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L’Indépendant N° 3197 du 8/2/2013

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Pour combattre toute velléité sécessionniste au nord : «faisons du Mali une puissance militaire sous-régionale
Publié le vendredi 8 fevrier 2013  |  L’Indépendant




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De passage à Paris pour la signature d’un contrat d’édition chez Karthala, je reçois le 11 Janvier à 17 heures un coup de fil m’annonçant le décès au front de mon frère (le benjamin de ma famille) Sergent Kalilou Diarra. Konna occupée, Sévaré, Mopti et Bamako menacées. Ma consternation et celle de ma famille à Dio est sans limite. Mais mon frère est inséparable des autres fils du Mali, ces soldats au service de la démocratie, de la liberté, de la République laïque et indivisible tombés sur le champ de l’honneur le fusil à la main sans oublier, loin s’en faut, nos frères tombés à Aguel-hoc le 17 Janvier 2012 suite au génocide perpétré sur notre terre par le MNLA et les autres sanguinaires, terroristes, apatrides, trafiquants de drogue et fanatiques pathologiques. Chers compatriotes, le sang que vous avez consenti de verser pour votre patrie servira à jamais de source intarissable de motivation et de nationalisme pour notre vaillante armée, créée par le Grand Patriote, le président Modibo Kéita le 20 Janvier 1961, afin qu’elle accomplisse sa mission au service du peuple malien. Notre pays seul dans une Afrique en proie à des difficultés immenses et dans un monde divisé et pendant toute une année, a fait face à cette bande internationale de criminels organisés.

Une presse privée patriote

Rendons hommage aux journaux privés de notre pays qui ont analysé avec professionnalisme la situation tragique que notre pays a vécue depuis Mars 2012. Prenons un exemple. On peut lire dans l’Indépendant en date du 21 Février 2012 ceci : « j’appelle les fondateurs du MNLA parasites pour la simple raison que ses éléments voulaient eux aussi, profiter du laxisme de Koulouba pour se faire les poches pleines. Ils ont réalisé que notre gouvernement n’était jamais prêt à combattre une prétendue rébellion et qu’il préférait toujours le dialogue. Par dialogue, entendez bien les milliards, les villas, les 4 X 4 qu’on aurait pu leur offrir pour le maintien du calme « .

Le journaliste libre a vu juste. Négocier c’était signer notre arrêt de mort. Le MNLA a eu le temps de se préparer et d’inviter les autres criminels à le rejoindre. Comment ? L’Indépendant répond dans le même numéro » Quand le gouvernement malien a accueilli les éléments »perdus » de Kadhafi à coup de tonnes de riz, de dattes et de millions de Franc CFA, sans pour autant leur demander de désarmer, les fondateurs du MLNA sont ainsi devenus plus convaincus de l’incapacité de Koulouba à combattre des bandits et oisifs armés. Ils sont devenus, plus téméraires et plus cupides « .

Ce rappel est d’une portée politique et stratégique considérable. Il permet de mieux saisir les dimensions des évènements qui se déroulent en ce moment dans notre pays. Enfin l’indépendant s’interroge à juste titre » comment alors les autorités de Bamako ont-elles pu accueillir des « compatriotes » armés jusqu’aux dents et comment ces derniers ont-ils pu traverser le territoire de l’Algérie ou du Niger alors que le Mali n’a pas de frontières communes avec la Libye ? « . Ce constat mérite d’être rappelé aujourd’hui. Sur le même point j’ai écrit dans l’Indépendant du 30 Mars 2012 ceci « l’humiliation du peuple malien dans la sous-région et sur le plan international, la tuerie assimilable à un génocide des Maliens sur le territoire malien, sans oublier la progression inacceptable des rebelles sur notre territoire, la campagne d’intoxication menée et réussie par les bandits armés, l’indignation de toutes les familles maliennes, le déplacement massif des populations vers les pays voisins et la désintégration progressive de l’Etat caractérisée par l’absence totale de couverture administrative publique et militaire d’une partie de notre pays… Le drame c’est qu’en permettant aux mercenaires de jouir de toute leur liberté dans notre pays, on devait savoir qu’ils pouvaient remettre en cause l’intégrité territoriale du Mali ». Les adeptes de la négociation appuyés par certaines forces internes et sous régionales sont écoutés voire choyés. J’ai écrit dans l’Indépendant du 2 Juillet 2012 ceci : « Soutenir que la négociation est la solution pour mettre fin définitivement à une occupation terroriste préparée de longue date et mise en œuvre par le MNLA, AQMI, Ançar-Eddine et leurs complices internationaux est du domaine du rêve ». Notre pays est toujours seul.

Les populations sont blessées, mutilées, anéanties, humiliées. Les Maliennes de 12 ans sont contraintes à se marier à des criminels qu’elles ne connaissent pas. La charia est appliquée avec la complicité des collaborateurs locaux. Le président en exercice de l’Union Africaine, le président de la République du Bénin a très tôt dénoncé l’occupation du Mali par des criminels. Il a toujours souligné la nécessité d’une solidarité internationale. Il n’a jamais cru à une solution négociée de la crise. Je salue ici son courage et la constance de sa détermination pour notre cause.

