«Tu cherches le pays englué dans la torpeur des nuits sorcières qui dévorent nos champs d’espérances, tu le crois parti, emporté par les cyclones du dédain et au spectre des crépuscules du diable, tu réponds par des mots impuissants, tu crois le pays à terre alors qu’il est en toi caché.
De tes lâchetés de citoyen terrifié par les hordes étranges, tu fais élixir pour le réconfort de ta conscience tourmentée, s’il t’en reste, le pays des autres, tu chantes et envies, fuyant le fardeau de nos existences conjuguées au verbe de la servitude volontaire et ce pays nôtre, même en lambeaux, sera le lit de notre cimetière commun, là où naîtront peut-être quelques fleurs de l’échappé, de l’épargné, rescapées de l’effacement.
Nos yeux ne voient plus, nos âmes ne brûlent plus au feu de l’amour du pays et nos esprits ont démissionné là où le courage et l’honneur invitaient ses abonnés. Ce pays-là, le labeur des ancêtres qui jadis ont porté le souci de ce monde à venir, notre monde, de nous se cache. Quand le souci habite un monde conscient, rien n’est perdu.
Tu restes mon frère car tu n’as pas le monopole de la lâcheté et de la démission. Ces princesses du déshonneur sont aussi miennes. Je suce leurs seins de jouvencelles épanouies et délicieuses, en attendant la fin du monde nôtre, espérant une génération plus audacieuse.»
Yaya TRAORE