La Division des Affaires Civiles de la MINUSMA a participé les 30 juillet et 1er août 2016 à deux journées d’échanges sur les récentes dispositions du Code des Collectivités territoriales du Mali portant sur les autorités intérimaires, organisées respectivement pour la région de Tombouctou et celle, plus récente, de Taoudénit, en manque d’infrastructures.
La rencontre était organisée à l’intention des représentants des partis politiques, des responsables administratifs et techniques de l’Etat, ceux des collectivités territoriales, des chefs de fraction, des représentants de la CMA, de la Plateforme et de la société civile venant des cinq cercles de la région de Tombouctou concernés par la mise en place desdites autorités ainsi que les mêmes acteurs de la toute nouvelle région de Taoudénit, où la problématique se présente différemment.
Pour la rencontre du 30 juillet, concernant uniquement la région de Tombouctou, le Chef de l’exécutif regional, Adama Kansaye, en ouvrant les travaux, a situé le cadre de l’atelier en indiquant que celui-ci intervient à un moment où beaucoup de maliens projettent leurs regards sur la mise en place des autorités intérimaires. Le temps fort de l’atelier a consisté en la présentation, par un Conseiller du Gouvernement, de deux modules, à savoir une communication sur les autorités intérimaires et une autre sur l’état d’avancement du processus de régionalisation, suivis chacun de questions des participants auxquelles des réponses idoines ont été apportées par le conférencier.
Même dispositif informationnel concernant la nouvelle région de Taoudénit, issue du découpage administratif de celle de Tombouctou et pour laquelle la session s’est tenue le 1er août en présence du Gouverneur de région, du Député de la région de Tombouctou, des Maires de la Commune urbaine de Tombouctou, des représentants de la CMA, de la Plateforme, du Haut Conseil des Collectivités ainsi que ceux des Ministères en charge de la Décentralisation et de la réconciliation nationale, maîtres d’oeuvre du processus.
En introduisant les travaux de cette journée, Abdoulaye Alkadi, premier Gouverneur de la région de Taoudénit a insisté sur l’importance d’œuvrer pour la réussite de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, à travers notamment l’installation des autorités intérimaires. Il a rappelé aussi les défis importants auxquels la nouvelle région fait et fera face.
Le Gouverneur a mis à profit cette rencontre pour présenter son cabinet à l’assemblée et l’informer de l’opérationnalisation de l’administration de la région de Taoudénit, une disposition pour laquelle l’Etat malien a mobilisé 1 milliard de Francs CFA. La nouvelle région fait presque 1/5ème du territoire malien, pour une population très faible. Les cercles et les communes prévues par le processus de décentralisations ne sont pas encore fixés, d’où l’importance d’une telle rencontre qui permet d’engager le débat sur ces questions.
Une contribution efficace des participants à la sensibilisation des citoyens
L’exposé relatif aux autorités intérimaires, qui a le plus tenu les participants de Tombouctou en haleine, a mis en relief le contexte politique et sécuritaire qui impose une période intérimaire, nécessitant la mise en place d’autorités du même nom, en lieu et place des Conseils des Collectivités territoriales présentes dans la région de Tombouctou. Il a aussi fait état de la composition, des attributions, des modalités de fonctionnement et de la durée d’exercice de ces autorités. Une place fut également réservée aux conseillers spéciaux auprès des représentants de l’Etat dans la région. Le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), processus de sécurisation du Nord du Mali, et le mode de financement du fonctionnement des autorités intérimaires ont aussi été évoqués.
Dans le cas de la région de Taoudénit, il s’agit d’installer des collèges transitoires de 33 Conseillers, aux niveaux région, cercles et arrondissement car, pour le moment, il n y a pas de collectivités territoriales dans cette région de création récente. Ces collèges transitoires vont exercer les fonctions d’autorités intérimaires. Il en est de même pour Ménaka, autre région de création récente.
La deuxième communication faite dans le cadre des sessions d’information et de communication a mis l’accent sur l’organisation administrative au Mali, le concept et les objectifs de la régionalisation, la politique de décentralisation et les outils de mise en œuvre de la régionalisation, tels que stipulés dans l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
A Tombouctou, un certain nombre d’embuches liées à des erreurs de perception qui se posent à la mise en place et au déploiement des autorités intérimaires ont été dégagées et des suggestions ont été faites pour les éviter. C’est ainsi les participants ont été invités par le Gouverneur qui clôturait la rencontre à partager et à relayer la bonne information auprès des communautés qu’ils ont représentées pour que la paix soit et que le développement socio-économique du Mali s’amorce.
La situation est perçue différemment à Taoudénit où la question préoccupante est celle relative à l’érection des circonscriptions administratives de la nouvelle région en collectivités territoriales permettant ensuite d’avoir le statut d’autorités intérimaires. Avec comme objectif de réussir le développement régional et local, la régionalisation verra la mise en place à Taoudénit, d’une Agence de développement régionale dès que la loi sur la création des collectivités territoriales de la région sera promulguée. La région de Taoudénit ne dispose d’aucune structure ni infrastructure de développement. Elle manque également d’expérience en matière de conduite de l’administration, soulignant de cette manière, l’ampleur des défis rencontrés.
Les ateliers ainsi organisés et auxquels ont participé près de 300 personnes des deux régions sont d’un grand apport dans la mise en place et le déploiement des autorités intérimaires, dans la mesure où ils ont permis de donner des explications pertinentes aux problèmes soulevés et de susciter leur bonne compréhension. Des sessions similaires seront organisées à travers tout le Mali, durant le mois d’août, à l’endroit des différents acteurs du processus, avec l’espoir que ceux-ci vont démultiplier, auprès des groupes qu’ils représentent, les informations reçues.