La France, puissance économique et militaire mondiale, ex-puissance coloniale, a fait sans nul doute une lecture lucide, intelligente, courageuse, prudente et responsable de notre crise. En pleine controverse sur notre crise, hésitations sous régionales, analyses par perte et profit, décisions ou résolutions contradictoires ou inadaptées, la République Française, sous la conduite du président François Hollande, a adopté une stratégie consistante, cohérente et constante sur notre pays en crise. J’ai écrit dans l’indépendant du 19 Octobre 2012 ceci : « l’histoire reconnaîtra un jour que c’est François Hollande qui a redressé les hésitations sous régionales sur la crise de notre pays. On lui a tout raconté. Il a tranché aux Nations-Unies : le Mali ne sera pas abandonné et l’intégrité territoriale du Mali, l’indivisibilité de la République du Mali et le caractère laïc de la République ne seront pas négociés« . Nous sommes en Octobre 2012. Fallait-il attendre Septembre 2013 pour intervenir au Mali. La communauté internationale hésite. Les représentants des organisations internationales aussi. Le représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies dressa sur notre crise un rapport partiel, partial, illisible et franchement inopérant.

Honneur à la France!

C’est la France qui a poussé « la communauté internationale » à revoir sa copie sur notre pays. C’est la France qui a initié, qui a pratiquement rédigé et soutenu toutes les résolutions des Nations Unies sur notre pays. Il faut ici saluer la compétence, l’efficacité, la clairvoyance, la sérénité, le sens de la responsabilité et l’esprit de solidarité sans faille de la diplomatie française sous la conduite du président de France François Hollande. Sans l’appui de la France, le conseil de sécurité allait traîner les pieds suite au rapport tendancieux du représentant du Secrétaire Général de l’ONU. L’histoire le retiendra. C’est pourquoi la France a suivi au jour le jour le déroulement de la situation au Mali. Tout bascula du 6 au 11 Janvier 2013. La France présente dans notre pays assista à la tentative de désintégration de la transition malienne et la progression programmée des criminels vers notre capitale Bamako. Dans le Monde, quotidien français, du 15 janvier 2013, il est écrit ceci : » Loin du Nord du pays, il y a un homme que l’armée française a contribué à sauver, au moins temporairement : le président par intérim Dioncounda Traoré.

Quelques jours avant que l’armée française ne déploie des troupes au Mali, notamment à Bamako, le renversement des fragiles autorités dans les localités qu’il dirige semblait « pratiquement programmé « selon une proche du président. La tragédie de Konna intervient les Mercredi 9, Jeudi 10 Janvier 2013. Les Huns, les barbares fanatiques s’emparent de Konna, Sevaré et Mopti menacées. Les bandits et les trafiquants de drogue, les jihadistes à la solde d’un islamisme de mécréants savent que la situation interne dans notre pays n’inspire aucune possibilité de résistance. La France de Pierre Corneille le sait aussi. Le président François Hollande est devant l’histoire. Il téléphone. Il consulte les experts français à Paris et à travers le monde. C’est la journée la plus longue depuis qu’il assume la magistrature suprême dans la France du Grand Patriote et Résistant le Général De Gaule. La France ne laissera pas la République du Mali sombrer. Paris consulté par les autorités maliennes pour une intervention militaire immédiate alerte la communauté internationale. Le Jeudi 10 notre vaillante armée perd des éléments suite à la prise de Konna, le Vendredi 11 la France a terminé d’analyser la situation. La conclusion des stratèges français réunis autour du président François Hollande est on ne peut plus claire. Si la France n’intervient pas Bamako tombera dans vingt-quatre heures.

Prenant ses responsabilités devant l’histoire, le président de la République Française François Hollande engagea la France auprès de l’armée malienne. Il ordonna immédiatement à l’armée de l’air française de frapper à Konna les ennemis du peuple malien. Ce n’est pas la communauté internationale qui a motivé la France, c’est la France qui a motivé la communauté internationale sur la crise dans notre pays.

Le président de la République Française en décidant dans un contexte extrêmement difficile pour la France et le Mali de sauvegarder au prix du sang français l’existence du Mali en tant que République démocratique, sociale et laïque a définitivement mis fin à une époque : la Françafrique. La France et le Mali viennent sans nul doute d’écrire avec le sang franco-malien une nouvelle page des rapports franco-maliens. La présence française au Mali de façon définitive n’est pas seulement une exigence existentielle c’est aussi une nécessité morale. Il faut revisiter tous nos accords avec la France. La stabilité dans notre pays, la sécurisation du Nord du Mali après sa libération, le fonctionnement régulier de l’administration malienne au Nord de notre pays commandent désormais la présence de la France auprès du peuple malien.

