Kidal, théâtre des affrontements entre le Groupe d’auto-défense touareg Imghad et alliés (Gatia) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), fait également l’objet de toutes sortes de commentaires. Et la toile reste le canal privilégié.
La guerre fratricide que se livrent les groupes armés à Kidal intéresse toutes les couches de la société. En lieu et place de sources fiables, la toile est devenue la tribune toute trouvée pour se prononcer sur la situation avec des bilans et images des morts des affrontements.
La raison de cet engouement est simple : Kidal échappe au contrôle du Mali et difficile d’avoir des informations crédibles. Surtout qu’on évoque un déplacement massif des populations civiles.
Dans ces genres de situation, ce sont essentiellement les points de vue des protagonistes qui dominent. La Minusma et la force Barkhane, installées dans la 8e région administrative du Mali, ne communiquent qu’au compte-gouttes.
Difficile de leur demander de donner la situation réelle des combats pour le contrôle de la ville stratégie de Kidal. D’aucuns sont allés jusqu’à dire qu’ils ont choisi leur camp, celui de la CMA.
En début de week-end, au moment où l’on annonçait la reprise des hostilités dans la localité, un cadre d’un parti politique s’est fait l’écho de la position de la CMA sur sa page Facebook. Il a fallu de peu qu’on le qualifie de porte-parole de l’ex-rébellion. S’en est suivi un véritable déballage sur le sujet.
Plus qu’une guerre d’opinion, un journaliste qui fait office de conseiller dans un ministère, donne régulièrement la position et les exploits du Gatia. En cette période, l’information est passionnée et chaque internaute, en fonction de sa sensibilité, tente de monopoliser l’opinion. Constat : des images anciennes sont mises à contribution.
Les belligérants aussi
A Kidal, c’est connu, la guerre entre les deux camps trouve son explication dans l’histoire des communautés. Et pour tenter de ramener les événements de ces derniers jours dans un débat sociologique, le porte-parole de la CMA, Almou Ag Mohamed, a repris une formule de l’archéologue Dida Badi : "L'anthroponymie Imadadaghen provient du toponyme Adagh, autrement dit ceux de l'Adagh, Kel Adagh.
L'Adagh serait le point de départ du groupe des Imadadaghen avant leur installation dans le Gourma actuel. Selon les traditions orales des Kel Adagh, l'ancêtre fondateur des Imadadaghen est In Tasawalt dont le tombeau se trouve à Taghlit. In Tasawalt serait le descendant d'Aitta, au même titre que les Ifoghas".
Le secrétaire général du Gatia, Fahad Almahmoud de répliquer : "Faux ! Les Imidighanes comme tout le monde Amazigh sont matrilinéaires. Donc ils n'ont pas d'ancêtre mâle mais femelle. Elles sont quatre : Tamidit, Tinelagh, Abibil et Techaterte. Aita lui-même n’est autre qu'une déformation de ‘Ait’ chez les Amazigh et ‘Ag’ chez les Touaregs.
Cette épopée qu'il soit un descendant du prophète (PSL) n'est qu'une infime partie de l'arabisation qui a visé pendant des siècles le monde Amazigh. Nous Imidighanes, une composante des Imghads à partir de la domination des Iwilimidan, sommes les seuls Touaregs qui ne s'attribuent pas des origines arabes comme ceux de la légende Aita".
Par la suite, la polémique s’arrête et chacun tente de jouer à l’apaisement au grand bonheur des internautes qui ont pu comprendre toute la complexité des rapports entre les tribus touarègues.
Alpha Mahamane Cissé