C’est dans un esprit constructif que s’est déroulée, hier, la réunion initiée par le gouverneur du District, Mme Sacko Aminata Kane, suite à la tournure dramatique qu’a prise samedi l’opération de déguerpissement des artères de Bamako. Autorités religieuses et coutumières, regroupements de commerçants, élus municipaux, communicateurs traditionnels et autres représentants de la société civile ont répondu présent à l’appel du gouverneur pour discuter de la question.
L’objectif de cette réunion était d’appeler à l’apaisement et de communiquer davantage sur le bien-fondé de l’opération de déguerpissement afin de trouver ensemble la meilleure manière de faire le travail. « Ce qui est certain, cette opération va se poursuivre », c’est ce qu’a rappelé Mme le gouverneur à l’entame de ses propos, ajoutant : « tout est négociable sauf l’arrêt de l’opération ». Ami Kane est aussi revenue sur les démarches qu’elle a effectuées auprès de tous les acteurs concernés avant le début de l’opération.
Selon elle, les personnes concernées ont été prévenues par des actes de déguerpissement après que les communes leur ont signifié l’annulation des autorisations d’occuper. La preuve est que dans certains quartiers, les gens se sont montré compréhensifs et ont commencé à démonter leurs installations avant le passage des équipes de déguerpissement. Pour Ami Kane, ce qui s’est passé samedi est l’œuvre de certains individus manifestement déterminés à boycotter l’opération. Toujours selon le gouverneur, les manifestants du samedi passé étaient soutenus par certains hommes politiques et les enquêtes ont prouvé que certains de ces manifestants avaient même des armes à feu, pendant que la police, qui encadrait la manifestation, ne possédait que des gaz lacrymogènes et des bâtons. Après avoir regretté cet incident malheureux, Mme le gouverneur a présenté ses « excuses à ceux pour qui ont connu des dégâts mais l’opération doit continuer, a t-elle martelé.
Côté société civile, les différents intervenants sont également unanimes que cette initiative doit se poursuivre. C’est le cas notamment du Mouvement Sabati 2012 et du Conseil national de la jeunesse qui estiment qu’il y va de l’autorité de l’Etat. Qu’à cela ne tienne, certains jugent qu’il faut le faire avec beaucoup de philosophie. « Plusieurs tentatives de ce genre ont échoué car jusque là, la bonne méthode n’a pas été appliquée », a déploré le patriarche des Niaré. Il faut associer tous les acteurs concernés pour qu’il n’y ait pas d’abus, préconise t-il.
Mme le gouverneur, Ami KANE
Mme le gouverneur, Ami KANE
Si cette réunion a été l’occasion pour les uns et les autres de reconnaître le bien-fondé de l’opération, certains déplorent le déficit de communication et la brutalité, en certains endroits, avec laquelle l’opération a été menée. Ils ont demandé au gouverneur de trouver des mesures d’accompagnement pour les vendeurs dont la plupart vont rester sans travail.
Rappelant ce que représente le secteur du commerce dans l’économie nationale, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali Youssouf Bathily, estime qu’on ne peut pas faire déguerpir sans proposer de solutions alternatives. « Nous sommes envahis par des appels au secours par les adhérents et nous devons faire quelque chose », a-t-il dit.
On retient des propositions que la seule alternative, pour le moment, reste les marchés dans les différents quartiers de Bamako. Le gouverneur demande aux représentants des corps concernés de sensibiliser leurs membres à se rabattre sur ceux-ci, en attendant d’autres solutions. Déjà, langue a été prise avec les services de l’urbanisme pour repérer les endroits prévus pour servir de marché à travers la capitale. La liste des sites identifiés sera communiquée aux différents maires et au président de la Chambre de commerce qui, à travers des conventions, verront comment construire rapidement des marchés.
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