels actes posés au nom de l’amitié d’enfance ne devraient pas êtres tus. Pardonne-moi de le porter maintenant à la connaissance de l’opinion.
Je le fais par devoir de reconnaissance à l’égard de tes nombreux actes de bienfaisance, de générosité et de magnanimité. Mes propos ne sont pas seulement de circonstances. C’est plutôt l’expression sincère de notre amitié vieille de plus de quatre décennies, depuis que nous nous fréquentions dans les classes de l’Ecole fondamentale de San. De cette période à nos jours, toi et moi avec d’autres camarades sommes restés unis en amis et frères malgré les péripéties de nos parcours respectifs. Particulièrement toi dans le secteur privé et moi dans l’administration publique.
Je voudrais m’arrêter là sinon il y a beaucoup à dire.
Dors en paix mon frère et ami !
Qu’Allah Soubhana Watallah t’accueille dans son Jardin Éternel ! Amine !
Bamako, le 29 juillet 2016
Ibrahima KONATE
Inspecteur des Impôts
Officier de l’Ordre national du Mali