La transition à la suite du coup d’Etat militaire du 22 mars au Mali a connu un nouveau soubresaut, le lundi 21 mai 2012, avec l’agression du président par intérim Dioncounda Traoré par des manifestants opposés à son maintien au pouvoir, au lendemain d’un accord politique entre la Cedeao et le Cnrdre. Le drame est survenu lorsque la convention organisée par la Copam et le Mp22, qui devait se tenir le même jour au Cicb, s’est transformée en marche de protestation paralysant du coup la ville de Bamako.
Pourquoi la convention s’est-elle transformée en tentative d’assassinat du président de la République ? Le Mp22 et la Copam sont-ils complices ou instigateurs de l’agression physique du président Dioncounda Traoré? Où se trouvaient les gardes du corps du président au moment de l’agression ? Pourquoi ne l’ont-ils pas suffisamment protégé ? Etaient-ils de cœur avec les manifestants ? Pourquoi le ministre de la Sécuritaire intérieure et de la protection civile n’a-t-il pas pris des mesures pour encadrer et contenir la marche, surtout que l’intention était visible parce que les manifestants portaient des cercueils avec l’effigie de Dioncounda ? Voilà autant de questionnements qui exigent l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités et punir les auteurs de ce crime contre la nation malienne.
En tout cas, certains manifestants ont pu accéder au bureau du président de la République à l’indifférence totale des éléments chargés de sa sécurité. Cette violence qui risque de mettre en mal le processus de sortie de crise, traduit le manque de maturité politique de ces amateurs qui s’agitent auprès du Cnrdre et ne suscite aucun espoir chez nos concitoyens du Nord.
Investi le 12 avril chef de l’Etat par intérim, Dioncounda Traoré a été agressé et blessé dans son bureau à Koulouba, par des manifestants répondant à l’appel de certaines formations politiques, d’organisations et associations regroupées au sein du Mp22 et de la Copam favorables à la tenue d’une convention nationale pour designer le président de la transition. On semble oublier que le lundi dernier, jour de l’agression, Dioncounda était encore dans son mandat constitutionnel, c’est-à-dire l’intérim légal. Ce qui ôte toute circonstance atténuante aux criminels car ils ne sont rien d’autre que cela.
Selon des témoignages concordants, certains manifestants ont pu, en dépit de la présence de membres de la Garde nationale, pénétrer dans le bureau du président de la République où ils l’ont frappé et blessé. Après cette agression, Dioncounda Traoré a été admis aux urgences, avec une blessure au visage et une autre au dos, selon une source hospitalière. Il a passé un scanner qui a révélé qu’il n’y a pas de lésion grave, comme l’a précisé le médecin qui s’est occupé de l’examen médical. Selon la même source, il a ensuite quitté l’hôpital pour une destination sécurisée, après un entretien avec le Premier ministre.
En dépit du traumatisme qu’il vient de subir, Dioncounda Traoré est plus jamais déterminé de poursuivre sa mission. Il devra organiser des élections d’ici à 12 mois et surtout tenter de résoudre la crise dans le Nord où près de 350.000 personnes ont fui depuis mi-janvier leurs domiciles pour se réfugier à l’intérieur du Mali ou dans des pays voisins.