La guerre engagée par les différentes organisations terroristes contre le peuple malien rend caducs tous les accords signés par les autorités de notre pays dans le cadre d’une solution politique à la crise au Nord. Par ailleurs, ces accords des années 80 à nos jours étaient d’essence plus politique que juridique. Les concessions faites devaient permettre d’aboutir à un consensus. Notons que ces accords furent régulièrement violés par les groupes rebelles. Aujourd’hui, aucun accord n’engage la république. Force doit maintenant revenir au droit républicain: La République du Mali, démocratique, sociale, laïque, une et indivisible. Le débat actuel sur la négociation, l’autonomie ou l’autodétermination appelle pour ma part des observations suivantes :

Premièrement : aucune négociation n’est aujourd’hui acceptable sans la libération totale de notre pays et sans la soumission totale aux principes fondamentaux de la République des « Maliens » qui ont pris des armes contre les maliens et qui ont pleinement participé au génocide d’Aguel hoc et à la guerre contre le Mali. Les collaborateurs ou les déserteurs ne doivent-ils pas répondre de leurs actes après la libération totale de notre pays ? Ce qui n’exclut nullement le pardon.

Pas de vengeance

La vengeance n’est pas un élément de la culture malienne. Le Malien est tolérant, le malien est social, convivial et toujours soucieux des vertus de solidarité, de fraternité et d’égalité. Évitons l’amalgame à tous les niveaux de la vie socio-économique et politique. Consolidons l’unité nationale afin de pouvoir faire face demain aux difficultés économiques et celles relatives à la sauvegarde de notre raison d’être.

Deuxièmement : les concepts d’autonomie et d’autodétermination furent l’objet de débat pendant la conférence nationale du Mali du 29 Juillet au 12 Août 1991. Les autorités de la transition furent confrontées dès Mars 1991 aux revendications des rebelles qui venaient encore une fois de prendre les armes contre la République. Des rencontres eurent lieu sur le sujet notamment à Mopti. La commission constitutionnelle chargée d’élaborer l’avant-projet de la constitution a placé sa réflexion au centre de la République une et indivisible, de la démocratie pluraliste et de la laïcité. Le débat sur le Nord s’effectua ailleurs. Mais à la séance plénière de la Conférence Nationale pour l’adoption du projet de constitution, le débat sur l’autonomie ou l’autodétermination du Nord de notre pays surgit. Le débat fut long et houleux.

La conférence nationale refusa l’intégration des concepts autonomie dans le projet de constitution de la IIIè République. La conférence a voté contre l’autonomie ou l’autodétermination. La décentralisation fut choisie comme principe à valeur constitutionnelle afin de faire face aux difficultés économiques spécifiques aux régions de la République. Toute tentative de séparatisme ou d’indépendance d’une partie de la République est contraire à la Constitution du Mali, de toutes les constitutions du Mali depuis 1960.

Troisièmement : Quelle est la nature juridique d’un mouvement armé de libération nationale à l’intérieur d’une République comme la nôtre. Le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) est un mouvement armé qui refuse la nation malienne. Le Mouvement armé de lutte pour la » libération « d’une partie de la République. Ainsi, le mouvement ne souscrit pas à l’intégrité territoriale de la nation malienne. On le voit, l’idéologie de ce mouvement est celle des mouvements de libération nationale des années 50, 60 et 70 : la décolonisation par les armes. Ainsi, le dialogue est possible dans quelle condition ? Il faut qu’ils renoncent totalement à la dénomination du mouvement en abandonnant totalement les lettres MNLA. C’est la seule condition juridique d’un dialogue républicain avec ceux qui se réclament de ce mouvement. Le dialogue républicain est possible mais dans le cadre du respect intégral des principes qui fondent la République indivisible et une du Mali.

Quatrièmement : Pour une puissance militaire. L’histoire des nations montre, entre autres, que toute puissance économique s’appuie sur une puissance militaire. La sécurité économique et militaire d’un pays est inconcevable sans une armée forte, puissante, équipée et capable de jouer son rôle républicain. Nous savons qu’à la force, il faut souvent répondre par la force. Contre la force imposée par les armes, il faut la force des armes. Pour nous Maliens, l’objectif militaire qui nous interpelle est de concevoir le plus vite possible une puissance militaire. Faisons de notre pays une puissance militaire sous régionale. Il faut également saluer la position courageuse et réaliste des plus hautes autorités de la République du Niger. Le président nigérien, Mahamadou Issoufou et son Ministre des Affaires Étrangères ont officiellement déclaré que le MNLA ne constitue qu’une minorité de touaregs armée au service d’une cause inacceptable. Le poids de la République du Niger dans notre crise au niveau international est considérable et joue pleinement à notre faveur. Le Mali est un État unitaire, Kidal fait partie intégrante de la République du Mali. Quelques » Maliens égarés « et armés n’infléchiront jamais le caractère unitaire de la République du Mali.

Pr Abdoulaye DIARRA Ancien Membre de la Cour Constitutionnelle

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