Les opérations de déguerpissement initiées par le gouverneur du District de Bamako, la dame de fer Sako Aminata Kane, sont diversement commentées dans les grins et autres salons feutrés de la capitale. Chacun y va de son commentaire.
Si les partis politiques de la majorité présidentielle sont restés muets jusqu’à présent, ce n’est pas le cas de l’opposition républicaine et démocratique. A l’image de la presse, elle en a fait ses choux gras. Seul bémol: les partis politiques de l’opposition se trouvent, pour une rare fois, divisés sur une question aussi sensible que cette opération.
Jusqu’à présent, ils avaient fait front commun contre le régime en place. Cette fois-ci, dans différents communiqués de presse, chaque parti a exprimé sa position sur ces opérations de déguerpissements des trottoirs et artères de la capitale. Si les groupuscules, à savoir la FCD, le PIDS, l’ANCD, le parti Lumière pour l’Afrique (LA) et le PSP, ne se sont pas encore prononcés sur le sujet, ce n’est pas le cas des ténors de l’opposition.
En effet, dans leurs communiqués de presse, si le parti de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, les FARE, semble soutenir les opérations en cours, ceux de l’Honorable Soumaïla Cissé, l’URD, et de Tièbilé Dramé, le PARENA, sont dans une posture extrême et demandent l’arrêt des opérations. Pour le parti FARE, «les mesures d’assainissement des trottoirs des artères principales sont salutaires et le parti FARE soutient toute action d’amélioration du cadre de vie des Maliennes et des Maliens».
Cette position tranche catégoriquement avec celles du PARENA et de l’URD, qui rejettent carrément l’initiative et demandent l’arrêt des travaux. En effet, au PARENA, tout en reconnaissant la nécessité d’assainir Bamako, le parti du Bélier Blanc estime que «force est de reconnaître que l’opération a souffert d’un déficit de concertation qui a conduit aux violences des 30 juillet et 1er août». En outre, «le PARENA invite le Gouvernement à ordonner l’arrêt immédiat de l’opération de démolition des kiosques et étals des marchés de Bamako, en attendant l’issue du dialogue avec les associations de commerçants détaillants».
Même tonalité chez l’URD, qui, tout en déplorant un déficit de communication avec les acteurs concernés, a décrié les dérapages intervenus au cours de cette opération. «Le Parti rappelle que le Mali, pays en crise, meurtri par la recrudescence des attaques terroristes, djihadistes et autres actes de banditisme, ne saurait supporter de tels actes, de nature à compromettre le très fragile processus de paix et de réconciliation», martèle le communiqué du parti de la Poignée de mains.
Cependant, les positions des trois partis se retrouvent au niveau de la méthode, qu’ils désapprouvent, et du déficit de communication autour de cette opération. Rappelons que lors de sa rencontre avec la société civile, les leaders religieux, les représentants des commerçants et les jeunes, Mme le Gouverneur du District a soutenu que tout était négociable, sauf l’arrêt des opérations.
L’objectif de cette rencontre était de créer un consensus autour des ces déguerpissements. Tout le monde a salué l’initiative et demandé qu’elle se poursuive. Les opérations ont effectivement continué et se sont poursuivies jusqu’à hier, où elles ont connu des échauffourées au niveau de l’auto-gare de Sogoniko et tout le long de l’Avenue de l’OUA, avec des jets de gaz lacrymogènes.
Ami Kane a indiqué que tout le monde avait été associé au processus depuis son début. Son prédécesseur à ce poste avait même initié une campagne de sensibilisation à l’endroit des occupants des trottoirs des grandes artères.
Youssouf Diallo