Sur l’ORTM, la sortie fade de Mme Sacko Ami Kane concernant l’enlisement de l’opération de déguerpissement déclenchée à Bamako a intrigué les populations.
Elle commença par des excuses à l’endroit des victimes touchées par le désagrément causé par les démolitions, puis donna un argumentaire assez léger sur le motif réel de l’opération, en mettant en avant les raisons d’un assainissement et d’une action permettant de libérer les trottoirs pour la fluidité de la circulation. Avant de changer de ton pour dire que l’opération est pour «le bonheur des populations et des commerçants»….
Je dis que c’est faux, car dans certains documents distribués, il est écrit noir sur blanc que c’est en vue de la préparation du Sommet Afrique-France. Et dire que c’est pour le bonheur des commerçants, c’est une insulte, car la démolition d’un bien durement acquis n’a rien «d’heureux et de réjouissant»….
Assumons donc nos responsabilités, oui toutes nos responsabilités, sans une fuite en avant, en enfarinant les mentalités les plus faibles sur un mensonge monté de toutes pièces. Au-delà de cela, elle récidive encore en affirmant que c’était les vandales qui voulaient profiter de la situation pour semer le désordre. Mais à qui la faute, sachant que la méthode employée par les forces de l’ordre était barbare ? La Gouverneure, avec une main de fer, n’est pas allée avec le dos de la cuillère, pour détruire des emplois dans ce secteur informel qui nourrit des milliers de familles. Tous le savent très bien, cette foule était constituée de commerçants en colère et déçus de voir tant d’investissements voler en éclats par «les bulldozers, Made in Ami Kane». Les comparer à des vandales sort de l’ordinaire et devient cette mauvaise habitude politicienne que beaucoup utilisent médiatiquement pour brouiller les pistes, afin de justifier la mauvaise action entreprise.
Je vois très bien dans cette affaire que la Gouverneure Ami Kane a été nommée pour régler cette affaire qui a fait trembler la République, plus d’une fois, sauf que cette fois, le fameux «Sommet Afrique-France» s’en mêle. D’accord pour la propreté de Bamako et tout le tralala qui s’ensuit, mais je préfère une ville sale qui me donne mes 3 repas par jour plutôt qu’une qui brille de mille feux où la famine et le chômage me rongent. Que les autorités redéfinissent le mode de sensibilisation en indiquant des sites bien aménagés, sinon, je crains un soulèvement populaire.
Nous ne sommes pas dans un Etat normal pour que «Force reste à la loi». À vouloir trop pousser les uns et les autres, «force restera aux DJÂMÂ FREIN TÂN (la foule en colère)». À bon entendeur salut ! Hier lundi, 1er août, la Gouverneure a prévu une concertation avec toutes les couches, tous les leaders religieux, les notables, les syndicats des commerçants, la Cafo, le Cnj, les syndicats des transports… Il fallait commencer par là….
IKT
Opération de libération des voies publiques : La colère des commerçants contre Ami Kane
La souffrance et la colère des Maliens ne font qu’augmenter chaque jour que Dieu fait. Le 12 juillet 2016, ce sont des jeunes qui tombaient à Gao sous les balles des forces de sécurité, alors qu’ils étaient en marche pacifique pour dénoncer l’installation des Autorités intérimaires dans leur région. Le 17 juillet 2016, c’était l’attaque terroriste du camp militaire de Nampala avec son corollaire de morts et de blessés. Puis, les affrontements meurtriers à Kidal entre la Cma et la Plate-forme…
Comme si cela ne suffisait pas, c’est Ami Kane, la nouvelle Gouverneure du District de Bamako qui vient en rajouter avec le déguerpissement des commerçants et des détenteurs de kiosques aux abords des voies publiques. Là encore, des blessés. D’où la colère noire des Bamakois contre Ami.
En effet, lors de cette opération de déguerpissement initiée le samedi 30 juillet 2016 par Ami Kane, un affrontement est survenu entre les policiers et les commerçants de Dabanani. Malgré l’intervention du Secrétaire au conflit du Collectif des commerçants, Madou Sidibé, demandant qu’il soit donné aux occupants un peu de temps pour faciliter leur déplacement, les choses ont dégénéré.
Selon le secrétaire au conflit du Collectif des commerçants de Dabanani, Madou Sidibé, il y a plus de 20 ans que certains occupants sont installés. Pour ce faire, soutient-il, avant de les déguerpir, Ami Kane devrait leur donner un peu de temps pour qu’ils ramassent leurs marchandises et autres affaires. «Il y a des associassions dans le marché. Mme Kane devait prendre attache avec elles pour sensibiliser les commerçants, mais les policiers sont venus tout détruire. Il faut qu’elle travaille avec intelligence parce que la plupart de ces commerçants, qu’on veut déguerpir par force, sont des jeunes diplômés sans emploi. Elle doit communiquer avec les commerçants pour faciliter le travail», a expliqué M. Sidibé.
Selon Sangaré Drissa, commerçant, la Gouverneure Ami Kane a dépassé les bornes. «Je suis d’accord que le ‘’Rail Da’’ et le marché de Médine soient déguerpis, mais pourquoi s’en prendre aux pauvres gens, comme nous, qui nourrissons nos familles grâce à nos kiosques au bord de la route, alors que nous ne sommes même pas sur le trottoir. On ne peut pas aller au Nord, on ne peut plus rester au Sud donc ! Je demande humblement au gouvernement qu’il nous montre un endroit précis pour que nous puissions aller nous installer en sécurité, si non l’insécurité est devenue notre compagnon de chaque jour», a-t-il lancé.
Pour Badra Diallo, si le gouvernement pense rendre propre la ville de Bamako en détruisant les biens des populations, il se trompe, car cela ne fait qu’empirer le vol et augmenter le taux de chômage au Mali.
Assétou Y. SAMAKE/Stagiaire