1er Août 2014- 1er Août 2016, il y a deux ans que l’opération française « Barkhane » a été lancée. Avec un effectif de 3500 hommes, c’est la plus grande opération militaire française en Afrique. Objectif : lutter contre le terrorisme et les crimes transfrontaliers dans le Sahel. Cependant deux ans après son déclenchement, l’opération peine à rétablir la sécurité dans la région.
Depuis son lancement, les soldats de l’opération Barkhane ont conduit plus de 800 opérations et patrouilles sur l’ensemble de la bande sahélo-saharienne. Ces actions sont le plus souvent menées en partenariat avec les forces armées de la région. « Près de 40 opérations multipartites de contrôle transfrontalier ont également été effectuées», selon les responsables de l’opération Barkhane.
Barkhane en deux ans, c’est aussi plus de 200 terroristes neutralisés et près de 16 tonnes d’armes et de munitions détruites ou saisies. Cependant l’opération a aussi enregistré des pertes en vies humaines. Sept militaires français sont tombés au Mali depuis le déclenchement de l’opération. Outre les actions de sécurisation, l’armée français est aussi engagée dans la réalisation des projets d’aide au développement tels que la construction de marché, ou de puits dans des localités du nord.
Si l’engagement des forces françaises a permis de détruire des sanctuaires jihadistes dans le nord du Mali, il n’a pas pour autant réussi à rétablir la sécurité dans le Sahel et le Nord du Mali en particulier où les attaques terroristes se poursuivent. D’où la déception de nombreux Maliens qui s’interrogent sur la nécessité de la présence des forces françaises sur le territoire malien.
Une partie des éléments de la force Barkhane est déployée à Gao. Dans cette région comme d’autres localités du Nord, l’insécurité et le terrorisme continuent de sévir malgré cette présence des forces spéciales françaises. Si certains habitants regrettent cette insécurité, ils reconnaissent en revanche que Barkhane « fait de son mieux ». Pour faire face aux défis de l’insécurité, ils recommandent « plus de coopération et de coordination des actions » entre l’armée malienne et les soldats français.
Moussa Souma Maïga, chef Songoï de Gao, joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« Ce n’est pas aussi facile qu’on le croit. On doit beaucoup travailler sur un islam moins radical. On doit faire beaucoup de communication en direction des maîtres coraniques, les leaders religieux, etc. Il existe beaucoup d’ingrédients à mettre en œuvre pour lutter contre le fléau du jihadisme. Ça ne peut aller aussi vite que les gens le pensent. Le jihadisme vient de loin, il s’est installé, et c’est parmi les communautés que les gens recrutent, car la nature a horreur du vide.
Pour mieux lutter contre l’insécurité, Barkhane doit davantage renforcer son partenariat avec les forces armées maliennes. Ils sont en train de le faire, mais il y une question de moyens et de formation qui se pose à nos forces. Je souhaiterais que Barkhane mette l’accent sur cet aspect à l’actif des FAMAs pour la formation, la collaboration, la concertation plus avancées, mais travailler à avoir l’appui des communautés ».
Après deux ans d’existence, certains observateurs jugent le bilan de l’opération Barkhane « assez mitigé ». Selon ces analystes, les Maliens ont été déçus de cette opération qui contrairement à « Serval » n’a pas été efficace dans la lutte contre le terrorisme. Beaucoup d’observateurs pensent aussi que les forces françaises et maliennes doivent coopérer davantage.
Souleymane Drabo est éditorialiste au quotidien national « L’Essor ». Il est joint par Sékou
Gadjigo :
« Le Bilan est assez mitigé. Parce que du point de vue de la sécurité, je pense que les Maliens se faisaient une fausse idée peut être de ce qu’il fallait attendre de Barkhane. Les Maliens pensaient à un Serval bis en terme de sécurité, pour accroître la sécurité dans les régions du nord. On s’est aperçu qu’il n’en est rien du tout. Les gens de Serval sont beaucoup plus occupés par ce qui se passe au nord de Kidal. Donc, il y a une certaine déception du côté des Maliens, mais je ne pense pas que ça soit de la responsabilité de Barkhane ».
En plus de ces opérations Barkhane est-elle sensée coopérer aussi avec les forces Maliennes?
« Effectivement, il y a une coopération qui est attendue entre les forces armées maliennes et Barkhane. Comme vous le dites, cette coopération ne fonctionne pas à la satisfaction des Maliens. Parce que j’ai entendu un habitant de Gao qui disait que les attaques à quelques Kilomètres des capitales régionales sont devenues fréquentes, alors qu’au moment de Serval c’était quasiment impossible ».