Le président du Mouvement national pour le développement (MONADE), Moussa Aliou Kéïta, a animé, hier mardi 2 août, une conférence de presse pour donner la position de son parti sur les derniers évènements survenus dans notre pays : l’opération de déguerpissement des grandes artères de la capitale, la dégradation de la situation sécuritaire dans la partie septentrionale de notre pays etc.
Se prononçant sur l'opération de déguerpissement des grandes artères de la ville de Bamako, appelée désormais « l’opération Ami Kane », il dira que c’est une bonne initiative si elle se fait dans les meilleures conditions à travers une bonne communication entre les acteurs concernés. Il s'agit, entre autres, des autorités de l'État (gouvernorat), autorités locales (mairie du district et mairies des communes), représentant des commerçants, société civile, etc.
Selon Moussa Aliou Kéïta, il y a eu un véritable déficit de communication autour de cette opération couplée de plusieurs contradictions en ce qui concerne les raisons du déguerpissement. « Au même moment où le gouverneur justifie cette opération par l’assainissement de la ville de Bamako, une lettre de la mairie de la commune V indique clairement que l’opération a pour but d’assainir la ville afin d’accueillir le sommet France-Afrique, prévu pour janvier 2017. Cette lettre de la mairie de la commune V montre à suffisance que les raisons évoquées par les autorités ne tiennent pas », a-t-il déploré.
Il ajoutera qu’on ne voit pas ces opérations que lorsque le Mali accueille de grands sommets ou des hôtes de marque et autres chefs d'État. « Le comble est qu'après la fin de ces événements on permet aux occupants des artères de se réinstaller. Après cela, nous accusons nos autorités de laxisme. Elles nous diront que les autorisations sont provisoires. En plus, ces occupants payent des taxes quotidiennement aux différentes mairies de la capitale », a-t-il martelé.
À ses dires, les derniers évènements prouvent que nous ne sommes pas dans un pays cohérent. « Sinon, comment comprendre que des autorités, sensées assurer la sécurité des citoyens, cautionnent l’installation des hangars sur des lieux inappropriés sachant que la vie des occupants est en danger », s’est-il interrogé. Avant d’inviter l'État à prendre ses responsabilités pour que les déguerpis ne puissent pas se réinstaller. « Il faut aussi des mesures d'accompagnement pour faciliter le recasement des déguerpis sur de nouveaux sites afin de leur permettre de subvenir aux besoins de leurs familles », a-t-il proposé.
Concernant les affrontements entre la CMA et la Plateforme dans la capitale de l’Adrar des Ifogas, Moussa Aliou Kéïta dira qu’en réalité il s’agit d'une rivalité entre le HCUA et le GATIA, les principales composantes respectivement de la CMA et de la plateforme. Et de poursuivre que c'est dommage d’assister à la recrudescence de la violence dans cette localité. Selon lui, cette situation met à mal l’application de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali. « C'est d'ailleurs l'illustration des difficultés dans la mise en œuvre de cet accord, voire son échec », a précisé le président du MONADE.
De son analyse, cette situation de ni paix, ni guerre, perdurera tant que la communauté internationale à travers ses composantes (la MINUSMA et l’Opération Barkhane) ne fait pas preuve de bonne foi avec l’autorité malienne dans la résolution de la crise qui n’a que trop duré. L'État du Mali doit se montrer plus responsable et plus volontariste à résoudre définitivement cette équation de l’insécurité au nord du pays.
Malheureusement, le Mali suit le rythme imposé par la Communauté internationale et la CMA. Car, selon lui, le gouvernement semble étaler ses faiblesses et son impuissance.
À l’entendre, pour endiguer la crise actuelle, l'État malien doit se centrer sur la mise en œuvre intelligente de l'accord. « Tant que la présence de l'armée et de l'administration de l'État à Kidal n'est pas effective, la situation dans cette partie du pays restera toujours critique. Au regard des réalités sur le terrain, nous sommes très loin de ce scénario ».
Pour le conférencier, face à la démission et à l'impuissance de l'État, le peuple doit prendre ses responsabilités pour exiger de l'État la tenue immédiate d’une conférence d’entente nationale à l'issue de laquelle le peuple se prononcera sur le sort de Kidal.
Mama PAGA