Le trafic de drogue dans le Nord ne fait pas que des heureux dans les rangs des groupes armés si l’on s’en réfère aux déclarations de l’un des porte-paroles de l’ex-rébellion, Attaye Ag Mohamed : “Au Mali, les trafiquants de drogue sont des bailleurs de partis politiques…”
Sur l’épineuse question de drogue à Kidal, le jeune Attaye Ag Mohamed qui vit en Mauritanie déclare qu’il y a certes une influence de trafiquants mais le problème n’est pas une affaire de trafic.
“Le trafic n’a jamais eu de routes constantes puisqu’il dispose de son propre carnet sécuritaire d’acheminement qui s’adapte le long du Sahel. Même sa main d’œuvre (chauffeurs, convoyeurs, milices de sécurité, guides de passages…) ne contrôle ni les départs, ni les lignes, encore moins les arrêts sporadiques et définitifs. Pour le cas du passage dans l’Azawad, le tout se décide de Bamako et toute la liquidité des rémunérations transite de là-bas autant que les consignes. Les marchés du blanchiment, du renseignement et de l’investissement politique, enrichissent plus que l’USAID, le Pnud, l’OCDE et la Bad réunis”.
Plus loin dans sa réflexion, il fait remarquer que la situation actuelle à Kidal comme celles vécues à Tabankort, Anefif ou Ménaka, les trafiquants y ont la main dans le seul but d’empêcher toute forme de normalité.
“Ces trafiquants minent plus les Etats et les institutions sécuritaires nationales, sous-régionales et internationales sur place et autour, que des organisations d’essence revendicatrices avec des compositions communautaires”, révèle-t-il.
Des politiciens indexés
Pour étayer ses arguments qui sont discutables, il donne des chiffres : “6/10 des barons de trafics au Sahel résident et séjournent dans les capitales ouest-africaines, 2/10 au Maghreb et 2/10 entre l’Occident et le Golfe. Au Mali, ils sont généralement chevaliers de l’Ordre national, assistent aux grandes cérémonies nationales, sont actionnaires à l’ACI-2000 ou bailleurs de partis politiques…”
A l’en croire, “c’est donc toute cette machine narco-criminelle légalisée par des systèmes politico-institutionnels autorisés au nom de fausses souverainetés d’Etats jacobins qui profite de la persistance du désordre”. Et de conclure qu’à côté de ces acteurs du trafic de drogue, “les multinationales qui rôdent gagneraient plus dans une paix de papier préservant l’instabilité”.
A l’analyse de ces propos, même s’il ne mentionne pas les noms de partis politiques, une réponse de leur part s’avère nécessaire pour clarifier la situation. A la publication sur page Facebook de ces informations jugées scandaleuses, nous avons tenté de rentrer en contact avec l’intéressé. Des tentatives qui ont échoué.
A. M. C.