BANGALORE (Inde) - Le Rafale a démontré l’étendue de ses capacités au Mali, a estimé dans un entretien à l’AFP le chef d’état-major de
l’armée de l’air française, venu partager son expérience avec l’armée de l’air indienne qui veut acquérir cet avion de combat multi-rôle.
Mener des opérations dans un environnement complexe sur de très longues distances, "c’est comme ça qu’on mesure la capacité de l’avion", a expliqué le général Denis Mercier, en marge du salon aéronautique de Bangalore qui s’achève dimanche.
Le 13 janvier dernier, à 07H00 locales, quatre Rafale ont décollé de
Saint-Dizier (Haute-Marne, nord de la France) pour aller frapper plus de 20 objectifs dans la région de Gao, dans le nord du Mali, après six heures de vol, a-t-il précisé.
Ils se sont ensuite posés à N’Djamena, après une mission de 9 heures et 35 minutes au total et cinq ravitaillements en vol.
Ce type de mission complexe, "où il faut tout monter parce qu’il n’y pas de radars au sol", qui met en jeu des avions-radars AWACS, des avions ravitailleurs, des opérateurs au sol et des systèmes de réseau complexes, suscite l’intérêt des Indiens, a poursuivi le général.
L’armée de l’air indienne, qui possède aussi avions-radars et
ravitailleurs, a voulu savoir quel type d’opération a été mené, sur quelles distances et comment elle a été montée. Au Mali, l’état-major a pour la première fois planifié et conduit les opérations aériennes depuis la France, "ce qui nécessite des moyens exceptionnels", a-t-il souligné.
Autre particularité de cette opération: "on l’a attaquée en autonomie
complète" alors qu’en Libye, les opérations ont été menées au sein d’une coalition. "L’autonomie complète montre bien tous les moyens dont vous devez disposer et ça, ça intéresse l’Inde aussi", a-t-il ajouté.
L’avantage des Rafale sur les Mirage 2000 prépositionnés en Afrique et qui ont mené les premiers frappes contre les Jihadistes au Mali, c’est ce que les militaires appellent "son architecture ouverte", qui lui permet de communiquer avec d’autres appareils et avec les deux drones Harfang basés au Niger.
"Les avions peuvent se parler, se transmettre des informations directement. La vraie plus-value de cet avion, elle est là", a estimé le chef d’état-major.
Le Rafale, construit par Dassault Aviation, a longtemps été considéré par ses détracteurs comme un avion coûteux et invendable à l’étranger. L’Inde l’a cependant préféré en janvier 2012 à ses rivaux américains et européen et négocie une commande de 126 appareils.
L’homologue indien du général Mercier, N.A.K Browne, a exprimé jeudi l’espoir que le contrat soit conclu à la mi-2013.
Le Mali a en revanche mis en évidence le manque d’avions de transport et de ravitaillement modernes et la France a dû demander l’aide de ses alliés européens, canadiens et américains.
"J’attends avec impatience l’arrivée de l’A400M", l’avion de transport
tactique européen construit par Airbus, a souligné le général Mercier. Le premier A400M doit être livré à la France "fin mai, début juin et je vise une entrée en service opérationelle début 2014", a-t-il précisé.
La France a également annoncé l’intention de commander cette année à Airbus 14 avions de transport et de ravitaillement MRTT.
"Avec deux MRTT et deux A400, en huit heures, on projetait la totalité de ce qu’on voulait projeter" en Afrique pour l’opération au Mali, a regretté le chef d’état-major.
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